REALITIES (La Communauté de l'Ombre)

Chapitre XXIX - Inquiétude Virulente

Une nuit de repos était la plus belle chose que Dante aurait pu souhaiter. Pour la première fois depuis ses derniers jours à Monte Perdido, il dormit réellement bien. Aucun stress, aucune anxiété scrupuleuse qui lui dévorait l'intérieur. Il s'endormit calmement dans la chambre collective entouré de l'équipe 02 et de Nill, habité d'un sentiment de sécurité et de liberté plus fort qu'il ne l'avait jamais ressenti. Enfin, il n'était plus opprimé. Ce soir là, ses rêves furent paisibles, et il se réveilla le lendemain du bon pied.

Si les évènements de la veille les avaient secoués, l'ouverture d'une nouvelle brèche était maintenant synonyme de motivation. Chacun, put remarquer l'adolescent, considérait réellement la chose comme une urgence; et il sentit que, réellement, son désir de combattre Evans et son équipe de recherche s'était concrétisé. Il reviendrait dans son propre monde, certes, mais avant, il lui faudrait trouver Lucia et mettre l'Empereur hors d'état de nuire.

Un déjeuner très hâtif dans la salle commune de l'auberge ne laissa que très peu de place aux discutions et Dante se contenta d'observer les autres. Nill, à son habitude, était très organisé et rapidement préparé au périple. Chess affichait cet air paternel anxieux et, faute de manger avant le départ, courrait dans plusieurs sens en s'assurant que tous étaient prêts à quitter l'endroit. Milo mangeait sans afficher un seul soupçon de stress, un air presque désinvolte plaqué sur le visage. Il aurait pu semblé désintéressé, mais Dante remarqua qu'il s'efforçait de faire rire Rory avec une histoire comique, elle qui, depuis quelle était debout, croulait sous le stress. Dante sourit un instant; il se vit lui même, avec Arlo, tentant de faire rire une Lucia plus concernée et anxieuse qu'eux.

À bien y penser, leur enfance avait sûrement été bien plus dur pour elle. Les garçons s'étaient construit un cocon de désinvolte et de comfort entre eux, question de combattre l'angoisse de la survie qu'ils devaient traverser chaque jours. Bien qu'ils n'avaient presque jamais laissé Lucia à part, Dante savait qu'elle était celle qui avait passé le plus de temps seule. Les félins étaient ses principaux amis, mais il devait reconnaître que ça n'avait pas du remplacer le contact humain. Il se promit d'en discuter avec elle, un jour.

Sur le pas de la porte, Nill recapitula la situation actuelle; il était habillé en civil, de couleurs sobres, sûrement dans le but de ne pas attirer l'attention. Les autres l'avaient imité, consciencieux, sauf Milo - sans être absolument hors-norme, son style restait un peu tape-à-l'oeil. Son chapeau melon rouge contrastait avec ses cheveux blonds, et il semblait ravi qu'on y prête attention.

- Il nous faut rejoindre le reste de la 02 pour reprendre la route. Chess m'a briefé hier soir, nous sommes attendus à environ cinq kilomètres d'ici, le lieu de rendez vous est une ferme abandonnée. Si jamais vous vous perdez ou êtes contraints de quitter le groupe, continuez sur la route qui mène à Dalieth. Vous la verrez de loin, vers l'ouest. Mais tentez de ne pas être séparés, s'il vous plaît - ce sera vachement plus facile.

Le groupe se prépara enfin à sortir. Nill s'entretint avec l'aubergiste, et Dante ne le vit pas payer. Puis ils se mirent en marche; quelques instants après, Liro sortit d'absolument nul part et sauta littéralement sur Dante dans un élan d'excitation. Tous les membres de la 02 sursautèrent et Milo sembla prêt à sauter sur le félin sans retenue aucune. Nill et Dante les en disuadèrent rapidement, leur faisant comprendre que, non, Dante n'était pas en danger face à une bête sauvage.

Malgré un malaise évident de la part de Rory avec l'animal, le groupe put poursuivre dans une tranquilité relative, et ils avalèrent les kilomètres comme si c'était un jogging matinal. Déjà, Dante connaissait mieux les jeunes - Chess avait été recruté dès l'enfance et avait toujours fait parti de la 02. Ses problèmes d'anxiété l'empêchait de monter dans ce qu'il appelait la 01 et qui, apparament, était une équipe plus réputée que la sienne.