Chapitre 1

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La nuit commençait à tomber, mais pourtant la civilisation était toujours aussi présente, Grace leva faiblement le regard sur la vitre du café et observa la rue à peine éclairée.

Elle reposa sa tête entre ses mains, et tenta en vain de se concentrer sur son livre.

Le bruit presque sourd du café, lui donnait mal à la tête.

Au bout de ses lèvres, un mélange d'émotions manquait de se déverser. Elle expira difficilement, quand une odeur qui lui était étrangement familière se mit à emplir son corps et son esprit.

Elle croyait rêver ou devenir tout simplement folle.

Mais une main robuste, se posa à l'extrémité de son coude. Grace crut d'abord qu'elle se faisait tout simplement aborder par un inconnu.

Immédiatement, elle se recula contre le canapé en cuir pour buter contre la vitre. Elle pivota son corps.

Le monde paraissait soudain s'être arrêté.

Grace envisagea un instant de partir en courant, mais le fantôme qui hantait ses jours et ses nuits lui bloquait le passage. Sa bouche devint engourdie, son cœur s'arrêta, elle ne savait pas comment réagir. Il était là devant elle, toujours avec ce visage impassible, mais quelque chose dans son regard était changé, elle put voir une culpabilité naître dans ses yeux. Grace pensa immédiatement au pire...Qu'il vienne en personne lui dire que leur aventure aussi si brève que douloureuse était terminée. L'idée même la fit trembler, elle tenta de se lever, en réprimant ses larmes.

Le voir était trop douloureux, elle aurait préféré qu'il ne revienne jamais !

— Non, je t'en prie, reste, laisse-moi t'expliquer.

Il pressa sa main sur son bras, pour qu'elle ne bouge pas, Grace le dévisagea les lèvres tremblantes et lui lança un faible refus de la tête.

— Non...Laisse-moi, je....

Il la coupa en refermant ses mains sur son visage, aussitôt, elle trembla, elle se refusa de le regarder et baissa son regard sur la table. Alors que son souffle, se déposait comme une doucereuse caresse sur sa peau.

— Tu dois sûrement me haïr, croire que je t'ai laissé tomber, que je suis moqué de toi, mais ce n'est pas vrai, Grace regarde-moi ! Il faut que tu m'écoutes.

Grace vrilla son regard dans le sien et expira par le nez pour éviter de fondre en larmes. Il relâcha son visage pour récupérer des dossiers sur le rebord de la table.

— Tiens...

Elle hésita à s'en saisir, sa main se leva faiblement, la peur lui monta à la gorge.

— Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle enfin après avoir survolé le dossier équivalant pour elle, à du charabia.

— Ce sont des papiers que mes avocats ont rédigés, il y a aussi une déposition, signé de ma main.

Grace retrouva un semblant d'apaisement, mais demeura sur ses gardes.

— J'ai un ami qui s'appelle Marcus, nous nous sommes rencontrés pendant un service militaire il y a de ça des années. Nous avons fini par devenir amis, et un jour, je lui ai présenté une femme, Taylor.

Il marqua une pause dans laquelle, Grace inspira faiblement.

— Ils se sont mariés, ils ont eu un enfant, Lucas, bref passons les détails, avait-il dit agacé.

— Il y a une semaine, Marcus lui a annoncé qu'il voulait divorcer, elle est devenue folle et s'est mise à le menacer...

Grace tentait en vain de se battre pour comprendre.

— Quel genre de menace ?

— Elle lui a dit que Lucas était mon fils, hors je n'ai jamais eu de liaison avec elle !

Elle déglutit lentement alors qu'il s'était retourné brièvement pour passer en revue le café.

— J'ai dû faire des tests, Marcus aussi, bon sang si tu savais le nombre de nuits blanches que j'ai faites !

Grace referma le dossier et le reposa sur la table.

— Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?

— Parce que je ne voulais pas te faire du mal, je n'étais plus moi-même c'est à peine si je faisais la distinction entre les voix de mes avocats et celle de Marcus. J'étais si furieux, et puis il fallait que je te tienne à l'écart, pour ne prendre aucun risque.

Grace baissa les yeux quand sa main se posa sur la sienne.

Elle aurait voulu la retirer...mais cette pression lui avait tellement manqué qu'elle n'arrivait plus à bouger.

— Taylor est une femme capable de tout pour arriver à ses fins, elle s'était servie de moi pour récupérer Lucas sans réfléchir dans quoi elle s'engageait.

Elle le dévisagea, sa barbe était plus longue, il ne l'avait sans doute pas rasé depuis des jours. Les fameuses nuits blanches qu'il venait de citer étaient marquées sur ses traits.

— Grace, je suis si désolé. Murmura-t-il.

— J'aurais pu t'aider et lieu de ça, tu m'as écarté...

Grace récupéra sa main pour se la passer dans ses cheveux.

— Je ne regrette pas de l'avoir fait, je te le répète...C'était pour que tu sois en sécurité.

Elle posa son regard sur lui.

— En sécurité ? Mais pourquoi ? Tu avais peur de quoi ? Que je m'en aille ?

— Oui... Avoua-t-il d'une voix bien plus profonde qu'elle ne l'était déjà.

Son regard était sérieux, froid...elle posa sa main sur son front et appuya son coude sur la table.

— Grace, je suis vraiment désolé. Articula-t-il pour la deuxième fois.

Il n'avait pas l'air d'être un homme qui s'excuse.

Grace releva son visage, aussitôt sa main vint se loger sur son visage.

Elle ferma les yeux, son corps fut tiraillé entre la peur et le bonheur de le retrouver.

— Je ferai n'importe quoi pour me faire pardonner, dis-moi ce que je dois faire ?

Elle rouvrit les yeux en cherchant un moyen de dissimuler son trouble.

— Rentre chez toi pour te reposer pour commencer.

Sa main retomba lourdement.

— Alors viens avec moi...

— Je ne peux pas j'ai un cours de danse demain.

Il se rembrunit et agrippa la table.

— Alors je passerai t'y chercher à midi pile.

Ce n'était pas une question mais une affirmation.

Grace n'avait pas la force de le contredire, son odeur musquée et virile lui avait tant manqué...

Mais elle avait besoin d'une nuit seule pour réfléchir. Son histoire tenait la route et il semblait épuisé, mais Grace n'oubliait pas la douleur qu'elle avait ressentie pendant quatre jours. Ce sentiment d'abandon qui ne l'avait pas quitté, cette douleur lancinante qui s'apaisa au moment où il se leva pour l'aider à se lever à son tour.

Roderik l'avait raccompagné, à contre cœur, il lui avait fait terriblement mal, il lui devait au moins une nuit de réflexion.

Il n'avait même pas osé l'embrasser alors qu'il en brûlait d'envie.

Elle était amaigrie aussi fatiguée qu'il ne l'était.

Il crispa ses doigts sur le bord de sa voiture les yeux rivés sur la fenêtre de sa chambre.

Quand la petite lampe tamisée se coupa, Roderik grimpa dans sa voiture pressé d'être au lendemain.

Un Troublant Milliardaire Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant