Chapitre 2

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Debout, une main sur la vitre de sa fenêtre, l'autre tenait une tasse de café, Grace colla son front dessus et observa son quartier les lèvres entrouvertes. Elle n'avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit, trop pensive, son odeur s'était inscrite sur elle toute la nuit.

- Je savais bien qu'il y avait quelque chose ! Je suis soulagée ! Lança Savana en entrant dans le salon.

Grace se redressa.

— Moi aussi... Murmura-t-elle absente.

— Tu n'en donnes pas l'impression. Fit-elle remarquer.

Grace frissonna et se détourna de la fenêtre.

— Si c'est juste que...il était si changé.

— Quatre nuit sans dormir, une femme folle à gérer, une succession de tests pour prouver qu'il n'est pas le père d'un gosse qu'il connaît à peine, crois-moi Grace il y a de quoi être changé.

Savana n'avait pas totalement tort.

Elle se servit une gaufre que Grace avait faite pour elle.

— Le principal, c'est qu'il soit là de retour et toujours aussi fou de toi !

— Il n'est pas fou de moi arrête on se connaît à peine et puis...

Savana lui fit les gros yeux.

Grace se glissa sur le tabouret, sans un mot.

— Tu ne veux pas de gaufre ?

— Oh non merci.

— Tu en prends toujours d'habitude ? Et tu n'as pas beaucoup mangé ces jours-ci.

— J'ai quelques kilos à perdre.

Savana retira de sa bouche le bout de son pouce plein de confiture qu'elle léchait.

— Je te demande pardon ?

Elle fuyait son regard et se mit à découper sa pomme.

— Le nouveau directeur est à cheval sur le poids alors si je dois garder mon emploi, je dois perdre deux ou trois kilos. Expliqua-t-elle d'une voix neutre pour ne pas éveiller davantage l'inquiétude qui se lisait dans son regard.

— Tu es assez maigre comme ça Grace, si tu subis une pression morale...

— Savana, c'est juste quelques kilos pas de quoi en faire toute une histoire.

— Oh que si ! Au contraire ! Et je ne pense pas que Mon-sieur...Graï-yos apprécierait ! Articula Savana sévèrement.

Grace ouvrit de grands yeux ronds.

— Inutile de le mêler à ça Savana !

Cette dernière se rapprocha en passant son corps au-dessus du plan de travail.

— Alors ne me tente pas Grace Lynnshe !

Son ton était réprobateur, elle se remit sur le tabouret le visage fermé.

— Excuse-moi je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Avait-elle murmuré.

Elle savait qu'elle avait raison, elle avait touché à ses pilules, à peine sortie du vestiaire, pensant que son univers tout entier était mort. Mais Roderik était revenu, et son cœur s'était instantanément remit à battre. Elle voulait seulement garder son travail se dit-elle intérieurement alors que l'odeur de gaufre lui donnait envie de les dévorer. Au lieu de ça, Grace écarta ses bouts de pommes dans son assiette pour se donner l'illusion de manger un vrai repas.

— Tu es ma meilleure amie, tu oublies notre promesse ? De veiller l'une sur l'autre ?

— Non, bien sûr que non...je te promets de manger ce midi.

Loin d'en être convaincu, Savana posa son regard sur ses bras puis hocha silencieusement de la tête.

Elle était partie à son cours, le cœur battant, elle ne faisait que fixer l'horloge, pressée de le revoir.

Elle resta cinq minutes de plus, pour raccompagner Louna à l'accueil.

Sa mère avait eu un petit retard. Quand elle repassa dans le couloir, elle y trouva Émilie adossée au mur visiblement, elle l'attendait.

— Alors tu as essayé ?

Grace pénétra dans la salle de danse en essayant de l'ignorer.

— Oui.

— Et alors ?

Elle se mit à réfléchir, entre le stress, la peur, les pleurs à répétition, les repas oubliés et les pilules...Grace n'avait pas osé se peser et ça depuis deux jours.

— Je n'en sais rien, je ne me suis pas pesée.

Grace prit ses affaires et mit son sac sur ses épaules, soudain l'image d'Émilie l'effraya. Elle n'avait pas réellement fait attention à elle l'autre jour, ni même pendant l'année. Son corps était maigre, presque insoutenable à regarder.

— Tu aurais dû...

Elle faisait clairement un sous-entendu, comme si elle cherchait à se mettre en compétition avec elle.

— Où as-tu trouvé ces pilules ? Questionna-t-elle en se rapprochant.

Elle secoua des épaules.

— Je ne peux pas le dire, je regrette...

Grace plissa des yeux quand cette dernière tourna les talons.

Elle la suivit, jusqu'à l'intersection du couloir.

Mais s'y arrêta quand elle vit Alexandre Doclan venir dans sa direction.

Son ventre se noua.

Elle fit demi-tour.

— Mademoiselle Lynnshe ?

Elle crispa son visage avant de se retourner, en adoptant une expression neutre, inégale avec l'oppression qui irradiait son corps.

— Et bien, je vous quitte trois jours et vous me revenez, fraiche et fine comme un fil de nylon.

Elle fit un pas en arrière et afficha un sourire poli.

— Ce compliment me va droit au cœur !

Il esquissa un sourire en coin.

— Il faut toujours écouter son corps Grace...

Du dégoût, voilà ce qu'elle ressentit à ce moment-là. Cette voix n'était pas du tout agréable, avec ce son presque aigu, et facétieux.

Ce n'était pas la voix de Roderik.

Cette voix profonde, guttural, autoritaire, rauque et déterminée qu'elle aimait tant entendre.

Elle réajusta la lanière de son sac sur son épaule, en essayant de masquer son inquiétude de le voir ainsi glisser une nouvelle fois ses yeux sur elle.

Mais un magnétisme violent et certain, se mit à envahir son corps d'un faible soulagement. Quand elle sentit une odeur familière juste derrière elle.


Un Troublant Milliardaire Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant