Chapitre 44

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Les mains jointes, le corps penché en avant, Roderik détestait sentir cette odeur désagréable qui se dégageait du couloir. Mais il voulait comprendre, il voulait affronter une dernière fois cet homme qui avait jadis connu et qu'il ne reconnaissait plus.
— C'est bon Roderik tu peux y aller.
Mike, se tenait devant la porte ouverte, l'air désolé voir dépité.
Il passa devant lui sans pouvoir réprimer un souffle sombre et éloquent pour la suite.
Quand la porte se referma derrière lui, Roderik ferma ses poings pour les enfoncer dans ses poches.
— J'espère que tu es content de toi ? Demanda-t-il en levant le menton.
— Qu'est-ce que tu veux Roderik ?
Marcus arborait un fin sourire arrogant sur les lèvres.
— Regarde-toi Marcus...comment tu fais pour te montrer aussi pathétique.
— Oh je t'en prie arrête ne t'en fait pas pour moi c'est un bon jour pour moi. Dit-il en levant ses mains menottées.
— Je n'ai jamais aimé ma vie, tu sais pourquoi ? Parce que je ne l'ai jamais voulu !
Roderik prit place sur la chaise en face de lui.
— Quoi ?
— Je voulais que tu me jalouses...Déclara-t-il d'une voix accablée.
Il rit brièvement et reprit.
— À la base militaire, les mecs t'enviaient, ils voulaient te ressembler, tu étais l'exemple à suivre. Le jeune homme fort à la carrure athlétique qui ne rater jamais un tir.
Roderik resta silencieuse, le front plissé.
— Alors quand on a rencontré Taylor et qu'elle te regardait avec des yeux illuminés et que tu m'as dit que tu n'étais pas intéressé...j'ai sauté sur l'occasion et le pire, c'est que tu m'as aidé.
Roderik inspira et demeura impassible devant son discours haineux.
— À notre mariage, je voulais t'exposer mon bonheur, je voulais voir sur ton visage que tu m'enviais et tu es resté si froid si impassible. Cracha-t-il en reculant sur sa chaise. J'ai enragé et quand ensuite Taylor est tombé enceinte, je me suis dit que j'avais tout ce que toi tu n'auras jamais. Le milliardaire implacable et seul, le play-boy sans avenir....
Roderik secoua sa tête de gauche à droite, laissait la froideur de ses traits parler pour lui.
— Quand Taylor s'est mise à parler toute seule dans sa chambre en évoquant ton prénom, j'ai compris qu'elle ne t'avait jamais oublié....et te voir dans ce tribunal l'autre jour m'a fait un bien fou si tu savais.
— Alors tu jouais un rôle ? Bravo Marcus..
Il se mit à rire puis s'avança. Il sentait l'alcool.
— Sais-tu ce que j'ai ressenti quand j'ai dû ramper à tes pieds pour que tu m'aides financièrement ?
Roderik resta impassible.
— Quand j'ai lu dans les magazines tes péripéties, ta garde à vue, je me suis dit ça y est ! Roderik perd pied !
Il marqua une pause dans laquelle son regard s'était décomposé par ce qu'il s'apprêtait à dire.
— Ça c'était avant de te voir à Seattle avec cette jeune femme et la façon que tu avais de la regarder.
Cette fois-ci Roderik se redressa. Les muscles de ses mâchoires se mirent à tressauter, prêt à sauter sans la moindre retenu si jamais la suite de son discours devenait un peu trop audacieux à son goût.
— J'ai compris que tu étais en train de construire un avenir, et que le tien serrait une fois de plus, meilleur que le mien.
— Tu es complètement malade Marcus aussi cinglé que ta femme qui vient de se faire interner.
Il secoua négligemment des épaules.
— J'étais venu pour t'aider, mais maintenant....les choses sont différentes.
Roderik jeta un coup d'œil à sa montre.
— Dans moins de quatre heures tu seras expulsé des États-Unis.
— C'est exactement ce que je veux, je veux quitter les États-Unis et retourner au Canada.
Roderik opina.
— Tu seras jugé là-bas, pour coups et blessures, j'espère pour toi que l'homme que tu as blessé alors qu'il était vulnérable s'en sortira....
Marcus fit mine d'être insensible, mais il perçut très clairement dans son regard de la peur.
— Et Lucas ? Demanda-t-il en le regardant droit dans les yeux.
— Je m'en fous de ce gosse à chaque fois que je regarde je le vois comme la plus grosse erreur de ma vie.
Roderik eut un violent rictus de colère sur ses lèvres serrées.
— Il vient d'avoir trois espèces d'enfoiré ! Siffla-t-il entre ses dents.
Marcus se recula.
— Tu es conscient qu'il va être placé dans une famille, et que plus jamais tu le reverras ? Ni toi, ni Taylor ? Les services sociaux sont intransigeants et j'en sais quelque chose crois-moi. Déclara-t-il Roderik d'une voix de gorge, profondément dure et menaçante.
— Tant mieux ! Cracha Marcus indifférent.
Roderik se leva, réajusta sa veste en tourna les talons jusqu'à la porte avant de s'y arrêter.
— Juste une dernière chose, annonça-t-il en revenant vers lui.
D'un geste, il plaqua sa main sur sa nuque pour incliner violemment sa tête vers la sienne.
— Je suis peut-être un homme amoureux, mais je suis néanmoins toujours le même homme, intransigeant, implacable, impitoyable, Chuchota-t-il à son oreille d'une voix menaçante. 

—Jamais je n'oublierai que tu esresponsable de ce qui est arrivé à ma femme, laisse-moi te dire que si jamaisj'entends reparler de toi....je tiendrai ma promesse Marcus, fais-moiconfiance là-dessus....
Il le relâcha sa prise sur sa nuque et le vit grimacer. Roderik s'enalla sans un regard en arrière, et rejoignit Mike dans le couloir. Jamaisil n'aurait cru entendre cela de la part d'un homme qu'il avait aidé et épaulépendant de longues années.
— Il est complètement ravager ce type. Dit Mike atterré.
Roderik se passa une main sur le visage.
— Ce n'est rien de le dire...
— En tout cas rassure-toi Roderik si je me marie avecBethany dans deux mois c'est juste parce que je l'aime, pas pour te rendrejaloux. Lança Mike en prenant un air faussement sérieux.
Roderik éclata d'un rire guttural et lui frappa l'épaule.
— Espèce d'abruti, Murmura-t-il en regardant son téléphone portable.
— En tout cas, je compte sur toi pour être au mien dans deuxsemaines, et pitié Mike, pas de cadeau du style cafetière ou des billets pourun match de base-ball.
Il leva ses mains en feignant l'indifférence.
— Ce n'est pas du tout le cadeau auquel je pensais figure-toi. Sedéfendit-il d'un rire nerveux.
Roderik lui fit les yeux noirs.
— C'est exactement ceux à quoi tu pensais Mike, je teconnais. Répliqua-t-il en mettant son téléphone portable dans sapoche. Je dois partir, j'ai quelque chose d'extrêmement important àfaire.
Roderik reprit son sérieux et s'en alla rapidement du commissariat.



Un Troublant Milliardaire Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant