Chapitre 4

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Roderik descendit de la voiture avant elle et en fit le tour pour lui ouvrir la portière.

Quand il vit sa jambe se poser sur le trottoir, il retint difficilement un juron.

Cette dernière était fine, trop fine...

Il lui prit la main et quand il entraperçut son sourire, il ravala la colère qui montait en lui.

L'esprit en tumulte, alors qu'il avait noué son bras autour de sa taille, Roderik se demandait s'il n'était pas l'unique fautif de sa perte affolante de poids.

Mais il se rappela soudain, son regard timide, cette petite mimique qu'il avait appris à distinguer se manifester quand il avait parlé du nouveau directeur.

Suspicieux, les muscles ravagés par la colère, il l'entraîna dans le restaurant en déposant un fugace baiser sur son front.

Il s'imposa au moment de tirer sa chaise, mettant le serveur mal à l'aise.

— Je veux que tu choisisses ce que tu veux, tout ce qui te faire plaisir.

Elle releva ses yeux vairons, elle ouvrit la carte sans le quitter des yeux. Puis leva la carte pour se cacher derrière.

Roderik plissa les yeux et se frotta le menton en souriant du coin des lèvres.

Elle l'abaissa légèrement puis lui donna.

— Choisi pour moi...

Avait-elle lu dans ses pensées ? Car c'est clairement ce qu'il voulait faire.

Choisir pour elle.

— Bien mademoiselle, je vais choisir...

Un brasier enflamma son corps quand enfin, elle retrouva son sourire.

Il avait choisi le plus gras qu'il puisse exister dans ce restaurant.

— Donne-moi ta main...Ordonna-t-il en lui tendant la sienne.

Elle la passa au-dessus de la table pour la glisser dans la sienne.

— Est-ce que tu as perdu du poids à cause de moi.

Elle baissa les yeux, se passa son autre main dans ses cheveux.

— J'ai...je n'ai pas beaucoup mangé, c'est vrai, mais ce n'est pas de ta faute.

Cette mimique reprit de plus belle, elle se frotta l'arête du nez, et pinça sa lèvre.

— Grace ? Si tu me mens, je vais me mettre en colère. Prévient-il en murmurant.

Ses yeux se relevèrent, elle se mit à gigoter sur la chaise, comme une enfant. Roderik tira sur leurs mains scellées, le regard impatient.

— J'ai beaucoup pleuré et je n'ai pas beaucoup dormi, ça m'a chamboulé, simplement et je vais manger maintenant.

Roderik se promit intérieurement d'y veiller, il relâcha sa main, quand le serveur apporta les entrées, mais sans la quitter des yeux. Elle avait souri au serveur, timidement puis reporta son attention sur lui.

— S'il te plaît ne gâche pas le moment. Dit-elle enfin d'une voix presque suppliante.

Il resta impassible, sans lui montrer l'immersion de rage qui s'insinuait dans ses cellules.

— Roderik ? Tu m'entends ?

— Oui je t'entends et je veux que tu m'écoutes à ton tour...je ne veux pas que tu me caches des choses Grace...si tu veux que j'en fasse de même.

— Mais je n'ai aucun secret.

— Vraiment ? Alors pourquoi tu as quitté la faculté en plein milieu d'année ?

Son visage si doux qu'il était se décomposa.

— Quoi ? Souffla-t-elle.

— Pourquoi tu as quitté la fac en milieu d'année alors que tu avais d'excellents résultats ?

Elle détourna le regard pour fuir définitivement le sien.

— Je te le dirais quand je me sentirai prête à te le dire.

Roderik l'observa attentivement. Elle semblait sincère, mais le mettait dans une situation de faiblesse.

Celle de ne pas savoir.

— Tu es sûre ? Où est-ce une ruse pour m'en tenir éloigné ?

Elle s'empressa d'agiter sa tête.

— Non je te le promets !

Il expira mécontent, puis désigna son assiette des yeux. Aussitôt, elle s'y plongea les yeux, éperdue.

Grace commença à manger sans pouvoir résister à l'odeur alléchante. Elle n'avait pas demandé comment il avait su pour la faculté. Elle se doutait bien qu'il avait le pouvoir de fouiller dans sa vie. Maintenant, il restait plus qu'à lui dire, quand elle sera prête.

Quand elle releva les yeux, elle croisa son regard, il avait les mains croisées devant sa bouche, songeur.

— En tout cas moró mou sache que je ne te toucherai pas tant que tu n'auras pas retrouvé ton poids. Lança-t-il fermement.

Un silence assourdissant où seuls les bavardages des clients se firent entendre, Grace avala difficilement son morceau de feuilleté aux chèvres.

— Tu n'es pas sérieux ?

— Très sérieux Grace...

— Mais...

— Ce n'est pas négociable, je ne suis pas content, seigneur, tu dois peser quoi 49kg ?

Désarmée, elle se frotta le front.

— La dernière fois, je pesais 54kg. Rétorqua-t-elle en dernier recours.

— Faux !

Elle fronça des sourcils.

— Quarante-huit heures avant que je ne sois obligé de te quitter, tu t'es plainte d'avoir trop mangé avec Savana, alors je t'ai subtilement glissé d'aller prendre une douche et de te peser, tu l'as fait...

Il se rapprocha en avant les mains cette fois-ci agrippées aux rebords de la table.

— J'ai attendu d'être seul pour regarder la dernière pesée...52,8 kilos...tu me mens encore Grace.

Un mélange d'angoisse et de colère la submergea. Elle se souvenait parfaitement de cette scène... Cela signifié qu'il y avait un problème quelque part.

— Grace pourquoi tu me mens ? Qu'est-ce que tu me caches. Insista-t-il en attrapant sa main laissée à l'abandon sur la table.

— Je n'essaye pas de te mentir Roderik.

Il retira sa main subitement.

— Tu sais quoi ? Je vais tâcher de me montrer patient.

Il marqua une pause.

— Je suis parti sans explication, je te laissais croire des choses horribles, alors je vais te laisser le temps de me dire ce que tu me caches, en espérant ne pas être trop furieux quand tu me le diras.

Grace ne savait pas si elle devait se montrer soulagée, mais si elle pouvait gagner quelques jours, avant de lui dire, elle n'était pas contre.

Il prit son verre de vin et le porta à ses lèvres puis le reposa sans la quitter des yeux.

— Mais ma condition tient toujours....

Un Troublant Milliardaire Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant