Le Virginity Game ? Ce sera sans elle !

"Je dois gagner "

Malheureusement, je n'ai pas le temps de m'entraîner durant des mois ! Je pense demander à mon frère Brian de me coacher lui aussi. Il aura peut-être des astuces à me filer. Cela aura aussi l'avantage de ne pas m'entraîner uniquement sous les yeux de ceux qui restent, tout de même, mes ennemis ! Des ennemis devenus plus gentils, du moins envers moi, mais la méfiance doit rester de mise.

La trouille me reprend lorsqu'il me révèle que c'est contre Josh que je devrais me battre, que c'est Josh que je devrais écraser. C'est lui qui représentera les Joueurs et le jeu. Leur choix ne me surprend pas : c'est lui qui m'en veut le plus de les avoir bernés, c'est lui qui sera le plus coriace.

Le poker, c'est un jeu d'enchères : pour réussir, il faut tromper son adversaire, ruser, le duper. Jouer contre Josh, c'est me venger de ses crasses ! C'est lui faire la honte de sa vie devant ses nouveaux amis et tout le lycée. Si je gagne, j'aurais ma vengeance contre ses trahisons et sa connerie, je serais lavée de ses affronts, je pourrais enfin commencer mon année scolaire la tête haute et l'esprit tranquille. Si je gagne.

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Il n'y a pas de "si" : je DOIS gagner cette partie de poker ! Il y a une partie de moi qui a peur de perdre, certes, mais le jeu en lui-même a fini par me plaire. Ce mélange d'angoisse et d'excitation est très spécial, je n'avais jamais ressenti cela. Ça doit être à cause des poussées d'adrénaline. Ma sœur Mia avait voulu m'expliquer les effets de l'addiction chez certaines personnes et elle m'avait plutôt parlé d'autres hormones, la dopamine et l'endorphine. Mais à mes yeux, cela n'explique en rien ce que je ressens : je crois que je préfère les interprétations de ma mère. L'envie d'en découdre, de prouver qui je suis et de me venger de Josh s'expliquent par tout ce que j'ai vécu jusqu'à ce jour.

Bref, pour arrêter de tourner autour du pot, disons que je veux massacrer Josh. Et pour cela, je m'en donne les moyens : en plus de mes entraînements avec Nathan et Brandon, je regarde de nombreuses vidéos, je lis des rapports de parties sur Internet pendant certains cours, et le coaching avec mon frère samedi après-midi est confirmé.

Il passera chez moi pour jouer pendant une ou deux heures samedi après-midi. Nathan et Brandon ne sont pas au courant mais je les rejoindrais après coup, chez Nathan, pour un ultime entraînement. Mon seul regret, c'est de ne pas plus voir mon père. Finalement, je ne l'aurais vu que le soir, pour le dîner, et le samedi matin.

Savoir que j'emmagasine autant de connaissances, c'est ma façon d'avoir un sentiment de maîtrise sur ce jeu de hasard : il s'agit de savoir bluffer et de déjouer le bluff de l'autre. C'est une vraie chance de jouer contre Josh car je finis par bien le connaître, en tout cas bien mieux que les autres. En plus, le vendredi soir, veille de jeu, c'est encore lui qui est venu me narguer !

C'était après l'entraînement chez Nathan. J'avais bien progressé. Brandon était plutôt fort pour nous embrouiller et je me réjouissais de ne pas avoir à l'affronter, lui, le lendemain soir. Nathan essayait surtout d'amadouer, voire de nous assommer de paroles anodines, d'anecdotes, de blagues. Cela ne faisait aucun effet sur ses adversaires mais il continuait, comme si, démuni, il se contentait de la seule stratégie qu'il connaissait. Certes, il voulait aussi rester présent car, de plus en plus, l'affrontement réel avait lieu entre Brandon et moi. Je perdais encore souvent face à lui mais je persistais à vouloir sonder sa tête et son cœur, à le connaître suffisamment pour lire en lui comme dans un livre ouvert.

En rentrant chez moi et en descendant à mon arrêt de bus, quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur Josh. Il semblait nerveux et n'avait plus la même prestance que celle qu'il affichait au lycée ces jours-ci. Les autres Joueurs l'avaient mis sur un piédestal en lui confiant la tâche de jouer contre moi. Leur honneur était aussi en jeu.