Le Virginity Game ? Ce sera sans elle !

La rentrée

Je suis réveillée avant même que le réveil ne sonne. La rentrée, c'est pas mon truc. Surtout dans mon lycée de fous. J'ai à peine fermé l'œil de la nuit.

Chaque année, c'est la même chose.

Inutile de me rappeler l'enjeu de la première semaine... En dernière année de lycée, on ne devrait avoir comme souci que de réussir son entrée dans l'université de son choix. Mais non, pas chez moi !

Quatre gars, en général parmi les plus mignons, établissent une liste pour leur jeu stupide : celle des huit plus belles vierges du lycée. Leur but ? Voler la virginité des jeunes filles, devenues de simples pions. Une vierge qui ne l'est plus rapporte un point à celui qui est arrivé à ses fins. Évidemment, le séducteur qui a le plus de points gagne la partie.

C'est horrible, c'est indécent, criez autant que vous voulez, ça ne sert à rien. Chaque année, le même jeu recommence. Les adultes du lycée, si jamais ils se doutent de quelque chose, n'y ont en tout cas jamais mis un terme.

Je m'habille donc comme il faut pour être parfaitement invisible. Non pas que je me juge canon mais par simple mesure de précaution. Ma grande sœur, Mia, a fait les frais du Virginity Game. Elle était en première quand elle a été choisie. Elle a été la dernière à flancher, mais elle a flanché. Depuis, elle en veut à la Terre entière et aux mecs en particulier. Elle est devenue insupportable et, je la connais bien, très malheureuse.

Après avoir pris une douche et enfilé un jean bien large trouvé dans une friperie, j'ajoute un T-shirt bleu clair avec l'inscription "Keep cool and go away", parfaitement adapté à la journée. Il est suffisamment lâche pour ne pas mettre ma poitrine en valeur. Et comme j'en ai une petite, c'est assez facile. Je fais un chignon vague, pour ne pas dire informe, de mes cheveux longs châtains et bien sûr, je ne me maquille pas. Je prends mon sac pour y jeter mes lunettes _ mes fausses lunettes, on n'est jamais trop prudente pour paraître inintéressante _ et je descends à la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner.

J'ai à peine le temps d'attraper le paquet de céréales que ma mère est déjà sur moi :

_ Sasha chérie, ne me dis pas que tu vas au lycée habillée comme ça ? Le jour de la rentrée ?

Ma mère est un peu spéciale. Elle ne comprend pas pourquoi je m'habille aussi mal dès que je vais à l'école ou même en ville. Hors de question que je lui explique ma stratégie. Certes, elle voit bien que dès qu'on part en vacances, je fais plus d'effort, comme elle dit. J'aime souligner mes yeux d'un trait noir et ajouter un peu de mascara, me lisser les cheveux pour les rendre plus soyeux. Je porte des jupes, des robes et des trucs moulants, je me fais plaisir.

_ Bonjour maman, j'ai bien dormi merci, et toi ?

_ Ne t'étonne pas si un de ces jours toutes ces vieilles fripes disparaissent.

_ Maman, s'il te plait, laisse-moi vivre ma vie !

_ Si tu savais en profiter comme ta sœur, je ne te dirais rien.

Oui, vous avez bien entendu. Ma mère est juste intenable. Ça fait plusieurs années qu'elle est devenue, disons, un peu fofolle. Je sais très bien pourquoi mais ce n'est pas une raison.
Quant à ma sœur... si elle avait été présente et non à trois cents kilomètres d'ici pour ses études, elle aurait signé sa revanche sur toutes ces années d'enfance où c'est moi que l'on complimentait. Pendant longtemps, j'ai été la plus intelligente, la plus jolie, la plus gentille, etc. J'étais surtout la petite dernière de la famille. Mon grand frère, Brian, m'avait aidé à ne pas prendre la grosse tête mais Mia, trois ans de plus que moi, était devenue jalouse et est restée ma pire ennemie.