Chapitre 3 : L'aventurier

159 27 167
                                    

C'était pendant qu'il se forçait à rassembler sa frêle motivation que Davian entendit la première annonce d'Heimlar, surgie de l'intérieur de l'arène.

"La sélection va maintenant commencer ! Les volontaires tenteront leur chance chacun leur tour... Le titre d'enquêteur pour le compte de la Nation du Feu sera accordé au premier qui parviendra à terrasser Ingvor, l'ogre des montagnes ! Il aura non seulement l'illustre honneur de travailler à une tâche capitale pour l'avenir de son pays, mais aussi une récompense en or qui dépasse ses plus folles espérances !"

Les acclamations du public réjoui éclatèrent toutes en même temps. Le tournoi allait démarrer, la population était impatiente d'y assister. Quels braves oseraient se lancer au devant du danger ?

De son côté, Davian observa le groupe de robustes gaillards, qui attendaient leur tour en jouant des coudes. Visiblement, ils s'impatientaient, et n'attendaient que de pouvoir donner libre cours à leur force.

Le jeune homme, lui, se liquéfiait de terreur.

Un ogre des montagnes, vraiment ? Il n'en avait jamais vu de ses yeux, mais les histoires qu'on racontait sur ces créatures glaçaient le sang. Quand venaient les belles saisons, c'étaient bien elles qui semaient la terreur dans les élevages installés sur les flancs du volcan. Hauts comme cinq hommes, leur force brute était d'autant décuplée, et ils étaient assez intelligents pour savoir se servir de troncs d'arbres comme massues.

Malheureusement, leur intelligence s'arrêtait à ce stade, et c'était là le seul contact qu'ils développaient avec les habitants de Volcar. D'habitude, on envoyait un groupe d'une quinzaine de mercenaires pour s'en débarrasser. Sauf qu'il serait seul dans l'arène. Et ce serait lui qui subirait la colère du monstre, pas de pauvres moutons égarés.

Davian déglutit. Était-il vraiment à sa place ? S'il voulait reculer, ce n'était pas encore trop tard.

Il avait bien failli ne pas être dans cette file d'attente en premier lieu. Mais c'était pour ça qu'il fallait s'accrocher. Il ne passerait pas à côté d'une telle opportunité.

Il se remémora la façon dont il se l'était procurée...

Davian travaillait à sa forge, comme tous les jours depuis son enfance, depuis qu'il avait appris à manier le marteau. Alors, depuis ce jour, son outil frappait le fer de l'enclume, dans un bruit entêtant, répétitif. La routine de cet environnement sonore lui plaisait, en un sens : il appréciait son repère stable, toujours présent. Réglé comme une horloge, il lui assurait que son monde ne volait pas en éclat.

Mais peu à peu, l'habitude l'étouffait. Il voulait voir plus grand, rêver plus loin. Il se berçait des histoires d'aventures que ses camarades lui racontaient. Héros oublié, explorateurs légendaires et terribles créatures peuplaient ses songes.

Sauf que pour l'instant, il était coincé à la forge, avec son père Enton. Si Davian lui avait bien souvent fait part de ses envies d'escapade, il l'avait aussitôt ramené à la raison avec sévérité. Alors, il se concentrait sur son travail.

En ce début d'après-midi, la lame qu'il frappait rougeoyait de chaleur, et ployait progressivement au fil des assauts sonores du marteau. Chaque coup provoquait un flash de lumière éphémère, et envoyait des étincelles mourir sur le sol noir.

Couvert de sueur, le jeune homme décida d'interrompre son travail pour le juger. La lame qu'il forgeait restait épaisse sur les côtés, il fallait les rendre plus acérés.

Davian fabriquait des armes pour un monde censé être en paix. L'ironie de sa situation le saisissait souvent, même s'il savait que les occasions ne manquaient pas à Volcar pour s'en servir. Il était conscient des nombreux appels aux armes qui incitaient à chasser les monstres de la région. Son père ne l'avait jamais laissé y participer, cependant.

NationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant