Chapitre 53 : Un jeu pour la route.

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Eweya, l'elfe représentante de la Nation de la Vie, se retourna une dernière fois vers sa forêt natale.  Le désert supplantait les arbres de façon abrupte, ici. Avec nostalgie, elle se pencha sur le sol, et y posa la paume de ses mains à plat. A part quelques racines qui subsistaient encore proche de la surface, la vie végétale disparaissait peu ou prou, passé cette frontière.

La Symbiote fit la moue, et commenta :

"Ma magie sera beaucoup moins forte là où nous allons. Je peux accélérer la pousse des plantes, mais s'il n'y en a aucune..."

Un haussement d'épaule fit office de conclusion. Ses deux coéquipiers, Falin l'Azelok et Rodan le Nain de la Nation de la Terre, accueillirent la remarque avec pessimisme.

Surtout Falin, qui s'empressa de renchérir :

"J'espère que tu tiendras le coup, Rodan ! Je rappelle que je n'ai presque plus de réserves magiques après ce clone temporel de notre amie..."

Le Nain grogna dans sa barbe rousse.

"Je manie beaucoup moins bien le sable que la terre compacte et la roche... Je suis géomancien, mais j'ai mes limites aussi."

"On... On ne devrait pas avoir à combattre si tôt, de toute manière." hésita Eweya, peu sûre d'elle.

"Peut-être, mais si on tombe sur un imprévu... On ne part pas vraiment dans le meilleur des environnements !" prévint Falin, soucieux.

Il était rare de voir le sourire disparaître du visage jovial de l'Azelok. Mais il fallait avouer qu'il avait raison. Ce n'était pas le moment de tomber dans une embuscade, ou même une rencontre avec une créature errante un peu dangereuse.

Eweya sortait d'un combat épuisant pour ses ressources magiques autant que pour son corps. Son épaule la faisait encore souffrir, et elle redoutait de devoir encore se reposer dessus. Les guérisseurs l'avaient prévenue. Si elle s'amusait à reproduire le même genre de geste qu'elle s'était forcée à réaliser contre Hiriel, elle pourrait souffrir de dégâts permanents pour ses os.

Les elfes étaient plus robustes que la plupart des êtres qui peuplaient le continent, la magie coulait plus naturellement dans leur corps, mais eux aussi avaient leurs faiblesses.

La druidesse serra les dents. Tout irait bien. Elle avait récupéré le médaillon, complété Arenwe. Sa Litiahe maintenant complète, elle serait plus puissante encore que lors de son duel contre Hiriel. 

Tout irait bien.

Il n'y avait pas de raison pour que les orcs leur soient hostiles. Ils ne venaient que très peu souvent à la rencontre des elfes, donc les conflits entre leurs peuples étaient quasiment inexistants. Parfois peut-être, certains orcs étaient venus chasser un peu trop loin, et les Empathistes n'avaient pas apprécié ce piétinement de la vie animale sur leur territoire. Il faut dire que les ressources du désert étaient limitées.

Mais la proximité de la capitale avec la limite ouest du désert, la frontière avec la forêt de la Vie, réglait presque tous les problèmes de ressources. Il ne restait que les braconniers pour vraiment empiéter sur leurs terres.

En revanche, Eweya ignorait les relations qu'entretenait le peuple du désert avec les Nains de la montagne et les Azeloks, voyageurs temporels sans terres. Elle posa un doigt sous sa mâchoire, pensive. Elle ne se rappelait pas avoir lu quoique ce soit de particulier dans la bibliothèque elfique à ce sujet. C'était certainement parce qu'il n'y avait rien à signaler.

Tout irait bien. Il s'agissait simplement d'une mission de renseignements. La Nation de la Gravité n'était pas particulièrement suspecte. A vrai dire, l'elfe espérait en apprendre plus sur leurs alliés, les Nations de l'Eau et du Feu.

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