Chapitre 42 : Il faut souffrir pour être fort

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Au pied de la ville-tour d'Arcania, Beovar venait de voir partir Verën, l'émissaire de la Nation de l'Air, et était encore décoiffé par le décollage en trombe de sa wyverne.

A ses côtés, Horan, l'aventurier désigné pour la Nation de la Foudre, tendait le cou pour voir l'animal fendre le ciel. Les quelques pointes qui surmontaient ses cheveux gris se trouvaient ébouriffées.

"Ces bêtes sont vraiment étonnantes." commenta t-il, avec un geste pour remettre ses vêtements en ordre, une toge de tissu turquoise tenue par de simples nœuds.

"Il avait l'air d'avoir une vraie complicité avec elle." observa le paladin, pensif.

"De toute évidence. Il a grandi avec elle. Et ils ont beaucoup travaillé tous les deux pour en arriver à ce stade. Cela se voit."

Le respect se sentait dans le regard d'Horan. Beovar le partageait, même s'il ne savait pas d'où venait cette empathie si particulière.

"Quand même, sa remarque sur mon pays... C'était un peu déplacé." bougonna le paladin, qui repensait à la réaction de Verën quand au fait que le démon et le Zaar enquêtaient dans son foyer. 

Il avait dit que tout le monde devait être inspecté... Une plaisanterie ! Les plus suspects étaient clairement ceux qui foulaient les rues du Bastion de la Lumière en ce moment même, protégés par leurs statuts. La Mort, le Chaos, et les Zaars, les pires fléaux du continent réunis dans une même équipe ! On croirait rêver...

Horan tiqua. Il marchait sur des œufs quand il répondit :

"Il ne critiquait pas ton pays... C'était une remarque d'ordre général. A priori, tout le monde est concerné. Même mon foyer, si tu veux aller par là."

"À d'autres ! Il a l'air sympathique, mais qu'il ne me raconte pas qu'il ne sait pas déjà tout des agissements de ces criminels, avec les capacités d'espionnages de son pays..." insinua Beovar.

"Tu penses qu'il nous cache quelque chose ?" interrogea Horan, soudain sérieux.

"Pourquoi est-il parti sans nous, à ton avis ? Il a sûrement ses raisons pour ne pas nous vouloir à ses côtés à Volcar."

"Sa wyverne est trop rapide..."

"Balivernes." coupa Beovar, sec. "Je sais comment on mène une opération militaire, j'en ai mené des dizaines. C'est une tactique, ça se voit à des lieues. S'il avait voulu nous attendre, voler en cercle autour de nous, il l'aurait fait."

"Mais tu sous-entends qu'il saurait déjà qui est à l'origine de cette malédiction..." insista son binôme, toujours prudent.

"Bien sûr qu'il sait. Tout le monde sait déjà. Cette enquête n'est qu'une mascarade."

Horan leva un sourcil. Le paladin enchaîna :

"Les Zaars ! Les démons ! Les morts-vivants ! Tout ce qu'ils veulent, c'est répandre la mort et la destruction. Quoi de mieux pour ça que de faire tomber les piliers du monde ? Le moment venu, nous devrons les arrêter."

La passion et la furie habitaient les paroles du paladin. Son coéquipier poussa un soupir, puis passa une main dans ses cheveux d'argent pour les lisser.

"La situation m'a l'air plus complexe que cela." jugea Horan d'une voix posée.

Beovar eut un claquement de langue agacé.

"Quoi, tu sais des choses aussi ?"

"Des choses, j'en connais. Malheureusement, je ne sais pas tout..." 

"Arrête de tourner autour du pot !" ragea le paladin, énervé.

Horan hésita. Ce n'était peut-être pas le moment idéal pour révéler des informations. Mais la confiance se gagnait...

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