Chapitre 48 : Ne te laisse pas faire.

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Heimlar venait de se téléporter, Davian avait entendu le bruit signature du transport magique avant de se retourner. Mais... Pourquoi maintenant, pourquoi ici ?

Confus, le forgeron observa le géant de feu se rapprocher de lui, à pas prudents. Les brindilles sur lesquelles se posaient ses pieds prirent feu, avant que l'Immortel ne les éteigne consciemment. Cette modération sur son pouvoir était la bienvenue : s'il ne pensait pas à calmer les flammes qu'il émettait naturellement, une bonne partie de la forêt pourrait bien vite s'embraser.

Il ne restait sur son passage que des traces de pas calcinées, imprimées sur le sol et la mousse sauvage.

"Davian." fit-il d'une voix basse. "Je voulais te voir. Sommes-nous bien seuls ?"

Encore secoué, le jeune homme confirma d'un hochement de tête :

"Oui, je... Comment avez-vous... ?"

"Comment je sais que c'était le cas ? La réponse est simple. Ces bracelets que Niiva vous a prêtés. Plusieurs Immortels ont demandé à les améliorer. Les Archimages se sont pliés à la demande."

Davian fronça des sourcils, interdit. Il ne comprenait toujours pas.

"Chaque dirigeant a accès à la position des membres du groupe de son aventurier. Il peut la visualiser à l'aide d'un bracelet qu'ils ont lié par les Arcanes aux vôtres. Et chaque dirigeant a la possibilité de rejoindre son aventurier. Ça n'a pas été simple de les convaincre. Mais ils ont fini par accepter."

L'information fila dans le crâne de Davian sans qu'il ne puisse l'analyser correctement. D'elle-même, une objection prit forme dans sa bouche :

"Mais ça veut dire que les traîtres peuvent nous rejoindre quand ils veulent ?"

"Et s'ils le font, pour vous éliminer, ils seraient aussitôt contrés par les autres. Les traîtres sont forcément en infériorité numérique, et la composition des groupes par trinôme rend compliquée leur position. S'ils veulent réaliser un assaut de ce genre, cela leur coûtera bien plus que cela leur rapportera. Mais, assez parlé de ça. Tu es au courant maintenant, c'est l'important. Davian, je suis venu te parler de ton père."

"Enton ?" évoqua t-il, à la fois surpris et plein d'espoir. Il avait hâte d'avoir de ses nouvelles, mais il se demandait de quelle nature elles pouvaient bien être, venant de la part d'Heimlar en personne.

"Te rappelles-tu l'aventurier de la Nation de l'Air, Verën ?"

Un rapide effort de mémoire fut vite payant : Davian hocha la tête. Il se souvenait avoir vu son visage jovial se muer en un monolithe triste quand il l'avait aperçu dans les couloirs d'Arcania.

"Davian, Verën a... Il a assassiné ton père, à Volcar. Je suis désolé."

Le premier choc mental anesthésia sa réaction.

Il devait avoir mal compris, mal entendu. Pourquoi cette nuit ? Pourquoi viendrait-il... Cette nouvelle n'avait aucun sens !

"Je... Pardon, il a quoi ?"

"Enton est mort. Il l'a tué de ses mains. J'ai essayé d'en savoir plus sur ses raisons, mais..."

Le second choc fut plus douloureux. Le sens de cette information faisait son chemin dans son esprit, serpentait dans son crâne. C'était comme si un poison pulsait à travers son corps à chaque battement de son cœur.

Ça ne se pouvait pas... Il devait retrouver son père, il devait s'excuser d'être parti en douce, de l'avoir abandonné. Enton lui avait demandé de prendre garde à ne pas laisser s'éteindre le feu dans l'âtre. Ne pas laisser s'éteindre...

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