Nations

Chapitre 26 : Le vrai sacrifice

Renkar ramassa Kroteran, laissée à terre lors de leur duel. Cela officialisa l'échec de Khorman.

Celui-ci était toujours ensablé à mi-hauteur, terrassé par l'effort qu'il venait de produire. Il ne put que voir l'Immortel lever haut l'arme draconique vers le ciel, dans un geste de défi :

"Il n'y a personne d'autre ? Personne d'autre pour réclamer le droit de manier cette arme ?"

Un silence de mort s'était installé en guise de réponse.

La démonstration de puissance que Renkar venait d'effectuer avait passablement refroidi les orcs verts. Plusieurs d'entre eux se reculèrent instinctivement, tandis que certains mettaient le genou en terre.

C'était cette vision qui fit le plus mal au moral de Khorman. La soumission.

L'abandon, l'acceptation totale de l'échec. La rage le prit au ventre, dévora ses entrailles. Il se rappela la promesse qu'il avait faite, le soir précèdent. Il ne laisserait pas son peuple s'éteindre dans l'indifférence.

Mais personne d'autre ne répondit à l'appel. Alors, Renkar baissa le bras.

"Puisque les autres ne veulent pas nous rencontrer... Je vous laisse leur annoncer le défi vous-mêmes. Nous nous installerons provisoirement dans un campement au sud pour la journée, où nous attendrons vos candidats. Si personne d'autre ne vient ce soir, nous rentrerons à la capitale et y choisiront un Elu là-bas."

Avec un geste sec, il appela sa garde à le rejoindre, et ils se retirèrent tous sans un mot de plus.

Khorman dut lutter pour se lever seul et rejoindre ses frères qui l'avaient accompagné.

"Alors, c'est fini ?" demanda l'un d'eux.

"Veux-tu que ce le soit ?" répliqua Khorman du tac au tac.

"Moi ? Non, bien sûr que non !"

"Alors, tu vas faire quelque chose pour moi..."

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Le retour à la Tanière fut amer pour Khorman. Il s'acquitta d'abord de la tâche qui lui semblait prioritaire. Il retourna voir Karnos. Celui-ci était en train de coordonner le travail d'une petite dizaine d'orcs qui essayaient de renforcer les habitations. Il dut le prendre à part pour l'informer de ce qui s'était passé aux portes de la ville.

"Je ne veux pas dire que je t'avais prévenu, tu sais... Mais je t'avais prévenu." commença Karnos, exaspéré.

"Ce n'est pas ce que tu crois..."

"Ah bon ? Ne t'avais-je pas dit qu'il était impensable que Renkar choisisse un orc de notre couleur de peau ? Ne t'avais-je pas dit qu'il t'humilierait devant tout le monde ?" s'emporta son chef.

"Écoute... Écoute !" l'arrêta Khorman. "Écoute-moi, je t'en prie. La situation n'est pas encore bloquée. J'ai une idée pour la suite..."

"La suite ? Quelle suite ? Il n'y a pas de suite, réveille-toi ! Si tu comptes sur l'un d'entre nous pour se présenter à eux..."

"Non, ce n'est pas ce que je comptais proposer. J'aurais besoin de vous, en effet. Mais pas pour faire ça. Je serai le porteur de Kroteran."

"Tu as perdu, Khorman !" s'écria Karnos, à bout de nerfs. Il le prit par les épaules et le secoua brusquement, comme pour le faire sortir d'une transe. "Perdu ! Tu as compris ? Il est temps de l'accepter."

"Non. Il est temps de tirer la situation à mon avantage." avança Khorman, imperturbable.

Son chef leva les yeux au ciel, puis poussa un profond soupir d'épuisement. Le stoïcisme de sa recrue l'intriguait, alors il voulut s'informer :