Nations

Chapitre 14 : Celestia

"Ils avaient l'air goguenard quand ils sont partis. Je n'aime pas bien ça..."

La remarque du Paladin fit se retourner Verën, l'Aerian. Un sourire sincère illumina son curieux visage quasi-translucide. Le trio des Nations de l'Air, de la Lumière et de la Foudre était sur le départ. Néanmoins, les griffons que leur avait promis Arcania mettaient plus de temps que prévu à arriver. Ils n'avaient donc eu d'autres choix que d'attendre les leurs en observant le trio du démon, du Zaar et du mort-vivant partir avant eux. 

Beovar, le Paladin représentant de la Nation de la Lumière, avait contemplé leur départ précipité avec une moue contrite. Son visage fermé était encore endurci par la barbe drue qui noircissait son menton. A ses côtés, Horan, l'humain émissaire de la Nation de la Foudre, avait tiqué à l'expression de son agacement.

"Ils savent qu'ils ne trouveront rien de suspect chez toi. Ils font ça uniquement pour te provoquer."

Verën haussa les épaules, hésitant :

"Dans l'absolu, il faudrait enquêter dans tous les pays... Mais..."

Il s'interrompit quand il remarqua que le Paladin le fusillait du regard. Beovar s'emporta dans un discours enflammé sur sa terre natale :

"Il n'y a pas le moindre soupçon qui soit légitime envers mon pays ! Le Mont Lux est le symbole même de la Justice et de la Bonté à travers tout Elunae ! Et les Paladins en sont le bras armés, garants de la paix et de la Lumière au péril de leur vie ! Le simple fait que ces... Créatures soient autorisées à nous suspecter est révoltant en soi !"

"Je n'en doute pas, je n'en doute pas ! Calme-toi, s'il te plaît, tu vas effrayer Lälë..."

Avec un sourire joueur, Verën se retourna vers sa monture. C'était une wyverne majestueuse couverte d'une douce fourrure grise sur la quasi-totalité de son corps, de son crâne à l'aspect félin jusqu'au bout de sa queue, sauf ses ailes d'un blanc livide. On aurait dit un guépard ailé, si on oubliait l'envergure étendue de son corps et la forme spécifique de sa queue qui l'aidait à se guider dans les airs.

 "Tu vas prendre de l'avance sur nous, on dirait bien." remarqua Horan.

Il savait les voyages brefs quand ils se faisaient sur le dos d'une wyverne.

"Vous me rattraperez...Vous savez, Lälë n'acceptera jamais de voler assez lentement pour vous attendre." taquina Verën avec un geste d'affection pour sa wyverne.

"Et je ne volerai jamais avec une autre créature qu'elle." précisa t-il, tandis que sa monture croassait de satisfaction.

"Nous comprenons" déclara Horan. "Profites-en pour passer seul dans les hauts-quartiers de Volcar avant qu'on arrive. Tu devrais y trouver de quoi satisfaire ton intérêt."

Le sourire de Verën s'accentua, et il arrangea la position de son arc translucide sur ses épaules avant de se retourner pour grimper sur sa monture d'un saut fluide et assuré par-dessus l'aile de la créature.

"J'y compte bien. Pressez vos griffons, tout de même, je ne serai pas assez patient pour vous attendre une journée entière !" lança t-il avec un rire franc.

Lälë donna alors une forte impulsion de ses pattes arrières, et déploya ses ailes dans un bruissement de vent, se propulsant en l'air à une vitesse phénoménale. Le vent coula comme de l'eau autour d'elle et son cavalier, qui s'abandonna au sentiment de satisfaction d'un vol en compagnie de sa wyverne.

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