Chapitre 37 : Défenseurs du Bien et de la Lumière

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"En rangs, serrés !" beugla la voix du capitaine.

Les veines de son cou saillaient, prêtes à exploser.

"Je ne veux pas voir un pied dépasser ! Plus vite que ça !"

Les recrues eurent du mal à ne pas se bousculer pour obéir à l'ordre. L'entraînement avait commencé depuis plus de trois heures déjà. Leurs corps criaient grâce : perclus de douleur, le moindre mouvement torturait leurs organismes.

Beovar goûtait le sel de sa propre transpiration. Sous son lourd casque et le regard brûlant de l'astre solaire, il se liquéfiait littéralement. Mais il ne fallait en aucun cas faillir à l'ordre du supérieur.

Les mouvements se faisaient lourds, imprécis. Il frotta sans le vouloir son armure contre celle de sa voisine. Léna semblait elle aussi sur le point de s'écrouler. Mais le regard plein de hargne qu'elle lui lança ne pouvait le tromper : toute son âme brûlait de réussir l'exercice.

"Je n'ai jamais vu un aussi gros ramassis d'escargots ! Vous êtes lents, c'est pathétique ! C'est comme ça que vous allez réagir, quand les démons frapperont à nos portes ?"

Le capitaine Marcus s'en donnait à cœur joie. Beovar n'aurait su nommer un supérieur plus sadique. Il était connu pour faire traîner au maximum les séances d'entraînement, et pour punir sévèrement les traînards. Mais aujourd'hui, il se surpassait.

"Vous êtes fatigués ? C'est bien ! Vous serez fatigués aussi, quand vous donnerez tout ! C'est quand vous pensez que vous ne pouvez plus continuer qu'il faut trouver la force ! C'est quand vous pensez que c'est fini qu'il faut se donner le coup de pied aux fesses nécessaire pour remuer ! Vous m'avez bien compris ?"

Il n'y eut que le vent, et les halètements forcés des soldats exténués.

"Je n'ai rien entendu, est-ce que vous m'avez bien compris ?" explosa le capitaine, rouge de rage.

Beovar crut que sa mâchoire allait tomber quand il se poussa à cracher sa réponse, en même temps que tous ses camarades :

"Capitaine, oui, capitaine !"

"C'était aussi mou que ma dernière chiasse !" gronda Marcus. "Couchez-vous !"

Même la discipline de fer des apprentis paladins ne put empêcher quelques soupirs d'exaspération. Ils savaient ce qui allait arriver.

"Faites-moi dix pompes ! Et pour ceux qui se plaignent, c'est double ration ! Avisez-vous de tricher, et je vous botte le fion moi-même !"

Beovar ne se sentait pas capable de le faire. Il se sentait à peine capable de tenir sur ses jambes. Mais il n'avait pas le choix. Ses paumes s'aplatirent à terre. Il grogna et cracha ce qui lui restait de salive quand il tendit les bras. Il n'avait pas simplement à se porter, il portait aussi tout son équipement. L'armure complète pesait autant qu'un jeune enfant. Et maintenant, il portait aussi tout le poids des heures de souffrance qu'il venait de subir.

A la deuxième flexion, la recrue s'écroula au sol, son corps l'avait abandonné. Il fut pris de légers tremblements, et chercha à recouvrer son souffle. Il venait de trouver sa limite. Nombre de ses collègues l'avaient trouvée aussi. Ils gémissaient, prostrés au sol.

Mais pour une raison qui lui échappait, c'était bien lui, Beovar, que le capitaine prit pour cible de sa rage.

"Relève-toi tout de suite, espèce de larve !"

La voix du capitaine lui parvint comme distordue, filtrée à travers un brouillard. Son ouïe était engourdie, il se sentait mal. Il ne savait même pas d'où elle venait, il ne savait plus où il était.

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