Beovar ne sut si c'était l'extrême chaleur dégagée par la fureur du roi Heimlar, ou si c'était le poids écrasant de ses accusations. Mais il se trouva forcé de respecter ses paroles.
Il tourna son regard vers Verën. Il espérait comprendre. Son coéquipier était accusé de meurtre, d'après ce qu'il avait compris. C'était un acte d'une gravité extrême, quoiqu'il en dise. Il souhaitait simplement savoir la vérité. Si effectivement il s'était permis un tel assaut dans le pays que leur groupe allait visiter, il les mettait tous dans une situation délicate.
Le Chevaucheur leva la tête vers Heimlar, rassemblant sa dignité.
"Je suis prêt à me soumettre à votre jugement une fois que tout ceci sera terminé. Néanmoins, je tiens à repréciser ce fait. Celui que j'ai éliminé portait préjudice à votre pays, et donc à votre peuple. Et je serais prêt à le prouver le moment venu."
"Je l'espère pour vous." prévint Heimlar, qui relâcha la tension sur son pouvoir.
L'air devint plus respirable alors, tandis que le roi en vint à clore l'entretien :
"Des appartements ont été préparés pour vous. La garde vous y mènera. Pas d'autres petits détours suspects, cette fois-ci, ou je serai beaucoup moins clément."
La menace voilée pouvait sembler futile, compte tenu du statut des ambassadeurs. Néanmoins, Beovar aurait pu le jurer. Heimlar semblait tout à fait prêt à les rôtir sur place et affronter les conséquences ensuite. Cela ne lui aurait demandé aucun effort. Pire, il s'était visiblement retenu de ne pas le faire.
Verën eut une brève révérence avant de se retirer pour rejoindre les deux autres. Horan l'observait de manière plus suspicieuse, mais ne semblait pas forcément troublé par les révélations qu'il venait d'entendre. Comme le roi l'avait dit, la garde les escortait vers un quartier destiné aux habitations de marque, réservées aux visiteurs importants. Elles étaient assez proches du sommet de la capitale-volcan, et la température y était donc relativement douce.
Leur repos viendrait à point : le voyage avait été long, il avait pris la majeure partie de la journée, et les jambes des ambassadeurs les lançait douloureusement.
Mais là encore, Lälë ne put accéder au renfoncement dans la roche qui servait d'accès à ce quartier.
"Votre wyverne peut s'installer à l'extérieur." précisa un garde à Verën. "Nous y avons des aménagements spéciaux pour les montures des visiteurs. Elle aura tout ce qu'il faut pour manger, boire et se reposer."
Avec un petit regret, le chevaucheur ébouriffa la fourrure de Lälë avant de la laisser rejoindre sa zone de repos.
Les trois aventuriers avaient droit à des couches de luxe, pour ainsi dire. Des édredons rembourrés de laine, un linge impeccable, et une literie d'un bois lisse qui ne laissait rien à redire. Beovar avait vu des auberges renommées moins bien tenues.
Un instant de gêne s'était installé quand ils s'étaient retrouvés isolés, avec ce qui venait de se passer.
"Alors, qu'en est-il ?" lâcha le Paladin, curieux de savoir. "Cet homme, tu l'as vraiment... ?"
"Oui. Je ne veux pas en dire plus ici." précisa tout de suite Verën. "C'est plus facile que l'on pense d'écouter aux portes. Mais je pense tout ce que j'ai dit devant le roi. Je n'ai rien d'autre à ajouter."
Choqué, Beovar reprit :
"Mais tu aurais pu nous prévenir, quand même ! Nous sommes dans le même bateau ! Maintenant, Heimlar nous aura tous dans le viseur."
"Je suis d'accord." intervint vite Horan. "Même si tu avais sûrement tes raisons. On ne peut pas juste arriver dans un pays et massacrer à notre guise. Maintenant notre champ d'action sera réduit."
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Nations
FantasyLe monde d'Elunae repose sur un équilibre stable depuis des millénaires. L'ordre et la paix établis sont maintenus par les dirigeants Immortels des Nations. Mais une malédiction menace leur immortalité, et des groupes d'aventuriers vont devoir mener...