Chapitre 16 : Pour le cœur d'une wyverne

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Verën s'éveillait avec difficulté. Une terrible douleur ravageait toutes les parties de son corps, et sa vue était brouillée par un voile gris gênant. Il ne put que reconnaître de vagues brumes de lumière verte autour de lui, avant de perdre à nouveau connaissance.

Quand il rouvrit les yeux, la douleur s'était apaisée, et il put voir distinctement qu'il était entouré de quatre guérisseurs elfes, pratiquant sur lui une intensive magie de la Vie. Concentrés, ils fixaient les différentes parties de son corps meurtris, et refermaient une à une ses blessures, consciencieusement.

"Lälë !" parvint-il à éructer maladroitement. "Je veux la voir."

Il tenta de se relever, mais les guérisseurs l'en empêchèrent :

"Restez en place !" fit la voix raffinée de l'elfe qui appuyait sur son épaule gauche. "Votre wyverne vivra, on a réussi à la sauver." précisa t-il immédiatement.

Le Chevaucheur se détendit alors, et reposa son dos sur le sol marqué de quatre cercles de runes émeraude, un pour chaque mage de la Vie. Il décida de se laisser faire, mais voulut quand même en savoir plus :

"Dites-moi qu'elle n'a rien." demanda t-il, la gorge serrée.

Les guérisseurs échangèrent un regard équivoque, puis poursuivirent leur travail sans répondre.

"S'il vous plaît !" supplia Verën. "Dites-moi qu'elle va bien !"

L'elfe à ses pieds se racla la gorge, avant d'intervenir :

"C'est une sacrée chute, que vous avez faite, Chevaucheur. Vous et votre wyverne avez de la chance d'être encore en vie. Lören n'a eu d'autre choix que de nous faire téléporter en urgence à son palais quand elle a constaté qu'aucun guérisseur de votre Nation ne parvenait à vous réveiller..."

Ces elfes lui cachaient quelque chose. C'était insupportable pour Verën, et sa gorge le fit souffrir quand il s'exclama :

"Dites-moi ce qui se passe ! Est-ce que Lalë va bien ? Je veux savoir. Ne retardez pas ce moment, de toute façon je sais qu'il faudra l'affronter un jour ou l'autre."

Le Chevaucheur était au bord des larmes. Sa wyverne représentait tout ce qu'il aimait dans sa vie. Il ne supporterait pas qu'il lui arrive quoique ce soit, surtout s'il avait une responsabilité dans ce qu'il lui était arrivé : il ne se pardonnerait jamais cet instant de déconcentration pendant la Danse.

"Lalë est hors de danger." répéta un autre elfe. "Mais..."

Les mots semblaient coincés dans sa gorge, et ce fut un autre guérisseur qui le reprit :

"Mais il semble que ses ailes soient paralysées. Je suis désolé, nos compagnons font tout ce qu'ils peuvent, mais la magie de la Vie semble inefficace pour résoudre ce problème. Il est possible qu'elle reste incapable de voler jusqu'à la fin de ses jours."

Verën tenta de digérer l'information, mais il en fut incapable : non, c'était impossible !

Lalë, cette wyverne enjouée, pleine de vie, aimant plus que tout la liberté du ciel en compagnie de son Chevaucheur, l'amie de son cœur...Ne plus jamais voler ?

Il devait y avoir une erreur : quand il l'imaginait, il ne pouvait le faire autrement que fendant les cieux, virevoltant dans la brise, croassant son bonheur. Il se la figura clouée au sol, affublée d'ailes livides devenues des appendices inutiles, et ne put se retenir de pleurer.

Pourquoi ?

Pourquoi le destin aurait-il frappé avec tant de cruauté une créature si innocente ? Il aurait voulu être un Azelok à cet instant précis, oui, remonter le cours du Temps et changer les choses !

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