Chapitre 19 : Quatrième Cercle

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"J'ai toujours su qu'on reconnaîtrait ta valeur un jour..." assura Elomie. "Tu es l'espoir de la famille, tu es celle qui gravera notre nom à travers l'histoire."

Ces mots flattèrent Eweya tandis qu'elle parcourait de ses doigts le bâton de combat, couvert de lignes rugueuses qui formaient des symboles similaires à ceux qui apparaissaient dans les Cercles de Vie.

"Merci, père." souffla t-elle en l'embrassant. "Cette arme, d'où vient-elle ? Tu ne m'en as jamais parlé."

Elomie se gratta le cou tandis que ses oreilles gigotaient, trahissant son embarras.

"C'est un secret bien gardé jusqu'ici...Mais je suppose que tu t'es montrée assez digne pour le recevoir. Cette arme est un don des dragons du Vol Vert."

"Les dragons..." murmura Eweya en écho, tout en ressentant maintenant plus clairement l'ancienne puissance recelée dans l'artefact. Elle sentait pulser un colossal pouvoir à partir du bâton, résidu de l'âge ancien où il fut fabriqué.

"N'en parle à personne, surtout." ordonna alors son père. "C'est un secret absolu, qui ne doit en aucun cas sortir de notre famille."

"Je comprends, père." assura t-elle avec un signe de tête appuyé.

Les dragons verts se faisaient rares, dans la Forêt. Eweya n'en avait pas vu un seul de toute sa vie, elle ne connaissait de ces créatures que ce qu'on lui en avait raconté : d'imposants reptiles volants, aussi intelligents que puissants magiquement et physiquement. Il était dit que certains dragons verts regorgeaient tellement d'énergie magique qu'ils pouvaient faire pousser un bosquet entier en quelques secondes. L'elfe aurait été admirative devant une telle démonstration de maîtrise de la Symbiose.

Mais il fallait à présent se concentrer pleinement sur son objectif : être l'élève choisie par Norken.

C'était le lendemain, à l'endroit habituel où se tenaient les cours de l'Immortel, que celui-ci la reçut, seule et angoissée. Les yeux noirs de l'ours titanesque la fixaient tandis qu'elle s'assit en tailleur devant le dirigeant de sa Nation, attendant ses questions.

Un long silence s'installa, avant que Norken ne demande d'un ton neutre :

"Penses-tu que je te choisirai ?"

Eweya réfléchit longuement, avant de délivrer la réponse la plus sincère possible :

"Je pense que j'ai en moi ce qu'il faut pour résoudre cette affaire."

"Qu'est-ce qui te fait penser cela ?" interrogea alors Norken.

"La Symbiose est mon domaine. Je ressens la Vie, je sais l'écouter, je comprends des choses sur cette malédiction qui l'affecte rien qu'en étant à l'écoute." avança t-elle alors.

"Que peux-tu me dire sur ce sort, alors ?" la pressa t-il.

"Il est d'une nature inédite, impalpable. Il s'accroche à l'Élément même de la Vie, et le contraint, le réduit. On pourrait croire à l'évidence, que c'est un sort issu de la Nation de la Mort, la nécromancie étant particulièrement douée pour s'opposer à la Vie et la Lumière...Mais si c'était le cas, ce sort aurait une couleur particulière, une...Un sentiment de pourriture, de décrépitude. Ce n'est pas ce qu'on peut ressentir. Si c'était ça, on envahirait directement la Nation de la Mort, d'ailleurs. Si elle est derrière ce sort, elle sait bien le cacher."

Norken hocha la tête lentement, puis demanda :

"Alors, vers quel coupable tes sentiments t'emmènent ?"

"Il est impossible de désigner un coupable directement : comme je l'ai dit, ce sort n'a pas de nature connue à rapprocher à l'un de nos treize Éléments. D'une manière assez surprenante, celui qui correspondrait le plus serait la Magie, étant donné que la nature même de notre Élément est attaquée, modifiée. Mais j'ai l'intime conviction que ce n'est pas ça. Je suis persuadée qu'il y a plus d'un seul traître. S'il y en a un seul, il est extrêmement puissant et au-dessus de tous les autres Immortels en terme de maîtrise magique, ce qui n'est pas logique..."

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