Le confort pouvait se muer en torture quand on y était arraché. Davian ressentit cette réalité quand il fut tiré du lit à l'aube. L'idée de retourner dans le froid du dehors lui était difficilement supportable, mais il refusa de se plaindre. Au moins, il ne pleuvait plus.
Le tavernier avait déjà été payé la veille, et l'équipe ne comptait pas trop s'attarder, alors ils quittèrent l'auberge avant même de croiser quiconque d'autre. Ils enfourchèrent les chevaux sans attendre. D'après Ahelys, ils n'étaient plus très loin de leur destination.
Pour Davian, cela faisait comme si plusieurs années s'étaient écoulées depuis qu'il avait quitté Volcar. Difficile de croire que quelques jours seulement avaient défilé. Peut être était-ce parce qu'il se trouvait changé à jamais par ce qu'il vivait. Réalisait-il seulement ce qu'il était en train de vivre ?
Ses ruminations occupèrent son esprit jusqu'à ce qu'il se fit la réflexion que le jour avait du mal à se lever. La pénombre matinale s'étirait trop longtemps pour que cela lui paraisse naturel.
Il leva les yeux, et se rendit compte que le soleil était bloqué derrière la chaîne de montagnes qui s'élevait à leurs côtés. Ils chevauchaient le long de cette immensité, sans que le forgeron ne put y déceler un point d'accès : les rocs qui s'accumulaient à sa base, bien que ridicules en comparaison de l'altitude du massif, étaient trop hauts et escarpés pour espérer les grimper.
Il n'avait jamais vu les Haut-Plateaux jusqu'ici, et ce n'est qu'à leur pied qu'il comprit le mur qu'ils représentaient. Pas étonnant que personne ne sache ce qu'il y avait de l'autre côté.
"C'est gigantesque..." souffla le jeune homme, impressionné.
"Et on n'en voit qu'une partie." renchérit Khorman. "Même les nains n'ont pas fini de creuser à travers, et ça fait plusieurs milliers d'années qu'ils s'attellent à la tâche."
"Il n'y a qu'un accès connu. C'est là où on va." précisa la sirène, de meilleure humeur. "Creuser deux tunnels pour entrer là-dedans représentait trop de travail, même pour eux."
Les aventuriers franchirent un pont qui chevauchait une rivière trop large pour passer avec les chevaux, passé ce point, le fameux accès aux Hauts-Plateaux était visible à l'œil nu.
Une large et haute ouverture avait été creusée dans la roche, à cet endroit, quelques cabanes en bois s'étaient élevées, trois routes pavées partaient chacune dans une direction à perte de vue. Des chariots allaient et venaient, des nains, des bêtes de traits, quelques humains s'y affairaient. C'était presque une petite ville.
Curieux, Davian s'en approcha avec l'intention d'en savoir plus, mais le regard d'Ahelys le dissuada de poser des questions. Alors, il demanda avec ses yeux.
Plusieurs personnes, surtout des nains, tenaient des registres, et inscrivaient le contenu des carrioles qui venaient ou repartaient du passage. C'était un carrefour commercial !
L'un des nains souleva la bâche de lin qui couvrait un chariot. Une cargaison entière de pierres brillant d'un vert soutenu attira les yeux du jeune homme.
"Émeraudes, c'est cela ? Prenez la route sud, c'est par là. Les elfes en demandent toujours, vous ne pouvez pas vous tromper, à l'entrée de la forêt, vous aurez un autre carrefour."
Plus loin, dans l'autre sens, se présentaient des carrioles entières de venaisons séchées. Les cargaisons allaient et venaient, avec à chaque fois des hommes et des nains pour coucher sur papier ce qui entrait ou sortait du royaume des montagnes. Au milieu de toute cette agitation, le trio traversait ce trafic en essayant de ne pas bloquer les chevaux au milieu d'un embouteillage de chariots.
VOUS LISEZ
Nations
FantasyLe monde d'Elunae repose sur un équilibre stable depuis des millénaires. L'ordre et la paix établis sont maintenus par les dirigeants Immortels des Nations. Mais une malédiction menace leur immortalité, et des groupes d'aventuriers vont devoir mener...