La petite gargouille s'éloigna de moi. Elle semblait désarçonnée par mon manque de réaction. J'en étais moi-même surprise.
- Rika? Elle t'a dit ce que le Monde Oublié t'a volé?
Je sursautai en voyant Alek juste devant moi subitement. Je ne l'avais pas vu venir. D'un œil inquisiteur, je l'observai attentivement.
Donc je commençais à tomber amoureuse de lui. Et de son frère. C'est étrange. Quand je le regardais comme ça, j'avais la sensation que ce n'était qu'une blague ou un mensonge monté de toute pièce. Je me disais que ça ne pouvait pas être vrai. Si ça avait été le cas, mon attitude aurait changer envers Alek, non? Finalement je n'en savais rien. Je n'arrivais même pas à me souvenir de la façon dont je le voyais avant. Était-ce réellement différent?
- C'est rien de bien important.
Il me lança un regard en biais en se redressant. La réponse ne lui convenait pas. Je ris en voyant sa mine renfrognée.
- C'est ma peur du noir qui m'a été retiré, t'inquiètes. T'as vu où on est? Il y a des pièces sombres partout dans le coin, ce serait handicapant si je flippais en entrant dans une salle. Même dans la vie de tout les jours c'est embêtant! Je deviens enfin une adulte! finissai-je en levant les bras en l'air.
Il plissa les yeux, comme pour sonder le mensonge que je lui disais, et finit par lâcher l'affaire. Il me croyait donc : j'avais été assez convaincante. Cependant, Alessandro lui, ne parut pas me croire. Il se tourna vers les gargouilles, l'air déterminé.
- C'est vrai?
Aah.. soupirai-je intérieurement. Je viens juste d'inventer un mensonge simple mais probable et tu veux tout gâcher l'italien. Tu m'énerves.
Si seulement je pouvais le lui dire directement, ce sera beaucoup plus simple. Mais la réponse de la gargouille leader me persuada de me taire.
- Tu dis que notre Gardien ment, vampire mort? lui reprocha-t-elle en s'avançant vers lui.
- Mi dà fastidio.. maugréa-t-il en se frottant fortement les paupières.
Je me tournai vers Alek qui me chuchota "Elle m'énerve, il a dit". C'était pratique d'avoir un traducteur multi-langues à porter de main. Je lui tapais dans le dos pour le remercier, un grand sourire transcendant mon visage.
Oh. Ça fait très "vieux potes depuis l'enfance".
Je faisais la même chose avec mes frères, mais je ne l'avais pas fait avec Ethan quand je l'avais remercié, pour mon carnet de dessin par exemple. Et je n'avais pas agis de cette façon avec Alek quand il était apparu dans le bureau du père italien. Tout compte fait, peut être qu'effectivement, ils m'avaient pris un sentiment d'amour naissant. Mais le savoir, accepter que cela pouvait être vrai, ne me donnait toujours pas l'envie de récupérer ce qui m'avait été pris. J'avais la même impression que lorsque Felix me prend mon gâteau et le mange à ma place : ça m'énerve, je l'engueule un peu et je vais m'en chercher un autre. Je ne lui en tiens jamais rigueur plus que ça. Je le dispute juste pour la forme, rien de plus, rien de moins.
- Vous comprenez pourquoi j'ai ordonné de vous retirer ça, Gardienne? me demanda la Remplaçante, un sourire mauvais sur le visage.
Sûrement pour me tourmenter avec des questions inutiles qui deumeureront sans réponses. Qu'est-ce qu'il se serait passé si j'avais encore ces sentiments amoureux en moi? Lequel aurais-je choisi? Aurais-je fait un choix déjà?
Je compris soudainement. C'était justement pour ne pas que je me pose ces questions qu'elle avait demandé de me prendre ces sentiments. C'était pour cette raison que les gargouilles rondes avaient accepté d'obéir, même si ça ne leur plaisait pas de faire ça. Si ces sentiments s'étaient développés, j'aurais voulu mettre au clair tout ça. Leur but à eux, était que je sois complètement investit dans mon rôle de Gardienne des Souvenirs. Comme je l'ai dit plus tôt, ce sont des questions inutiles que j'aurais trouvé importantes avec le cœur amoureux. Mon cœur étant neutre avec ce vol de sentiment, je trouvais que ces questions étaient une prise de tête sans intérêt.
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L'Ange Rouge
FantasiFourth. Pour vous, c'est seulement un chiffre quelconque. Pour moi, c'est mon numéro, mon prénom. Parce que c'est ainsi qu'il m'a appeler pendant 2 ans. Jusqu'à ce que je fuis. Jusqu'à ce que nous fuyons tous les trois. C'était le cauchemar que je...