Prologue

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« Attends-moi là, je reviens vite. »

Il attendait depuis un moment en se demandant s'il avait compris toute la signification de la phrase, pourtant courte, prononcée par la femme qu'il appelait maman. Attendre ? Aucun souci. Revenir ? Il supposait avoir une définition correcte de ce verbe dans son esprit. Vite ? Le problème devait se trouver à ce niveau-là. Il chercha des exemples de phrases. « Cours plus vite », il y avait bien une notion de vitesse élevée, non ? Un truc qui ne prenait pas beaucoup de temps ?

Après quelques minutes, Isaac devait se faire à l'idée qu'il comprenait la phrase qu'il avait entendue. Dans ce cas, peut-être qu'il n'avait pas bien écouté la phrase ? « Attends-moi là, j'ai de l'arthrite » ? Le garçonnet n'avait aucune idée de ce que signifiait le dernier mot, mais le vieux monsieur qui habitait à côté de chez lui s'en plaignait souvent. « Attends-moi là, je suis maudite » ? Sa maman disait souvent qu'elle était maudite. Mais, là, Isaac ne savait pas ce que le concept d'attente venait faire dans cette affirmation.

Le gamin de six ans aux cheveux blonds avait donc attendu longtemps. Il faisait nuit et il n'aimait pas être tout seul dans le noir. Il fixa les étoiles qui disparurent petit à petit, cachées par de gros nuages qui prenaient toute la place dans le ciel. Le petit enfila la capuche de son k-way noir quand quelques gouttes commencèrent à tomber sur la ville.

Il ne bougea pas pendant des heures. C'était ce qu'on lui avait demandé après tout. Attendre. Il commençait à détester ce mot. Les genoux repliés contre sa poitrine pour se réchauffer légèrement, il tapait des pieds sur le sol où s'était formée une flaque, dans un rythme qui calma ses claquements de dents.

Plaf. Plouf. Plaf. Plouf.

Ses pieds étaient trempés. Tant pis. De toute façon, il avait déjà froid, son k-way n'ayant pas résisté bien longtemps et lui collant maintenant à la peau. Isaac grelotta alors que la pluie glissait sur son visage. Personne ne passa devant lui de toute la nuit, à croire que toute la ville avait décidé de ne plus émettre aucun bruit. Et le blondinet aimait ça. Le silence.

Lorsqu'il se réveilla un peu plus tard après un petit somme, il ne pleuvait plus et la nuit était partie. Des voitures passaient dans la rue où il était, les passants l'ignorait, devant croire probablement à cause de sa carrure et de sa tenue qu'il n'était qu'un vulgaire sac poubelle. Le garçon enleva sa capuche, dévoilant ses yeux verts.

Il sursauta quand un chien tenu en laisse lui aboya dessus. Son propriétaire n'accorda même pas un regard à Isaac qui se frotta les bras pour se réchauffer du mieux qu'il pouvait. Il était congelé et trempé. Devait-il encore attendre ? Son esprit s'envola dans des lieux imaginaires pour passer le temps.

Au bout de quelques nouvelles heures, son ventre gargouilla si fort que le blond décida d'essayer de trouver un endroit pour manger quelque chose. Mais il n'avait pas de pièces pour payer, comme sa maman faisait quand il allait faire les courses avec elle. Il passa à côté d'un vendeur ambulant, humant avec plaisir chaque petite odeur provenant de la carriole. Puis Isaac continua son chemin en se serrant le ventre qui était tiraillé par une douleur horrible. Combien de temps tiendrait-il comme ça ?

Un marché se dressa devant lui, imposant. Il était entouré de fruits de toutes sortes. S'il en attrapait un sans se faire voir ? Le blond tendit une main tremblante vers une pomme avant de l'attraper et de la plaquer sur sa poitrine.

– Eh ! Petit con, repose ça tout de suite !

Mais Isaac l'ignora et commença à courir aussi vite que ses petites jambes lui permettaient. Il ne savait pas où il allait. Et si sa maman revenait le chercher aujourd'hui ? Il ne serait pas là où elle lui avait demandé de l'attendre ! Le petit garçon regarda derrière lui, cherchant du regard l'homme qui le poursuivait.

Hybrides, ennemis publics n°1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant