Hybrides, ennemis publics n°1

Chapitre 39

Isaac venait de nouveau de se rendre dans l'Emmen caché, mais de façon volontaire, cette fois. Il ne s'inquiéta pas de ne rien voir de ce qu'il se passait et les personnes qui vinrent l'accueillir durent le reconnaître car elles rirent de sa présence avant de le faire avancer. Les paroles qu'il entendait sur son passage étaient bien différentes de la dernière fois. Une personne invisible se plaça même devant lui en lui posant ses mains sur les épaules pour le remercier d'essayer de les resociabiliser avec les Emmeniens.

Même si s'entendre dire des gentillesses par quelqu'un qu'on ne voyait pas était perturbant, cette déclaration le rassura. Après tout, si Eliott, le fils de Lysius qui était considéré comme le chef sur cette partie de la planète avait un avis différent, comment aurait-il pu savoir que ce n'était pas le cas de tous ? Mais s'il pouvait en aider certains à retrouver une vie normale, ce serait avec grand plaisir.

Ils pénétrèrent ensuite dans le bâtiment le plus grand, exactement comme la dernière fois qu'il était venu. Mais cette fois-ci, on l'emmena directement dans le bureau de Gena.

– Oh, Isaac ! Lysius ne m'avait pas dit que tu devais venir ici ! Viens-là, je vais arranger ta vue.

Quelques secondes plus tard, il revoyait la femme au teint mat et au sourire bienveillant. Elle congédia son escorte et le fit s'asseoir sur une chaise avant de lui servir un verre d'eau.

– Lysius ne sait pas que je suis là. Je n'ai pas eu le temps de le prévenir.

– Je vois, je vois. Tu veux que je charge quelqu'un de l'avertir de ta présence ? Pourquoi es-tu là, d'ailleurs, tu as besoin de quelque chose, petit sauveur des Hybrides ? sourit-elle.

– J'ai besoin de m'éloigner un peu d'Emmen. Pour penser à autre chose.

Il mentait, évidemment. Mais il ne pouvait pas clairement dire qu'il était là pour démasquer quelqu'un qui pouvait être le fils du chef et qui mettait en danger tous les Emmeniens mais aussi les Hybrides. Il se ferait mal voir.

Cependant, son excuse passa comme une lettre à la poste, vu comment la femme pinça les lèvres. Elle baissa les yeux avant de poser sa main sur celle d'Isaac.

– Je suis véritablement désolée pour ce qui est arrivé à ton père, Isaac. C'est vraiment injuste. Les Hybrides vivent mal l'enfermement. C'était une accumulation d'erreurs déplorable.

– Lysius a proposé son aide si j'en avais besoin. Et je crois que j'en ai vraiment besoin.

– Je comprends, mon garçon. Prends tout le temps qu'il te faudra, nous pouvons t'accueillir autant de temps que tu le souhaites. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à demander à ceux qui t'entourent. Et si tu as besoin de parler, sache que je suis prête à t'écouter autant qu'il le faudra. Ne fais surtout pas de bêtises, ça n'en vaudrait pas la peine.

– Oui. Je vous le promets.

– Tu réussiras à retrouver la chambre que tu avais la dernière fois ? Tu peux te balader, aussi.

– Je pense que je vais aller me reposer un petit peu avant. Merci beaucoup.

– Merci à toi, Isaac. Tu es vraiment exceptionnel.

Sur ces compliments, l'adolescent quitta la pièce et tenta de retrouver son ancienne chambre. Il erra quelque temps et s'apprêtait à prendre son courage à deux mains pour demander de l'aide quand quelque chose lui atterrit sur le dos.

– Isaac, tu es revenu ! Je suis tellement contente de te revoir !

Il s'agissait simplement de la petite furie blonde, dernière enfant de Lysius. Alya lui souriait de toutes ses dents avec quelques trous par endroit. Cette vision le fit sourire à son tour. La gamine était tout simplement adorable. S'il avait eu une petite sœur, il aurait adoré qu'elle soit comme ça.