Chapitre 32 (Maliyagi)

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La semaine touchait à sa fin, déjà. Les élèves de Vasteria regrettaient déjà l'ambiance de la salle de classe de Diarmuid, avec ses plateformes et ses coussins, ainsi que la relation particulière qu'il entretenait avec ses élèves jouait beaucoup. C'était toujours une atmosphère joyeuse et studieuse qui régnait dans l'amphithéâtre qui subissait son lot de blagues à chaque séance. Aussi, les Emmeniens se heurtèrent à la farouche résistance de leurs correspondants quand ils demandèrent s'il était possible de le ramener chez eux.

Afin de clore la semaine, les douze magiciens décidèrent d'organiser une sortie dans le centre-ville pour faire des emplettes ou visiter quelques recoins qu'adoraient fréquenter les Vasterois. Magasins de bonbons pour les uns, parcs naturels pour les autres, pizzeria le midi, c'était probablement une belle journée qui s'annonçait. Isaac ne perdait pas une miette de la ville pour en graver le maximum de détails dans sa mémoire. D'ailleurs, dès qu'un magasin de bonbons apparut dans sa ligne de mire, il se précipita dessus pour faire le plein.

L'Hybride s'était laissé distancer par son correspondant, occupé à observer la vitrine d'un magasin d'arts. Il se laissait tenter par l'idée d'acheter quelque chose à sa mère tandis que Nao traversait le trottoir pour retrouver Léolia et Moïra qui passaient justement dans la rue d'en face, des sacs plein les bras. Certainement pour leur proposer de faire un bout de chemin avec eux. Isaac se détournait à peine de la vitrine pour prévenir son ami qu'il voulait acheter quelque chose que la catastrophe se produisit.

Une explosion retentit et déclencha un minuscule séisme qui faillit l'envoyer par terre. Un nuage de fumée noire, âcre et opaque recouvrit la grande route et les trottoirs. Des cris de paniques s'élevèrent de part et d'autre et ce fut la débandade. On courait, on bousculait et seuls les champs magiques qui séparaient la route des trottoirs permettaient aux piétons de ne pas déborder sur la route et se faire écraser par une voiture surprise par le chaos général. Le blond essaya de retrouver Nao ou quelqu'un. Une autre détonation explosa ses tympans. Les oreilles sifflantes et totalement désorienté, il n'arrivait plus à se repérer.

—Faut pas traîner là, le muet, s'écria la voix de Bryce par-dessus le tumulte.

Sans comprendre d'où il arrivait ou quoi que ce soit de cohérent, Isaac se laissa entraîner par le grand brun. Un gendarme les trouva et les conduisit dans un parc éloigné de la cacophonie et de tout bâtiment avec des dizaines d'autres personnes. On les appela et ils rejoignirent en toussant le groupe formé par tous les autres membres de l'échange ou presque. D'autres déflagrations lointaines se firent entendre, mais bien plus faibles et moins effrayantes que les deux premières. Le quartier qu'ils venaient de quitter fumait des nuages d'un noir d'encre. L'air empestait la fumée et le brûlé.

—Dieux merci, vous allez bien ! s'écria Eera, soulagé.

—Qu'est-ce qu'il s'est passé ? paniqua Moïra dans leurs têtes, accentuant les maux de crânes de tout le monde.

—Pas de blessés ? demanda Léolia.

—Où est Nao ?! s'exclama Kyran en regardant partout autour de lui.

En effet, le petit brun à la peau bronzée ne se trouvait nulle part. Il ne répondait pas aux appels télépathiques et même Moïra, la plus puissante de tous les adolescents présents, ne parvint pas à le trouver. Isaac observait, tout comme Bryce, le teint blafard d'Elsa-Mina et ses lèvres tremblotantes, ses yeux fermés. Elle serrait de toutes ses forces la bandoulière de son sac, en proie à un stress intense.

—Il va bien, murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour les autres. Il va bien. Il va bien, répétait la blonde comme une prière.

Une rafale de vent les secoua et apporta avec lui des relents plus forts des odeurs de la ville. C'est là qu'Isaac aperçut Nao, enfin. Le soulagement n'eut pas le temps de s'installer : son correspondant était inconscient, porté par les bras d'un parfait inconnu vêtu entièrement de noir. Ce dernier s'approchait d'eux. Elsa-Mina se détendit d'un seul coup, tout stress envolé. Elle fut la première à se lever pour vérifier l'état de son ami. A part une épaisse couche de poussière sombre sur la peau et les vêtements, il paraissait indemne. Elle adressa quelques mots à l'homme qu'Isaac ne saisit pas. D'ailleurs, il s'en fichait bien : son ami était tout ce qui importait. Avec Kyran, ils les rejoignirent et débarrassèrent l'homme de son fardeau avec de nombreux remerciements pour déposer leur ami à terre un peu plus loin. Si la majorité se précipita autour de lui pour vérifier son état de santé, Bryce préféra en profiter pour se rapprocher discrètement d'Elsa-Mina qui se tenait toujours près de l'inconnu. Ce dernier prit soin de nouer ses mains dans son dos et de reculer de quelques centimètres, comme pour ne pas risquer de toucher l'adolescente. Ils discutaient à voix basse.

Hybrides, ennemis publics n°1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant