Chapitre 19

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     Sora patientait, assis sur une chaise dans une salle d'attente attenante à un bureau qui lui filait déjà la chair de poule. Il y avait vu trois personnes entrer et attendait de voir l'une d'entre elles ressortir ou bien être lui-même invité à l'intérieur. Il ne savait pas ce qui était le mieux. La grande porte en chêne l'intimidait. Et en plus, elle ne laissait passer aucun son. Il ne pouvait rien savoir de ce qui se passait à l'intérieur.

La porte s'ouvrit finalement sur son père qui salua les personnes à l'intérieur avant de sortir.

– Ils t'attendent, lui annonça-t-il.

– Tu ne viens pas avec moi ? s'inquiéta le garçon.

– Ils veulent te parler en privé. Mais sois honnête avec eux et avec toi-même et tu n'auras aucun souci, le rassura-t-il.

Sora déglutit avant de passer la porte laissée entrouverte. Un des hommes était assis derrière le bureau et l'autre, plus jeune, assis nonchalamment sur le meuble, les bras croisés. Ils étaient bien trop sérieux aux yeux du garçon qui referma doucement la porte derrière lui. Il se retint d'aller leur demander des autographes, en particulier au plus jeune des deux et s'assit sur la chaise mise à sa disposition.

– Nous sommes enchantés de te rencontrer, Sora, commença l'homme derrière le bureau. Colonel Guren, dirigeant des Aiglémentaires. Et le vice-commandant Ealcar.

– Encore plus enchanté que vous, parvint à répondre le garçon aux cheveux presque bleus tout en rougissant.

– Tu as trouvé l'Aiglément dans le parc principal d'Emmen ? demanda Ealcar sans préambule.

– Oui. Enfin, non. Je ne l'ai pas trouvé, c'est un élève de Vasteria qui s'en est chargé.

– La conclusion est simple, colonel. Il n'a pas été choisi. Il suffira de faire passer de nouvelles sélections en urgence.

– S'il n'a pas été choisi, penses-tu alors que nous devrions convoquer cet élève étranger ?

– Non, colonel. Bien sûr que non.

– Qu'est-ce que tu n'apprécies pas, chez ce garçon, pour vouloir à tout prix le renvoyer chez lui ? Trop jeune à ton goût ? Il a l'âge pour en posséder un. Si tu crains de ne plus être le plus jeune Aiglémentaire, je n'ai plus besoin de toi ici, Ealcar.

Sora ne savait pas où se mettre. Son idole était en train de se faire engueuler par sa faute. Il pouvait tout de suite oublier l'idée d'avoir un autographe. Lui qui ne pensait pas pouvoir revoir l'Aiglément, on était en train de discuter à propos du fait qu'il puisse devenir son Aiglémentaire ! Il n'en croyait pas ses oreilles.

– Tu es là pour donner ton avis sur les capacités de ce jeune homme, pas pour te plaindre.

– Oui, colonel.

– Sora, tes notes en sport, tu peux nous en parler ?

– Je ne crois pas qu'elles soient exceptionnelles, avoua le garçon. J'ai jamais été très doué avec mes pieds, alors le foot... Mais je fais quand même partie des meilleurs de ma promotion donc c'est peut-être pas si catastrophique.

Il parvint à tirer un sourire du vice-commandant, au moins. C'était déjà ça.

– Tu fais partie d'une équipe de Kivalta ? demanda celui-ci.

– Non. Ça ne m'intéresse pas vraiment, comme sport. Je préfère travailler à la réserve, avec mes parents.

Ealcar allait répondre, mais le colonel, d'un signe de la main, lui intima de se taire.

Hybrides, ennemis publics n°1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant