Hybrides, ennemis publics n°1

Chapitre 22

Isaac s'était empressé d'aller s'enfermer dans sa chambre, laissant la lettre tomber par terre, dans la cuisine. Il tentait de se calmer le mieux possible, mais c'était difficile. Sa respiration rapide ne voulait pas ralentir et il avait la gorge nouée alors qu'il essayait de ne pas pleurer. Pourquoi maintenant ? Lui qui avait l'impression que tout allait mieux en ce moment. Ça n'avait été que le calme avant la tempête. Dans peu de temps, il serait arrêté et on l'enfermerait au CRH. Ses parents seraient jugés complices pour l'avoir gardé tout en connaissant sa nature. Il gâchait la vie de tout le monde. Il se détestait.

     Durant une bonne heure, il resta assis sur son lit à fixer le vide, sans savoir quoi faire. Quand irait-il faire cette prise de sang ? N'était-ce pas plus simple de ne pas y aller ? Ou peut-être pouvait-il s'enfuir ? Que dirait Hanson quand il apprendrait ça ? Le laisserait-il tomber pour ne pas être arrêté aussi ?

     L'adolescent leva les yeux vers le tableau que sa mère avait peint et qui occupait une bonne partie du mur de sa chambre. De toute ses forces, il essaya de se calmer pour réfléchir correctement. Il devait trouver une solution. Une solution qui ne ferait prendre aucun risque à ses parents. C'était la seule chose à laquelle il devait impérativement penser.

     On l'appela pour manger mais il ne descendit pas. Son père devait être rentré de son travail et devait avoir été mis au courant également. Quoi qu'il en soit, aucun des deux adultes qui l'avaient pris en charge à ses six ans n'insistèrent et il ne pouvait que les remercier pour ça. Il ne voulait parler à personne. Il n'avait pas le temps pour ça.

     Vers vingt-deux heures, alors que le blond, exténué, commençait à piquer du nez, la sonnette le réveilla. Qui pouvait passer à cette heure-là de la soirée ? Est-ce que les autorités prenaient les devants, se doutant qu'il ne se rendrait pas docilement à cette prise de sang ?

     Isaac entendit la porte s'ouvrir puis se refermer. Il n'osait pas s'approcher, de peur de découvrir qu'on venait vraiment pour lui.

     Il frôla l'attaque cardiaque quand on frappa à la porte de sa propre chambre. Cependant, personne ne s'annonça, comme le faisaient habituellement ses parents. Ce n'était donc pas eux. Qui alors ? Le garçon s'écarta de l'entrée, préférant se rapprocher de la fenêtre. Du deuxième étage, il ne donnait pas cher de sa peau, mais c'était mieux que se faire arrêter.

     Sans qu'il ne donne l'autorisation, la porte s'ouvrit. La personne qui se trouva face à lui esquissa un sourire avant de refermer la porte une fois entrée. Les muscles de l'adolescent se relâchèrent immédiatement alors que des larmes lui revenaient aux yeux. Il se laissa glisser contre le mur, incapable de transmettre quoi que ce soit par télépathie à son professeur qui ne lâchait pas un mot non plus. Il alla s'asseoir sur le lit de son élève, tourné vers ce dernier.

     – Tes parents m'ont contacté tout à l'heure. Je suis au courant pour la lettre.

     – Je vais finir enfermé, sanglota Isaac en cachant son visage à l'aide de ses genoux repliés contre lui.

     – Tu sais parfaitement que je ne laisserai pas une telle chose arriver.

     Le garçon releva la tête, surpris. Hanson prendrait des risques pour le sauver ? Alors qu'il avait une femme et une fille ? Était-il inconscient ou tout simplement fou ?

     – Inconscient, je ne pense pas, fou, peut-être, je ne sais pas. Défaitiste, par contre, je suis persuadé que ce n'est pas un adjectif qu'on utilise pour me qualifier.

     – Vous pouvez ne pas être défaitiste, mais je doute que ça change grand-chose. Ce n'est pas parce que vous voulez quelque chose que vous l'aurez.