Hybrides, ennemis publics n°1

Chapitre 36

          

– Isaac, ne t'inquiète pas, murmura le père d'Ilyana en posant ses mains sur ses épaules.

Mais le blond tremblait comme une feuille. Il ne supporterait pas d'apprendre qu'un Emmenien avait été tué par un Hybride. Ses jambes le lâchèrent mais l'homme le rattrapa de justesse.

– Oh là, Isaac, reste avec nous, tu veux ?

Un grand silence s'installa dans le Palais auparavant baigné de cris en tout genre. Le Gouverneur avait fait son apparition, scrutant la foule qui le fixait en retour. Son regard se posa sur les trois personnes tout juste revenues sur la planète et sans un mot, se dirigea d'un pas rapide vers eux. Isaac le voyait approcher sans que son cerveau ne parvienne à comprendre ce qu'il se passait, comme s'il était entièrement déconnecté. Il sentit qu'on l'attrapait par le bras et qu'on le dirigeait autre part. On l'assit brutalement sur une chaise. Il n'était pas assez mentalement présent pour s'en indigner.

– Est-ce que tu sais ce qu'il se passe en ce moment, Isaac ?

Il n'écoutait pas. Il n'entendait rien.

– Isaac, c'est important. Je suis désolé de te brusquer mais... L'Hybride. Les Aukteurs et les Aiglémentaires sont sur le coup. Mais il semblerait qu'il avait une cible.

L'adolescent releva les yeux vers l'homme qui le fixait. Il ne se rendit compte qu'à ce moment-là qu'ils étaient seuls dans la pièce.

– Qui ? demanda-t-il.

Son cœur s'accélérait. Qui pouvait bien être la cible ? Les noms de toutes ses connaissances défilaient dans sa tête.

– Je... Je pense que tu étais la cible, Isaac.

Cette fois, son cœur s'arrêta. Comment pouvait-il supposer ça ? L'Hybride avait dû se rendre à l'endroit où il aurait normalement dû se trouver. Tous ses muscles se contractèrent. Sa gorge était nouée. Il était incapable de poser la question qui clignotait devant ses yeux.

– Ta mère est en sécurité, protégée par des Aukteurs à l'heure où je te parle. Ils attendent le moment propice pour une extraction.

Les doutes d'Isaac se faisaient de plus en plus forts, étaient de plus en plus présents. Il avait envie de pleurer. Il avait envie de hurler.

La porte de la petite pièce s'ouvrit mais l'adolescent ne faisait qu'attendre que le Gouverneur annonce ce qu'il craignait. Il n'avait rien à faire des autres. Rien du tout. Il voulait juste son père. Il avait besoin de lui. Il avait besoin qu'on lui dise que tout allait bien pour lui.

– Ton père a protégé ta mère en retardant ce qui les attaquait.

Les larmes coulaient sans que le muet ne s'en rende compte. Par sa faute...

Il se leva brusquement, renversant sa chaise. Le Gouverneur ne bougea pas d'un pouce.

– Vous mentez ! cria-t-il.

Son cri télépathique provoqua une grimace chez son interlocuteur. Isaac frappa contre la table de ses deux poings, la brisant en deux sous l'effet de la colère et avec l'aide de la magie. L'homme se leva enfin, craignant une quelconque réaction trop dangereuse.

– Mon père n'est pas mort ! Mon père n'est pas mort ! répéta-t-il, accompagnant ses paroles de nouveaux coups dans les différents meubles de la pièce.

Certains disparurent subitement, d'autres finirent tout simplement explosés. C'était un véritable carnage que le dirigeant d'Emmen ne tenta pas d'éviter, faisant un signe aux personnes qui tentaient de voir ce qu'il se passait à l'intérieur. L'une d'elles manqua de finir en dommage collatéral quand un morceau de meuble vola dans sa direction avant que la porte ne se referme, lui évitant de se retrouver borgne.