Hybrides, ennemis publics n°1

Chapitre 3

     – Mon chéri, viens, je suis dans l'atelier !

Isaac enleva sa veste, l'accrocha au porte-manteau de l'entrée et se dirigea vers les escaliers avant de monter un étage de la maison. Au fond du couloir, il y avait une porte qui menait à une sorte de véranda qui servait d'atelier de peinture à sa mère. Aussitôt entré dans l'endroit, des dizaines d'odeurs emplirent les narines du blond. Il sourit en reconnaissant certaines de ses préférés.

Rydwen Janiel était une femme magnifique avec de beaux yeux bleu clair. Fine et élancée, souvent habillée de manière légèrement excentrique, elle attirait l'œil à chaque fois qu'elle sortait dans la rue. Ce n'était pas rare que les cheveux blonds de la mère adoptive d'Isaac se retrouvent avec des brins d'herbe ou d'autres choses qu'elle utilisait pour peindre.

Le tableau sur lequel elle travaillait en ce moment était immense. Deux mètres de hauteur, cinq mètres de largeur, la peinture était une commande du Gouverneur en personne et devait représenter Emmen.

Pour cela, la femme avait été invitée à se rendre au CRH pour observer la vue et la garder en mémoire. Elle n'avait cependant jamais raconté à son fils ce qu'elle avait pu voir là-bas. Le soir où elle était rentrée, son visage était d'une tristesse qu'Isaac n'avait jamais vu sur sa mère et elle s'était murée dans le silence jusqu'au lendemain matin où tout était redevenu normal sans que le blond ne comprenne comment.

En attendant, le tableau était sublime. Il adorait observer pendant des heures sa mère peindre. Il passait ses journées dans l'atelier quand il était plus jeune, s'endormant parfois même des fois là-bas.

– Bonjour mon cœur, alors cette première journée ? demanda Rydwen en embrassant son fils sur le front et en gardant ses mains écartées de lui pour ne pas le tâcher avec sa peinture.

– Bien. Rien de bien passionnant à raconter. Tu as drôlement bien avancé sur ton tableau, maman ! Il est magnifique !

Mission : détourner l'attention. Si jamais son passage à l'infirmerie arrivait aux oreilles de ses parents, il en entendrait parler au moins jusqu'à sa majorité.

– Oui, j'avance vite, j'ai de nombreuses commandes en cours, sourit la femme. Mais j'espère que tu n'essayes pas de détourner l'attention, jeune homme.

Grillé. Il garda ses mains en l'air, ne sachant que dire. Il vit les yeux de sa mère s'écarquiller alors qu'ils se posaient sur sa main droite. Rhaaa ! Il avait oublié ce détail !

– Isaac ! Qu'est-ce qui est arrivé à ta main ?!

– Rien, tout va bien ! Demain, il n'y aura plus rien. Maman, arrête de t'inquiéter, tu veux ? Tout va bien, répéta-t-il. Si jamais j'ai un problème, je viendrai te voir, mais là, tout va bien !

Il recula vers la sortie alors que le visage de la femme blonde devenait blême.

– Isaac, ne pense pas t'en sortir comme ça, ton père sera mis au courant dès qu'il sera rentré. Si on te maltraite à l'école, je veux que ça cesse. Tu changeras d'établissement s'il le faut ! L'élite d'Emmen ou non, je ne laisserai pas mon fils dans un endroit où on lui fait du mal !

– C'étaient les tests, maman ! Je me suis surestimé, tout va bien ! On m'a donné un truc pour guérir, j'ai vu un médecin donc ne t'en fais pas ! Je sais me débrouiller tout seul.

– Tu oses me dire que tu sais te débrouiller tout seul alors que tu...

La sonnerie prévenant de l'arrivée d'un visiteur stoppa net la conversation. Isaac et sa mère se fixèrent encore quelques secondes dans un silence de mort avant que la femme ne soupire, exaspérée et énervée d'être dérangée alors qu'elle avait une discussion importante avec son fils.