Chapitre 3

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Liam n'avait vraiment pas mis longtemps à cerner l'adolescent. Avait-il connu Léonidas de son vivant ? Inutile de le lui demander, le spartiate n'était pas du genre à s'épancher dans de longues explications. Un grec, qui avait dû faire comme les pensionnaires du Manoir, fait le choix de rester sur terre ?

Liam l'imaginait bien mourir en Grèce puis voyager dans les siècles et grandir avec le monde, pomper des techniques Romaines, piquer la mode moderne, et arriver au Manoir par hasard, un peu comme son homologue en face de lui.

  C'était bien la première fois que Liam voyait Léonidas désarmé. Ce dernier écarta de la main la lame pointée vers sa poitrine avec un sourire, une drôle de lueur dans le regard. De la confiance ?

Il semblait amusé, mais Liam lui était dans l'appréhension : si Percy était capable de battre Léonidas, il suffirait qu'il soit un gris pour mettre le Manoir en grand danger ! Il espérait que l'un fasse entièrement confiance à l'autre. Auquel cas...

D'autant que Léo était leur défense la plus solide avec Mangas Coloradas, l'Indien qui vivait dans le parc et assurait donc la sécurité extérieure.
Bien sûr, les autres jeunes du Manoir savaient se défendre, mais aucun n'arrivait à la taille de Léo... Heureusement que les chances que Percy soit un gris étaient minces.

Ils reprirent l'entraînement. Percy et Léo continuèrent à engager, jaugeant les capacités de leur adversaire, la victoire tantôt remporté par l'un, tantôt par l'autre. Percy était très fort, manquait d'adresse et de vitesse à certains moments comme s'il n'avait pas où plus l'habitude.

Quand enfin vint l'heure du déjeuner, tous se dirigèrent vers le restaurant, exténués. Cette fois Percy déjeuna en face de Léonidas, et leur conversation devait être très intéressante, car ils ne cessèrent de parler durant tout le repas.

Pendant ce temps, Liam ne put s'empêcher de s'interroger sur ce nouveau. Au Manoir, à cause des capacités qu'il avait en plus des autres, son boulot était d'enquêter sur les nouveaux venus.

Il passait d'apparence pour un ados du XXI siècle. Les grillades et la pizza qu'il mangeait et les habits qu'il portait ne prouvaient pas le contraire. Mais tout portait à croire qu'il ne l'était pas.

Mais ce n'était pas un gris. Il était arrivé avec le taxi, était logé avec les autres, n'avait montré aucune hostilité. Il ne semblait pas avoir de problème quelconque, fait peu récurrent chez les résidents du Manoir. Enfin ça, ça finirait sûrement par venir... Personne ne venait ici sans avoir un problème. Par-dessus tout, Léonidas paraissait beaucoup l'apprécier.

Voire même le connaître. Et ça, ça grillait direct la méfiance.
  Liam sortit brutalement de ses pensées lorsque Cléa s'adressa à lui.

– Sherlock Holmes reprend du service ? le taquina-t-elle en faisant allusion à son boulot d'enquêteur.

– Oui... Il est étrange. On le croirait normal, mais quelque chose dans ses yeux me met mal à l'aise, ça me fait penser qu'il pourrait nous surprendre. Et je pense que c'est un fantôme qui traîne sur terre depuis un moment.

– Je pensais pareil, un truc me dérange chez lui, je ne sais pas quoi. Et tu as raison. C'est-à-dire que ce n'est pas souvent que quelqu'un se lie immédiatement d'amitié avec Léo ! On aurait dit qu'ils se connaissaient déjà avant.

– Et il se bat à l'épée dans le même style que Léonidas Premier, roi de Sparte, mort il y a à peu près deux mille ans... Aucun doute.
– Tu imagine, réfléchit Cléa, s'ils s'étaient vraiment connus avant le Manoir ?

– Ce serait Léo qui l'aurait attiré ici ?

En disant cela, Liam parlait du fait que quand deux fantômes ont un lien, l'esprit de l'un attire inconsciemment l'autre. L'esprit est, dans la mort, plus puissant que tout.

Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant