Chapitre 35

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Cléa avait mal. Une douleur sournoise, qui venait d'un peu partout.
     Elle ne sentait plus son corps, aussi la douleur était tout ce qu'elle avait pour le moment. À part ça, elle aurait pu être sous une pluie de bombe qu'elle ne l'aurait pas senti !
     En fait, elle ne savait carrément plus ce qu'il se passait hors de son esprit. Combien de temps cette paralysie avait-elle duré ? Des jours ? Des mois ?
      Lui avait-on parlé, faisait-il nuit dehors ? Mystère. Pour le moment il ne lui restait que son esprit, et l'Eidolon.
      Celui-là n'avait pas bougé. Cléa se sentait embrouillée dans ce flot de pensées, aussi avait-elle créé une sorte de prison mentale : une petite pièce, fermée, avec une représentation d'elle et de lui. Vague ?
       C'était tout simplement comme si elle était enfermée avec lui dans une pièce et qu'elle discutait pour passer le temps. Elle n'avait qu'à imaginer cette pièce et elle au milieu, lui adossé au mur.
      Étrange, peut-être. Mais était venu le temps des négociations avec son colocataire. Et puis de toute façon, tous les deux étaient dans un corps inerte, alors que faire d'autre ? Et ça avait son avantage : ils partageaient le même esprit, alors de temps à autres elle avait accès à des souvenirs, des éléments de sa vie.
     Dans sa pièce imaginaire, il se matérialisait par la forme d'un homme assez grand et musclé. Il avait la cinquantaine, les cheveux gris et courts et une barbe taillée. Très en forme pour un gard de son âge. Habillé d'un pentalon de chantier et d'un t-shirt simple, il arborait un tatouage violet au creux du cou, une marque.
      Elle savait que s'il pouvait entrer dans l'esprit fantôme de quelqu'un et même se diviser, c'était dû à la faiblesse de son âme. Une âme vieille, bien plus que ce que l'on pouvait croire au premier abord. Cléa ne savait pas comment ces yeux brillants d'intelligence avaient pu réussir à se rendre presque immortel. Mais si son âme était si faible, c'était bel est bien parce que l'homme avait dépassé les mille ans d'existence. Impossible à croire, mais les souvenirs qu'il lui laissait voir ne prouvaient rien d'autre, elle savait qu'ils étaient vrais. Encore une idée étrange sortant tout droit du monde de Percy !
      Cléa avait accès à tout ce que l'homme avait fait récemment. Récemment ou ce qu'il la laissait voir. Et c'était ça, le plus important là-dedans : tout ce qui avait pu se passer, depuis le tout début, lui était dû. Le début ?
      Ça avait immédiatement commencé à l'arrivée de Percy. Cléa voyait l'Eidolon s'introduire dans son esprit le matin juste avant la première fois où elle lui avait parlé, s'installer confortablement et prendre les commandes aux bons moments.
      Quels moments ? Il prenait les rennes aux moments où Cléa faisait remarquer la dangerosité de Percy, à celui ou elle avait suggéré de fouiller sa chambre. Aux moments où elle croyait contrôler tous ses actes mais n'avait en réalité aucun pouvoir face à lui. Il la manipulait, pour lui faire dire des choses méchantes à des moments bien précis.
       Mais elle savait qu'il avait agi ainsi pour autre chose qu'assouvir une vengeance envers Percy, en faisant tout pour le faire être rejeté. Il n'y avait aucune méchanceté dans ses actes. Non, s'il avait fait agir ainsi, c'était pour avancer un pion sur le jeu d'échec : avancer une pièce inutile pour faire réagir la pièce importante de l'autre camp.
        La faire crier sur Percy ? Réduire la confiance, empêcher de nouer trop vite une amitié et le rapprocher un peu plus de Liam plus tard, en jouant dans l'ombre. Et cela avec n'importe quelle action qu'il avait forcé Cléa à faire. Tout avait été calculé, réfléchi. Lui faire fouiller sa chambre ? Montrer la méfiance, le tester et le faire réagir d'une certaine façon plus tard.
     Dans le jeu Cléa avait été une pièce clé, comme le dit son nom : une personne proche de Liam, à même de provoquer une médisance.
      Mais il savait aussi diviser son âme : alors que la moitié restait aux commandes chez Cléa, l'autre s'amusait à rendre visite à Percy et lui pomper toute son énergie : juste de quoi l'empêcher de sortir faire une ronde une fois que Charon l'eût déposé au Manoir, parce qu'il savait qu'Octave de son côté n'attendait que ça pour frapper. Effacer les souvenirs de Percy avait été crucial également, parce qu'ainsi il ne se douterais pas immédiatement du pétrin dans lequel il était tombé. Pareil avec Léonidas, au moment où il l'avait mis hors-circuit pour permettre aux choses de s'enclencher : si les gris n'avaient pu s'échapper, le plan final serait tombé à l'eau.
      Dans tout les cas, il avait fallu à l'Eidolon un corps. Elle avait été parfaite. Mais le problème, c'était que la cohabitation forcée affaiblissait le corps de la jeune fille. Plus sa présence se faisait longue, plus son image s'endommageait. Ainsi à présent, elle était momentanément dans le même état que son envahisseur : un petit nuage invisible bouillonnant de pensées. Prisonnière de son propre corps.
     Bien sûr elle s'en remettrait, cela n'allait durer que le temps que durera l'occupation de l'autre. Mais pour le moment, cet Eidolon avait encore des choses à régler. Cette fois, avec Cléa : plus aucun corps tous les deux, cependant il suffisait de leurs talents d'esprits possesseurs.
      Elle regardait son nouvel ami dans les yeux. Il venait juste de sortir, et lui devait des nouvelles de l'extérieur. Elle ne savait pas comment faire, mais lui savait diriger quand chaque particules de son corps était dispersée dans l'air. Il sortait de temps en temps, même avec la paralysie de Cléa.
       Cléa se faufila dans le dédale de l'esprit de l'autre, et il lui montra le dernier de ses souvenirs : Liam et Percy étaient de retour ! L'Eidolon lui avait expliqué que la poudre d'octave jetée sur Liam, ça avait été l'idée qu'il avait insufflé au gris. Ça faisait parti du plan. Enfin, les garçons étaient de retour, et revigorés par la force de leurs sentiments, ravivés par ce qu'ils venaient de revivre ! Leur colère serait double, et Octave allait disparaître cette fois sans ratés, le plan marchait.
       L'Eidolon était allé faire un tour du côté d'Octave, et savait qu'il était pile à l'heure pour commencer l'attaque. Pile à l'heure voulue par le plan.
       Parfait.
       Cléa se remémora le plan final : il lui en avait parlé, et seulement ainsi elle l'avait cru. Elle fouilla dans l'esprit de l'autre pour s'en rappeler les phases : elle en retrouva l'origine de cette histoire.
       Ce souvenir, elle l'avait déjà vu : L'Eidolon devant le trône d'Hadès, dieu de la mort. Elle le voyait fulminer sur son trône, exhorter ses gardes-squelettes de chercher encore et encore. De chercher Percy.
       Car le dieu de la mort brûlait de colère de ne pas retrouver Percy, et dépêchait chaque garde de son palais à la recherche du jeune homme. Désespéré, l'Eidolon avait été sollicité. Par son intelligence Hadès savait qu'il parviendrait à le retrouver.
      Ce qu'il ne savait pas, c'était que si l'Eidolon avait retrouvé Percy, il ne voulait pas qu'il tombe entre les mains du dieu des enfers.
     Voilà pourquoi il s'était débrouillé pour amener Percy au Manoir : il changeait de religion, échappait au contrôle des dieux. Si au Manoir on allait à l'au-delà et pas aux enfers, ce lieu était un excellent refuge pour un demi-dieu mort et en danger.
       Là était donc la source de l'histoire, et du plan final : sauver Percy.
       Cléa continuait sa navigation. Elle voyait le souvenir d'Octave essayant de créer une alliance avec l'Eidolon : le plan de ce crétin planétaire était de se venger de Percy en profitant de son état de mort. L'Eidolon s'était appliqué à lui mettre des bâtons dans les roues après lui avoir fait gentiment comprendre qu'il pouvait aller au tartare. Bonne chose d'ailleurs.
     Cléa voyait le souvenir des enfers. La régions pour les gens normaux était triste, beaucoup trop. Longue plaine de désespoir et de tourment, façonné à la désolation, la morosité l'ennui : les champs d'Aspholède.
      Puis, une scène apparut devant ses yeux. Celle d'un Percy tout jeune, le même âge qu'elle (14 ans) qui discutait avec quelqu'un qu'elle ne voyait pas, devant une forêt.
Percy avait des cernes énormes sous les yeux et marmonnait à voix basse.
Un coup d'oeil nerveux et évasif permit à Cléa de comprendre qu'il parlait de la personne qu'était aujourd'hui l'Eidolon.
- Pourquoi tu m'as montré ça ?
     La forme imaginaire en face de lui haussa les épaules. Ce mec était intelligent. Trop.
- Si c'était un compliment alors je te remercie, fit-il.
- Arrête de lire dans mes pensées !
- Si tu veux...
- Bien. Parlons de choses sérieuses veux-tu ? Je ne veux pas savoir comment tu as convaincu Octave de se replier dans la forêt, ni comment tu as su quels souvenirs tu devais retirer à Percy ou encore comment tu as pu mettre Léonidas hors-service le temps de réaliser tes plans fumeux. Ce que je sais, c'est qu'Octave attaque bientôt, les minutes sont comptées. Le problème mon gars, c'est qu'on a un corps inerte, un Percy et un Liam à peine arrivés et un idiot de gris sur les bras. Alors je te le demande : ON FAIT QUOI BORDEL ?
- J'y réfléchis, laisse moi le temps...
- Mais on a PAS le temps ! Bouge toi le popotin bon sang !
     Il la regarda avec un air mi-exaspéré mi-amusé.
- J'ai un début de plan, mais si on y réfléchis ensemble ça devrait le faire d'accord ? À deux ça ne peux que marcher.
- Envoie, grouille !
《 Déjà, on va partir tous les deux en observation cette fois. Comme je l'ai affaibli, ton esprit est plus léger : tu es capable des mêmes choses que moi, il faut juste que tu apprenne à contrôler ce qu'il te reste au moment où on sera hors de cette enveloppe charnelle. Tu devras me promettre de suivre chacune de mes instructions, sans quoi rien ne marchera.
On va devoir aller observer ce qu'il se passe dans le hall, je pense qu'il va se passer quelque chose d'assez important. Notre boulot à nous a ce moment là, ça va être d'entrer dans l'esprit d'Octave. Tu pourras le faire aussi crois moi.
Dans quel but ? À ce moment là va se déclencher son plan. J'ai pu comprendre qu'il prévoyait un assiègement en grandes manoeuvres, notre boulot sera de le faire le tourner de façon à ce qu'il soit dans le hall dès le début. On doit le mener à affronter Liam et Percy, en le séparant des autres. Jusque là tu me suis ?
Bien. Luke maintenant. Une fois qu'Octave est bien en mauvaise posture, on le plante là et on s'en va, fissa. Tu te chargera d'entrer dans son esprit, seule : il est de notre côté, dis lui simplement d'aller se mettre à l'écart le temps de l'action et de nous rejoindre plus tard, pour te remettre sur pieds en express - à la fin du plan.
D'ici là, on espère qu'Octave en ai eu pour son grade. Il mise gros sur les effets de la poudre pour avoir mené Percy voir ses amis et son passé. Vu sa situation, nous on doit miser sur le fait que Percy soit assez en colère pour lui mettre un bon coup de pied là où tu penses, ou qu'il en ai parlé à un de ses amis susceptible de l'aider. On mise peut être gros, mais on parie sur le fait qu'Octave n'y coupera pas.
Donc, sors de l'esprit de Luke et rejoins-moi. Normalement au moment où tu me rejoindra, j'aurais manipulé par-ci par-là ; le train sera mis en marche pour assurer une victoire de notre côté. On devra surveiller les événements. Le plan aura du mal à être perturbé, personne ne peut nous atteindre. Néanmoins tout peut arriver, nous devons être ensemble au maximum.
Dernière partie, on retrouve Luke, on te remet sur pied et on se débarrasse des gris qu'il reste.
Le tout, dans la discrétion : on va agir dans l'ombre, tout le monde comprendra ce qu'il va se passer quand tout sera fini. Et ça doit être rapide ! Ça marche ? 》
    Elle hocha mentalement la tête. Elle savait qu'elle n'avait pas d'autre chance... En espérant qu'il n'y ai pas d'entourloupe. L'homme devant lui avait les yeux brillants de gravité. Cléa savait qu'elle devait lui faire confiance.
     Le grec lui prit les mains fermement et lui intima de fermer les yeux. Elle obéit, et alors que son esprit délaissait son corps, elle se sentait devenir légère, chaque particule de son âme immatérielle s'éparpillait dans l'air pour devoir naviguer sans amarres pour la première fois.
- Pourvu que ton plan marche, Dédale.

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FINIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIENFIIIIIIIIIIIIIIIIIIN.
Je parle juste du chapitre hein.
Bawi
Donc ! Voilà un mois que je me démène avec ce chapitre, tellement de retard !!! Tellement que certains se sont inquiétés (Je suis en vie c'est bon tout va bien 😊😗)
Entre le voyage en Écosse, les lycées (😭😬😐🤕😟😞😖😭) l'oral blanc et le brevet, les devoirs et le syndrome de la page blanche...
Quel mois !!!
Bref.
Retard. (Je vais culpabiliser pendant 6 mois ça y est !!)
Le prochain je vous le dit tout de suite n'arrivera pas avant fin juin ou juillet. Peut être si chance, mais entre brevet lettres dossiers révisions et famille ce sera un peu ouf.
Ewe
Le chapitre 36 n'en est même pas au quart...
On est tous morts kwa
Youpi
Ce qu'il m'a le plus manqué ce sont vos avalanches de commentaires 😭😅🖤🖤
Bref...
A dans longtemps et biiiises !!!
🖤🖤🕵️‍♀️🖤🖤

 A dans longtemps et biiiises !!! 🖤🖤🕵️‍♀️🖤🖤

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Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant