Chapitre 24

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    Percy s'était évanoui de fatigue. De son vivant, créer une tempête si insignifiante ne lui aurait laissé qu'une légère somnolence. Cependant il était à présent banni du monde matériel, contrôler des choses d'un autre monde le fatiguait bien plus. Même à deux, Marcus et lui n'avaient pas tenus longtemps - Percy en pâtissant bien plus vu sa consistance, étant pourtant autrement plus puissant.
    Marcus était, comme Percy, un fils de Poséidon, d'où la ressemblance. Dans l'antiquité, les trois grands dieux (Zeus, Poséidon et Hadès) allaient voir ailleurs bien plus facilement qu'il ne le font au XXI siècle, le pacte n'ayant été fait qu'après la seconde guerre mondiale. Après celle-ci, constatant les horreurs commises par leurs enfants, les trois grands dieux avaient jurés de ne plus engendrer de demi-dieux - promesse rompue par Poséidon avec la naissance de Percy par exemple.
    Percy n'avait donc pas l'habitude d'avoir comme les autres demi-dieux un demi-frère qui ne soit pas un cyclope ou un immortel. Cette expérience était vraiment nouvelle : pour une fois, la vérité sur le fait que son père aussi était un coureur de jupons le frappait.
   Percy étant plus vulnérable que son demi-frère, était tombé au sol comme une poupée de chiffon, tandis que Marcus luttait pour ne pas l'imiter. Liam et lui avaient (à ce qu'il avait ensuite compris n'ayant pas vu la scène) étés emmenés d'une poigne ferme par les soldats - heureusement que leur toges appartenaient au monde des vivants, sans quoi les soldats auraient eu droit à une frayeur de plus !
   La plupart d'entre eux étaient trempés de la tête au pieds, leurs armures dégoulinant en produisant des bruits spongieux réguliers. Tous regardaient leurs prisonniers d'un air méfiant, craignant sans doute que Percy ne se réveille et se remette à jouer a comment-apprendre-à-voler-en-trois-leçons-avec-Percy-Jackson.
On les comprenaient n'empêche : Percy avait accompli des prouesses divines en utilisant ses pouvoirs de sang-mêlé devant des gens d'une société polythéiste, normal que cela les inquiète. Se déclarant comme étant un dieu par dessus le marché n'avait rien détrompé ni arrangé - même si son évanouissement avait du les embrouiller.
   Enfin. Au bout d'une minute de marche, Percy avait émergé de son rêve, rêve maudit. En effet, il avait une fois de plus revu le moment de sa mort, sauf que cette fois il n'avait pas vu une ombre observant la scène, mais deux - toujours sans pouvoir en identifier une. Rageant.
    Et lorsque Percy s'était réveillé, il était traîné dans les rues de Rome, Liam marchait à côté de lui et les deux autres les suivaient en mode incognito. Une rapide analyse de situation lui avait permis de constater que la meilleure solution, pour son état et celui de Marcus, était de suivre sans protester pour le moment.
    À bien y regarder, on comprenait vite que les soldats menaient leurs prisonniers dans le sens inverse de l'endroit d'où ils venaient, et c'est par un chemin différent qu'ils se rendaient au même endroit que tout les autres avant eux : au bout de la fameuse Via Sara, au Colisée.
    Lorsque Percy vit leur destination, il se débatit sans succès :
- NON ! Non, je ne veux pas y retourner !
- Vous allez y rencontrer Octave, déclara le soldat d'un ton qui se voulait ferme mais qui tremblait un peu trop pour que ce soit crédible. Il va décider de votre sort.
   Oups, la galère. Quelle poisse !
  La parole accompagnant l'action, les soldats ne firent pas entrer Percy et Liam (ainsi que les deux autre protagonistes en planque) par les grandes coursives et arcades du pourtour menant aux gradins, mais par un couloir descendant sous le bâtiment, dans les coulisses du plus célèbre amphithéâtre romain - un véritable labyrinthe. Au dessus de leur têtes, les planches en bois laissaient échapper un peu de sable par-ci par-là, tremblant sous le mouvement des personnes au dessus.
    Parmi les choses qui les frappèrent, il y avait l'odeur : odeur de fauve, de renfermé et de sueur. Puis, plus violent encore, le bruit : au dessus d'eux les planches en bois n'étouffaient qu'à peine la clameur assourdissante de la foule. C'en était incroyable : des cris, des hurlements, des huées et des encouragements, un véritable carnage ! On aurait dit un stade de foot entier jouant à je-me-défonce-les-cordes-vocales !
    Autant dire que ça s'annonçait bien. Percy s'arrêtera un instant pour regarder Marcus, comprenant qu'ils n'auraient pas le choix. Qu'avaient fait nos deux intrus pour qu'ils méritent de se retrouver là au milieu, bonne question. Seulement, il allait falloir qu'ils s'en aillent d'ici et vite, aussi Percy adressa un regard à Marcus : " Fais ce qu'il faut " souffla-t-il. C'était une manière de lui faire faire ce dont ils avaient parlés plus tôt : avant l'arrivée des soldats, Marcus lui avait dit qu'il connaissait une personne à Rome qui savait comment Liam et lui pourraient retourner dans leur présent. Ils avaient donc besoin de lui, et comme Marcus ne savait pas exactement où le trouver, il devait partir à sa recherche.
   Le frère de Percy disparut donc, se téléportant pour retrouver cette personne au plus vite, comme était prévu si il n'y avait pas eu les soldats : ne restait donc que Vittelius avec eux. Percy baissa la tête et se laissa entraîner, résigné.
    On monta les escaliers (évidemment pas droits, les romains ne connaissant visiblement pas le sens du mot " équerre "), et les soldats leur fit attendre que les gladiateurs au centre de la " scène " aient finis de s'entretuer. Liam détourna le regard, ne voulant pas être happé par ce spectacle horrible.
    Les soldats s'avancèrent ensuite dans l'arène circulaire jusqu'à la tribune de l'empereur. La foule hua cette intervention, réclamant le retour des massacres, et Percy fusilla le public du regard, dégoûté. Ses yeux s'arretèrent sur la tribune principale, voyant un ombre sous les draps le protégeant du soleil se lever et ordonner d'un geste à la foule de se taire. 
- Ave, Augustus !, crièrent les soldats tels des machines coordonnées.
    Ah, tiens, Octave. Genre Octave l'Auguste empereur.
    Pour la chance, ils pouvaient repasser : quelle méga-poisse !

Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant