Chapitre 28

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– Ça fait mal !, râla Percy.
– Bienvenue au club, sourit faiblement Liam.
– Pas drôle. Marcus ?
– Il n'est pas là non. Il devait pas arriver après toi ?
– Nan, il a disparu avant. Il a dû atterrir ailleurs. Mais du coup, pourquoi c'est moi qui dois te supporter ?
Liam rit, ne bougeant pas trop. Il se sentait étrangement gagné de consistance, sans savoir pourquoi.
Si cette fois le départ avait été plus long, l'arrivée aussi. Plus douloureuse d'ailleurs, raison pour laquelle Percy et Liam restaient allongés sans un geste. Ce déménagement forcé répandait une douleur sourde dans chacun de leurs muscles.
– Galère, grommela Percy. On fiche quoi ici ? Et comment tu sais qu'on est en France toi ? J'entends pas d'accordéons.
– Mec, c'est quoi ce cliché ? Je sais pas, j'ai comme ce sentiment. Je suis sûr qu'on est bien à Tours, c'est tout ce que je peux te dire.
Cinq minutes. C'était le temps depuis lequel Liam et Percy étaient allongés sur le toit d'un grand immeuble de tours. Pourquoi étaient-ils ici ? Mystère et boule de gomme.
Plus que la douleur physique, celle morale rongeait Liam. D'abord à cause de l'état de Cléa, mais surtout, une autre prenait le dessus petit à petit. Il ne savait pas quelle en était la raison, mais elle grandissait dans sa poitrine au fil des secondes.
Il savait où il était. Il savait en quelle année, quel événement était imminent. Au fond de lui, il espérait se tromper.
Ne supportant pas de rester allongé, Percy se redressa et respira un grand coup. Il attendait que sa tête cesse de tourner pour se lever complètement.
Le paysage était beau, le fleuve scintillait sous le soleil. On voyait loin, et cet ensemble hétéroclite de style de bâtiments rendaient le tout plaisant. Des anciens monuments en pierre (palais de justice, musées ou encore églises chrétiennes) se concentraient à un endroit, tandis que non loin on en voyait des plus récents. On reconnaissait bien là le caractère Français !
Percy se dit que ce serait bien que son amie Piper soit là. Elle au moins parlait Français, en tant que fille d'Aphrodite : la langue de l'amour. Percy, lui, ne connaissait rien à la langue compliquée qu'elle était. Encore plus galère.
Le brun regarda son ami, qui était blanc comme un linge.
– Debout Liam !, s'exclama-t-il en voyant bien que son ami avait besoin qu'on le secoue un peu.
Liam obtempéra, un peu à contrecœur. Il contempla la ville, cette ville qui l'avait vue naître. Cette ville qui l'avait vu mourir. Ça lui faisait un choc de se retrouver là, à cet endroit si familier pour lui mais qui pourtant lui paraissait étranger, au vu du temps qui s'était écoulé. Paradoxal.
Enfin remis, Percy se leva, vite imité par Liam.
– On fait quoi ?, demanda Percy.
– On se tire d'ici. J'ai un mauvais pressentiment
– Ça marche.
Liam s'empressa de descendre de là. Il emprunta l'escalier et descendit, mais Percy derrière lui, se stoppa net alors qu'ils atteignaient le quatrième étage.
– Percy, descend !, l'incita Liam tandis que ce dernier sortait son épée.
– Attends. Il y a un truc qui cloche...
– C'est normal.
– De quoi, qui est normal ?
– C'est là que..., hésita Liam. C'est là que mes vrais parents sont morts. J'ai compris en voyant l'immeuble d'en face, c'est le même que sur la photo du journal.
– Quel est le rapport ?
– Mes parents ont été tués par les hommes du parrain de la Mafia. Un tireur embusqué leur à tiré dessus en profitant de l'absence des propriétaires de l'appartement. La photo de la fenêtre était dans plusieurs des journaux que j'ai retrouvé après ma mort - c'est en fait grâce à eux que j'ai pu comprendre. Et je suis quasiment sûr que ça va se produire dans peu de temps.
Percy fronçait les sourcils, étonné.
– Ah ouais quand même. Tu n'as pas vu le meurtre ?
– Nan, j'étais encore bien trop jeune, et je n'étais pas présent à ce moment là.
– Il y a des gardes du corps ?
– D'après les journaux, ouais. Percy ne fais pas l'andouille, j'ai pas envie de voir ça...
– Suis moi !, l'interrompit Percy.
– Percy, non !
Trop tard. Percy se faufila dans les escaliers, et descendit encore un étage avant de traverser (littéralement) une porte comme s'il savait laquelle c'était. Liam soupira d'exaspération avant de le suivre. Il traversa la porte à son tour et vit Percy, immobile, observer la scène qu'il avait sous les yeux.
Les parents de Liam étaient devant lui. Catherine et Thomas De Falestan.
Liam ne voulait pas voir ça, mais sa curiosité sans limite l'empêcha de faire un geste : et si... Et si cette chose qui les faisait voyager dans le temps ne les laissait partir qu'une fois que la personne concernée avait fait face à son problème ? Et si les journaux que Liam avait trouvé n'avaient pas eu toutes les informations ? Liam avait l'intuition que quelque chose manquait.
Il observa la scène. Catherine et Thomas ressemblaient bien à la description que s'était faite Liam, à un point près...
Ils se tenaient au milieu de la pièce, assis sur le canapé : Catherine observait un plan en faisant des petites croix dessus, et Thomas jouait avec un petit poignard - si seulement c'était les seules armes qu'on pouvait trouver sur eux. En effet, le couteau de chasse à la cheville de la jeune femme se cachait à peine sous son Jean, et l'épée rangée bien sagement dans le fourreau à la ceinture de Thomas prouvait bien qu'ils avaient de quoi se défendre. Or, les journaux n'avaient jamais mentionnés qu'ils étaient armés.
On distinguait, derrière une porte, l'ombre d'un garde du corps. Au fond de la pièce, un autre, campé sur ses jambes, restait impassible sous cette cagoule qui dissimulait son visage.
Sans raison apparente, personne ne semblait remarquer la présence des deux fantômes. Étrange, et pour une fois ils purent en profiter pour observer la scène.
Les adultes semblaient se mettre d'accord sur le plan que Catherine tenait entre les mains. Un plan... pour s'échapper de leur propre appartement ? Non, un plan de bataille.
Ils parlaient à voix basse, leur voix étaient emplies de résignation. Ils savaient déjà qu'ils mourraient bientôt.
Un poing de glace serra le cœur de Liam, alors qu'il les voyait prêts à rendre les armes.
Un mouvement de Thomas permit à Liam d'apercevoir un détail : il portait au coup un collier, avec six perles d'argile enfilés dessus. Le même collier que Percy. Catherine en portait un elle aussi.
Étonné, Liam jeta un regard dans la direction de son ami : il observait la scène, tétanisé. Une tristesse furieuse pointait dans ses yeux. Cette lueur, il l'avait toujours vu dans le regard du jeune homme, il n'y avait seulement jamais prêté attention - il aurait sans doute dû. La petite flamme secrète qui brillait parfois en sourdine dévorait à présent le regard bleu-vert de Percy.
Liam comprenait pourquoi Percy avait un tel regard. Il était comme eux.
– J'avais tord..., murmura Percy.
– Pourquoi ?
– Parce que tu n'est finalement pas un fils d'Athéna. C'est ta mère qui l'est. Et ton père à les yeux bleus, donc c'est sûrement pour ça que tu n'as pas les yeux gris des enfants de la sagesse.
Il parlait d'un ton neutre, calme. Liam regarda sa mère, une grande brune aux yeux gris comme l'orage un jour de tempête.
– C'est à ça qu'aurait ressemblé ma vie si... si je n'étais pas mort. Ma petite amie aussi était une fille d'Athéna, et lui me ressemble aussi - même si je dirais que lui est plutôt un fils d'Hermès.
Si je n'étais pas mort. C'était bien la première fois que Percy le disait à voix haute, la première fois qu'il se l'avouait. Liam ne lui posa pas de questions sur cette histoire de dieux auxquels Percy croyait : il comprenait bien que ce n'était pas le bon moment.
Percy se crispa, et la scène qui demeurait immobile depuis l'arrivée des intrus s'anima enfin.
Un bruit sec et bref se fit entendre, celui d'un coup de feu. Le garde du corps sursauta, et Catherine et Thomas se retournèrent. Le bruit venait de la fenêtre, celle qui donnait sur le poste de tir présumé du tueur. Heureusement, personne n'avait été touché.
Et ce n'était qu'une diversion.
Les journaux avaient menti, ou bien la chose avait été assez bien transformée pour que ça passe pour la vérité. En fait, ce n'était pas une balle de fusil qui était venue à bout des Falestan.
Les demis-dieux étaient tournés vers la fenêtre, et ne s'attendait sûrement pas à ce que le garde du corps derrière eux ne se transforme en bestiole pas sympa.
Le garde du corps tourna à peine la tête, et Percy écarquilla les yeux quand il vit ceux de l'homme : l'un était bleu, l'autre marron.
- Oh non, pas lui... Non non non...
Il le connaissait : ce monstre lui avait déjà pris Annabeth il y avait des années de cela, et il avait dû traverser les États-Unis pour la retrouver.
- Vous êtes partis loin de l'Amérique pour rien, dit-il en enlevant sa cagoule.
Sous celle-ci, le professeur Thorn (son nom d'humain) affichait un sourire sadique, qui effrayait maintenant les deux adultes. Sous leur yeux il se transforma en créature tigrée aux longues dents. Le manticore gronda, et les parents de Liam eurent le temps de se retourner et d'esquiver les dards que leur lançaient le monstre. Les deux adultes sortirent aussitôt des armes supplémentaires de cachettes subtilement disséminées dans l'appartement.
Liam détourna le regard. C'était donc ça la vraie histoire ? Il était complètement paumé, son esprit toujours si logique était dérouté par cette scène.
Pas possible. Ça ne peut pas être une bestiole de trois mètres de long qui a tué mes parents ! disait son cerveau.
Regarde encore, patate farcie ! 》répondait ses yeux. Hallucinait-il ?
Sous ses yeux incrédules, Liam vit ses parents se battre dans un combat qui, ils le savaient, était vain.
Son père vit son épée lui être retirée des mains et un dard se planter dans son ventre. Percy grimaça au souvenir du poison douloureux qui lui avait rongé l'épaule quand il avait lui aussi été touché ainsi. Heureusement, lui n'avait pas été touché trop gravement, ce qui n'étais pas le cas de Thomas.
Sa mère fut d'autant plus farouche, mais tint bon peu longtemps avant de succomber elle aussi.
Quelle horreur.
Le monstre reprit sa forme humaine et partit tranquillement appeler les secours, commandant au passage à ses hommes de main (les autres gardes du corps) de nettoyer les preuves.
La police arrivait déjà, alertée par le coup de feu. Tandis que des alarmes des ambulanciers et pompiers commençaient eux aussi à résonner dans les rues de Tours, le noir saisit les deux ados. Le néant les rappela, ne leur laissant que le temps de voir deux formes un peu floues se relever à l'endroit où les corps de Catherine et Thomas reposaient, inertes. Deux âmes de plus pour errer sur Terre.
Une fois encore, ils subirent le déménagement forcé. Changer de temps, de lieu... Au moins cette fois ils n'étaient pas passés par la sieste forcée, ils avaient directement sombré. Génial.
Pour un coup, l'atterrissage fut vertical. Liam et Percy furent enfin en mesure de voir. Ils étaient dans un couloir aux murs d'un blanc triste, dans l'ambiance aseptisée d'un hôpital. Pas n'importe quel hôpital : celui de Tours. Liam reconnaissait aisément les couloirs qui l'avaient accueillis alors que les médecins le passaient de chambre en chambre.
Un bruit rompit soudain ce calme : les infirmiers et chirurgiens couraient, tandis que le garçon blond dans la civière qu'ils tiraient avec eux était agité de spasmes violents, sur un pont entre la vie et la mort.
Ce garçon s'appelait Liam, il n'avait que 14 ans. Et il venait de faire une crise de plus : son cancer avait encore frappé. La mort n'était plus très loin pour cet ados, et même, elle l'observait, plaquée contre un mur du couloir.
Car en effet, quatre fantômes regardaient passer cette civière.

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Bien le bonjour !
J'ai deux petites choses à dire là :
D'abord, j'en suis par écrit au chapitre 33 !
Ensuite, je participe au concours X-Writor. Or, certains jurés sont déjà passés sur mes histoires, et leur obligations telles que rester anonyme, ne pas copiner, être objectif, en ajoutant au fait qu'ils on beaucoup de fictions à lire et juger, peuvent faire que leurs commentaire sont francs, et peuvent même être acerbes - ce n'est pas le but mais on n'oublie pas qu'ils ont trop peu de temps pour donner dans la dentelle.
Or, certains sont critiqués par de lecteurs, parce qu'ils ne savent pas le but de leur venue. Ce n'est pas mon cas, mais je tiens juste à vous informer de ça afin de ne pas avoir de quiproquos involontaires 😅
(Ces commentaires sont dans mes premiers chapitres)
Bref à priori j'ai tout dit !
Oh, aussi, si vous avez certaines mises à jour de cette histoire, C'est juste une correction ^^
Bon, bis !

(Note à moi même : ce chapitre compte 2169 mots, publié le 18 février 2018)

Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant