Chapitre 7

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 Le réveil fut difficile. Rien d'étonnant, la nuit avait été chargée : avec l'arrivée du nouveau et la visite au bureau du docteur, Liam ne savait même pas à quelle heure il s'était couché.

Il ouvrit péniblement les yeux et comprit ce qui l'avait réveillé : la lumière entrait à flots par la fenêtre. Il était autour de midi à en juger la lumière vive qui l'éblouissait – alors qu'il se souvenait pourtant avoir fermé les rideaux quelques heures plus tôt. Manifestement, quelqu'un les avait ouverts.
Ce quelqu'un était d'ailleurs assis au bout de son lit, et le regardait avec un sourire aux lèvres :
– Alors comme ça on fait la grasse matinée ? J'en connais un qui n'a pas dû beaucoup ronfler cette nuit ! Escapade nocturne ?
– Ok, tu m'as grillé Cléa, marmonna Liam. Je rêve où tu me regardais dormir ?
– Tu rêve, fit-elle. Allez, habille-toi la marmotte !
– Et qu'est-ce que tu fais là ?
– Monsieur à raté le petit-déjeuner et le cours de français, et il me demande ce que je fais là ? Disons que j'en avais marre de t'attendre.
– Génial, grommela Liam. Je suis le seul ?
– A avoir fait la grasse matinée ? Non, Percy aussi à dormi jusqu'à midi, pourquoi cette question ? Vous êtes allés où tous les deux ?
– Voir la carte.
– Je vois, soupira-t-elle. Tu peux jamais t'en empêcher ein ? Bon, raconte !
Cléa était exaspérée : Liam allait toujours voir la carte, et à chaque fois il y entrait, par accident ou pas, et se retrouvait dans le passé.
Il s'était ainsi retrouvé dans des situations de dingue, de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la Chine en -210, en passant par un siège de fort durant la période des rois de France ou encore l'explosion du Vésuve a Pompéi. Il finissait toujours par se mettre en danger, ce qui rendait Cléa anxieuse à chaque fois qu'il y allait. Des dangers comme perdre son âme ou encore rester bloqué dans le passé pour toujours, car parfois, la carte faisait sa capricieuse et ne le laissait pas repartir pendant un certain temps.
D'après ce qu'ils avaient pu en comprendre, elle réagissait comme une peau humaine, et à chaque fois que Liam y entrait, il y faisait un trou. S'il y restait trop longtemps, la carte commençait à cicatriser, et a ce moment-là Liam ne pouvait plus repartir avant qu'elle n'ait fini de se réparer.
En gros, il pouvait donc entrer dans la carte à n'importe quelle époque et se promener où il voulait, dans le passé comme le présent, puis revenir en levant simplement les bras au ciel. Liam était le seul à pouvoir interagir avec elle : Cléa avait essayé une fois, et il lui avait fallu une semaine pour sortir de son lit après ça.
Liam raconta donc à Cléa les aventures de la nuit précédente, sans omettre la discussion que lui et Percy avaient surpris entre le docteur et Raoul.
Il arrivait à la fin du récit quand un bruit de porte l'interrompit : quelqu'un entrait dans la pièce.
– Hey ! s'écria Percy. Alors il paraît que tu as hiberné ? plaisanta-t-il à l'intention de Liam.
À son entrée, Cléa avait sursauté si fort qu'elle en était tombée du lit, Percy lui tendit la main. Elle faillit la prendre, mais elle se reprit à temps.
- Euh, merci Percy, mais on n'a pas le droit de se toucher, lui rappela Cléa.
Percy marmonna un "excuse-moi" et referma la porte avant de s'asseoir à la chaise du bureau.
Il était habillé, coiffé, mais il avait des cernes et paraissait éreinté. Il n'avait pas dû s'endormir aussi vite que Liam.
- Quand on parle du loup... D'ailleurs, continuas-t-elle, tu peux parler, toi aussi, tu as hiberné ce matin ! Enfin, tu n'aurais pas dû fermer la porte, je m'apprêtais à aller déjeuner.
– En fait Cléa, je crois plutôt qu'il faut qu'on parle, bailla Liam.
– Pour te donner une excuse pour rester plus longtemps dans ton lit ?
– De l'arrivant de cette nuit.
– On peut pas en parler à table ?, dit Cléa en regardant furtivement Percy.
– Justement non, intervint celui-ci. Et non Cléa, je n'ai pas dormi ce matin, je suis allé voir le docteur.
– Je comprends pourquoi tu a l'air d'un épouvantail, parce que vu la nuit que vous venez d'avoir en gros tu n'as pas dormi du tout !, rit Cléa. Et alors ?
– Ta gentillesse te perdra un jour Ann... Euh Cléa, je voulais dire. En fait, le docteur n'était pas là, alors j'ai... Fouiné un peu. Je suis tombé sur un classeur en bois avec un paquet de fiches, avec sur chacune le nom et l'âge de chaque pensionnaire du Manoir et une bande de tissu, sur chaque fiche, pas toujours de la même couleur.
– On connaît déjà ce classeur, dit Liam.
– Et vous saviez qu'il y en avait une avec deux bandes de couleur ?
– DEUX ? s'écrièrent Liam et Cléa en cœur.
– Impossible, souffla Cléa, tu as dû mal voir !

Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant