Chapitre 27

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  Huit heures. C'était le temps depuis lequel Liam veillait sur Cléa, sans pause : on n'allait pas le voir pour lui laisser son intimité, mais on savait qu'il ne faisait que rester dans le fauteuil à côté du lit, à écouter le bruit ténu de sa respiration.
Lorsqu'il était entré dans la pièce et qu'il avait vu la jeune fille dans cet état, il avait eut un flash-back : il avait revu le moment où, une heure plus tôt, Percy était exactement dans le même état.
Elle avait la même chose que lui : inerte et secouée de soubresauts irréguliers, elle partageait sans doute une douleur similaire. Roulée en boule dans le lit de sa chambre virtuelle, elle était surveillée d'un œil inquiet, peu sûre de trouver le repos. Chacun de ses spasmes la faisaient souffrir un peu plus, tout autant que Liam qui sentait à chaque fois son cœur se serrer dans un étau de glace.
Les chambres virtuelles, on se limitait à présent quasiment à ça : Raoul avait créé les réplique des chambres de chacun qui communiquaient avec la salle d'arme, et c'était là que tous se réunissait, faute de la sûreté du reste du Manoir.
Marcus, de son côté, était complètement dérouté. Étonné par la quasi-totalité des objets et des personnes, il ne cessait de harceler Christophe de questions, sur les découvertes faites sur les fonds marins comme sur la chute de Rome : un hyperactif chevronné. En même temps, on le comprenait !
Venant d'un monde grec puis romain, tout ce qui dépassait la naissance de Jésus-Christ lui donnait la migraine. Tout ici était complètement différent de Rome ou d'Athènes : les imposants palais à colonnades se remplaçaient par des bâtiments petits et poétiques, aux courbes tantôt simples et légères, tantôt appuyées et brusques. Il n'avait pas encore compris l'intérêt de l'électricité, autant dire qu'il était loin de tout intégrer !
Percy lui avait montré, grâce aux murs magiques de la pièce ronde, des monuments de ce grand dessin qu'il appelait Terre, qu'il disait être sphérique et qu'il assurait être très ancienne. Il lui avait expliqué des choses si farfelues qu'elles n'en étaient pas croyable : cette 《 Planète 》 ferait partie d'un 《 système solaire 》 faisant parti de l'《 univers 》, tournerait autour du soleil plutôt que l'inverse ! Bizarre.
Heureusement, malgré cette impression de ne pas être à sa place, l'état mental de Marcus était lui assez correct. Et puis il s'était fait un ami : Alec venait d'un temps encore plus ancien que lui, et comprenait sa déroute.
Pendant l'absence de Liam et Percy, les gris avaient désertés le Manoir - à ce qu'on savait en tout cas. Après que lui et Liam aient finis de raconter ce qui s'était passé, Percy était immédiatement, bien qu'encore faible, parti avec Léonidas vérifier que le Manoir était enfin stérile de tous parasites. Il avait donc disparu de la salle d'armes, tout autant que Liam qui n'avait pas non plus pointé le bout de son nez depuis qu'il veillait sa petite amie, et réapparaissait de temps en temps.
L'intérieur du Manoir était à priori sûr, seulement on avait remarqué que les gris parvenaient d'une façon inconnue à entrer. Aussi, on s'aventurait le moins possible à l'extérieur de la salle d'armes, pour plus de sécurité : on avait vu ce dont ceux-ci étaient capables avec Liam et Cléa...
On s'était également aperçus que les gris n'arrivaient pas à sortir du domaine du Manoir, et on redoutait un plan foireux de leur part : sans doute allaient-ils s'attaquer à Raoul afin qu'il cesse son emprise sur sa création et les laisse passer. D'autant qu'Octave était fin énervé, et multipliait les ruses pour neutraliser les guerriers du Manoir et s'y introduire. Lui et sa bande guettaient chaque coin, c'était difficile à présent de sortir pour les assiégés qui résistaient... En espérant que ceux-ci ne connaissent pas le même sort que celui des bisontins face au roi de France !
Ainsi, sans plus de péripéties, les pensionnaires du Manoir virent les heures défiler, jusqu'à ce que le repas arrive enfin. On mangeait dans la salle de pique-nique improvisée qu'était la salle d'armes : des victuailles étaient rassemblés dans un coin (situation qui plaisait à Lou, qui avait pour habitude de manger au sol, mais qui ne seyait guère à son amoureux Édouard : petit déshonneur pour un roi d'Angleterre).
Mais personne n'avait vraiment faim : trop inquiets. Pour ceux d'entre eux qu'on savait en mauvais état, pour le Manoir. Même Marcus, qui pourtant ne connaissait pas Liam depuis bien longtemps, avait de la peine pour lui, et souhaitait de tout cœur qu'il n'arrive rien à personne.
Malgré tout, on ne ratait pas le repas : c'était le moment où l'on faisait le point, celui où on se retrouvait. Toujours prêts à aider, les Cinq Doigts De La Main s'attaquèrent au repas pour encourager les grands, et les ados les rejoignirent bientôt. Percy et Léonidas réapparurent bientôt, et alors que tout le monde se mettait à manger, on vit enfin Liam.
Pâle, les yeux un peu rouge, mais à part ça s'il se sentait mal il le cachait bien. Il s'assit avec les autres et écoutant en silence la petite histoire de Christine qu'elle racontait pour détendre cette atmosphère si lourde. Léo fit un bref rapport, puis et s'amusa à raconter des blagues. Le tout - qui l'eût cru avec toute cette pagaille - dans une bonne humeur enfantine et propre au caractère optimiste des fantômes du Manoir. L'optimisme des morts, ce jour là, peut-être mille fois supérieur à celui des vivants, quelle ironie.
Le repas fit du bien à tout le monde, autant aux petits qu'aux grands. L'espoir fait vivre, dérisoire ici mais pourtant réel en son sens. Quelle philosophie ! Pourtant si vraie : on avait déjà vu cette situation, que ne se passerait-il pas bien ? Espérance.
Pourtant, et malheureusement pour ce qui allait suivre, ce courage ne dominait pas dans tout les cœurs, c'était ce qu'on disait surtout aux plus jeunes.
Les plus grands ne s'arrêtaient pas au fait que la situation n'était qu'habituelle. Ils redoutaient cette fois ces deux fantômes si étranges qui étaient pire que la plupart des gris bêtes et méchants à qui ils avaient le plus souvent à faire. Loin était l'image du gentil qui bat le méchant.
C'était ces deux fantômes qui avaient un rapport avec Percy, ceux différents des autres, qui les inquiétaient. Cette différence qu'ils savaient dangereuse, et pour cela Percy s'en voulait. Tiens, voilà encore une raison de pourquoi ça à commencé.
En résumé : Percy était rongé par les remords, Marcus ne se sentait pas à sa place, et Liam était dévoré par l'inquiétude - sans s'étendre sur sa colère qui grimpait en flèche. Ce fut sans doute l'élément déclencheur de leur dispute.
Les plus jeunes étaient alors couchés. Ne restait dans la salle d'arme que Christine qui lisait dans son coin, Christophe et Fanny qui discutaient, le Capitaine qui jouait aux cartes avec Marcus et Raoul qui nettoyait la même épée depuis une heure (un signe de nervosité chez lui). Le docteur Roy était parti se coucher, et Léo patrouillait dans le parc en cherchant comment les gris parvenaient à entrer dans le Manoir, secondé de Nathan, Mangas Coloradas et Alisande - il avait ordonné à Percy de se reposer, celui-ci tenait encore difficilement debout malgré le laps de temps.
Liam tournait maintenant en rond comme un lion en cage. Percy était allongé à même le sol dans un coin, les sourcils froncés et une mauvaise grimace sur le visage, comme s'il réfléchissait à des choses désagréables.
À bien se souvenir, les trois avaient commencés en même temps.
Comme si ce n'était pas déjà la pagaille générale, il avait fallu que ça arrive maintenant. Ça se comprenait aussi : Marcus, Liam et Percy avaient les nerfs à fleur de peau, on ne leur reprochait pas d'avoir pété un câble, c'était leur droit.
Au début, Liam demandait à Percy comment il avait fait pour se débarrasser de l'esprit possesseur. Percy refusait de le lui dire, d'abord parce qu'il ne voulait pas parler d'Annabeth, ensuite parce qu'il savait que l'Eidolon ne faisait que manipuler Cléa et n'effaçait pas ses souvenirs, aussi ce n'était pas possible de s'en débarrasser de la même manière.
Marcus lui, essayait de calmer les colères qui brûlaient dans les cœurs des deux garçons, comprenant que cette crise n'était pas tant par hostilité mais par besoin d'évacuer.
La querelle ne tarda pas à s'envenimer, et attira les Cinq Doigts De La Main, qui écoutaient derrière la porte du couloir virtuel les tons se hausser. Le Capitaine s'en fichait complètement, et Fanny, Christophe et Christine regardaient cette dispute si dérisoire se passer, conscients qu'ils étaient exclus du conflit : ces cris ne regardaient que les belligérants. Ils regardaient en vain les mots attaquer, et comprenaient qu'à la fin Liam, Percy et Marcus allaient juste se laisser glisser contre le mur et pleurer les uns à côté des autres, si peu lâches soit-ils : tout le monde a droit à des instants de faiblesse.
Enfin, ç'aurait été une alternative, sauf que ça ne se passa évidemment pas comme ça. En effet, alors que cette crise de nerfs baissait de volume, méga-boulette. Un effet secondaire de la poudre d'Octave ? Sûrement.
La colère acide de Liam se comprenait. Le refus de Percy aussi. La tristesse faisait parler l'un, se taire l'autre. Liam termina d'un mot, et le silence dura une seconde. Puis soudain, sans prévenir, le blond perdit l'équilibre.
Méga-boulette en approche.
Percy fronça les sourcils et, malgré son ressentiment, il lui demanda s'il allait bien. Liam fit signe que oui, toujours parfaitement conscient. Il regarda la personne sur qui il criait quelques secondes plus tôt avec un regard empli d'inquiétude et d'incompréhension : il ne sentait plus ses jambes, sans raison.
Niveau retournement de situation, on avait trouvé des professionnels...
Christophe se précipita, conscient que quelque chose n'allait pas. Qu'avait Liam ? Percy eut peur que l'esprit possesseur ne l'ai eu lui aussi, heureusement - ou pas - il se trompait.
Méga-boulette dans 3, 2, 1...
Le brun s'approcha, et lui mit la main sur la cheville sans même voir qu'elle le traversait. Liam commençait à respirer mal, c'était vraiment mauvais signe.
Méga-boulette.
– La poudre d'Octave, souffla Liam. Elle... ça doit être un effet secondaire, sûrement provoqué par la dispute...
Liam parlait d'une voix blanche, et Percy l'écouta en silence : il venait de comprendre la méga-boulette.
Cette fois, la disparition de Liam fut plus lente. Mais cette fois Percy ne courut pas à la carte, c'était inutile : au lieu de cela, il s'assit et regarda, la gorge sèche, l'image de sa main s'étoiler lentement elle aussi pour disparaître, tel un nuage de pixels qui s'évapore. Marcus ne tarda pas à perdre des couleurs à son tour : ça faisait trois.
Bizarre, cet enchaînement des événements.
Liam s'allongea bientôt, incapable de tenir assis. Blanc comme un linge, il disparut complètement, sous le regard inquiet des autres.
– Vous en faites pas, assura Percy alors que la douleur commençait à poindre. Je serais avec lui, j'essaierais de ne pas l'assommer en votre absence.
Il plaisantait, mais s'était forcé. Il s'inquiétait : et si Liam et lui ne se retrouvaient pas au même endroit ? Et si cette fois il ne revenait pas du passé... où du futur ?
Deux minutes plus tôt la situation était bien différente !
La douleur pour lui ne tarda pas à s'accentuer. Marcus finit de disparaître avant lui, et bientôt Percy s'allongea, la douleur sourde le plongeant petit à petit dans le néant mental. Le trou noir, océan de douleur.
Puis il se sentit à nouveau caressé par un souffle léger de vent, une esquisse douce. Le bruit l'atteint, celui de la ville et de son fracas. Quand il ouvrit enfin les yeux, la voix tremblante de Liam à côté de lui dit :
– Je... Je connais cet endroit, fit Liam d'une voix faible. On est à Tours, en France. Le lieu de ma mort.

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J'ai besoin de vous ! Je fais une cagnotte pour gagner de quoi m'acheter un cerveau ! L'ancien est parti chercher son intelligence et il s'est perdu...
Bon bref. Je remercie les gens qui sont toujours la au bout de 27 semaines, ceux qui restent accrochés à ce truc malgré des péripéties de plus en plus farfelues, les jurés de X-Writor qui sont passés par là...
Non ce ne sont pas des adieux !
Quoique.
Dois-je vous annoncer la nouvelle ?
Je suis bientôt à la fin de ce livre ! Chapitre 31, je remarque bien que je m'approche de la date fatidique... Je pense aller au maximum à 45 chapitres, mais si déjà je survis jusqu'à 40 C'EST déjà pas mal.
C'est triste.
Sans des lecteurs qui veulent me tuer car je leur donne trop de suspense, que vais-je devenir ?
(Surtout que pas mal d'entre vous ont promis de me tuer à la fin de ce livre ×.×)
Bref. Voilà.
Bon, ben moi je vais aller manger mes crêpes, salut et bonne saint Valentin! (Je vais encore prendre 10 kilos devant la télé ce soir la moi... ) (mais pourquoi je le fête au juste ? Ah oui C'EST vrai pour avoir une excuse pour manger de la glace devant la télé) (Je hais Aphrodite) (Et en plus J'ai un problème de parenthèses)
Bye !



(Note à moi même : ce chapitre compte 2211 mots, publié le 11/02)

Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant