Chapitre 20

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Liam avait du mal à respirer.
Il n'entendait rien ni ne voyait rien, et il n'avait plus mal à la poitrine – à moins que ce soit sa douleur à la tête qui éclipse tout le reste, même si il était presque certain qu'il n'y avait plus rien à l'endroit où Octave l'avait touché.
   Dans le noir total, il retrouva peu à peu des sensations, et comprit qu'il était allongé sur quelque chose de ferme. Il tendit l'oreille : il entendait la rumeur d'une foule. Le son s'amplifiait, tandis qu'il distinguait les clameurs de quelques marchands par dessus tout ce bruit.
    Enfin, il recouvra la vue, s'accommodant à la douce pénombre du lieu où il se trouvait à présent. Quand il put voir correctement, il détailla au dessus de lui des planches assez espacées pour permettre au soleil de passer à travers les interstices, à un peu plus de quarante centimètres de son nez.
« - Servum meum ad vide pulchra ! »
Criait une voix masculine venant d'au dessus de lui en latin.
«- Regardez mes beaux esclaves ! » Disait-il.
Du latin et de la vente d'esclaves, pas bon ça. Oh non, vraiment pas bon.
Les planches au dessus de Liam tremblèrent, tandis qu'une ombre cachait en partie le soleil : il était sous une scène !
     Mieux valait ne pas rester là. Liam se redressa avec difficulté, n'ayant pas encore bougé, et il fut aussitôt pris d'une violente nausée. Il ne savait pas ce qu'Octave avait utilisé pour le faire voyager dans le temps, mais c'était pas le top du top son bidule. Car oui, Liam voyait bien que l'époque n'était pas la même, il avait voyagé dans le temps. Comme d'hab'.
Il se redressa à moitié, tentant de retrouver une respiration normale, puis jeta un regard alentour : d'environ quatre mètres carrés, la scène de bois n'avait de montants que sur le devant, de la pierre sur l'arrière, le côté droit laissant voir une forêt de pieds à sandales de cuir et calligae (sandales des soldats romains), le côté gauche laissant voir l'intérieur de l'échoppe d'un marchand de tissu. En regardant du côté droit, Liam put voir en arrière plan des grands bâtiments blancs à colonnades ... Oui, il avait changé d'époque. Il reconnaissait la Curia Hostilia, sur laquelle il avait travaillé en cours de Latin de son vivant. Pas de doutes donc pour affirmer qu'il se trouvait bien à Rome.
La cata.
Liam se rapprocha du devant de la scène, et observa entre le comptoir et le montant la foule déambuler sur la grande place rectangulaire du Fori Romani. Elle était belle, cette place, avec ses grands bâtiments majestueux, ses arbres et ses étendards colorés. Les gens, en tunique et voiles de lin, bronzés, bruyants et joyeux, faisaient les commérages sous le soleil d'après-midi.
    Donc, il devait sortir de la dessous, mais comment passer inaperçu là au milieu ? Bon, repérage : un comptoir, la scène de vente, des caisses ... Bingo ! Il avait repéré une grande caisse en bois avec à l'intérieur un grand tissu pourpre, sûrement destiné à faire un rideau. Mais l'utiliser comme une toge ferait un excellent moyen de rester incognito, même si c'était se la jouer fine.

Il attrapa le tissu et s'en drapa tant bien que mal en tentant de ne pas s'empêtrer, remonta son jean et vola des sandales au passage en planquant ses baskets. Quelle galère ces toges ! Heureusement qu'il y avait un chapitre sur l'Antiquité Romaine dans le grand livre des costumes de la bibliothèque du Manoir ...
Le seul souci, c'est que ce vol ait eu lieu dans le passé et qu'il soit sans importance pour l'histoire, la "toge" ne s'était donc pas "fantômisée" à son contact : il ne pourrait pas traverser les murs avec, mais au moins si un vivant le touchait il ne passerait pas au travers.
Sans trop attirer l'attention, il sortit de derrière le comptoir et se fondit dans la foule grouillante. Il sillonnait entre les bâtiments, évitait les gens pour se diriger vers un point précis : la grande scène au milieu de la place. Cette scène était en pierre, en demi-cercle sur l'avant et décorée d'arcades et de parapets, de statues et de quatre éperons de navire. Dessus, un homme en toge scandait un discours plein de hargne. Mais la raison pour laquelle Liam partait dans cette direction, c'était cet amassement de pourpre devant, ces hommes d'affaires tous habillés comme lui : quoi de mieux pour passer inaperçu !
    Il s'approcha d'eux discrètement avant de faire semblant comme eux de s'intéresser aux blablateries du Patricien. En réalité, il observait les alentours, repérant l'essentiel : l'endroit où il avait atterri par exemple. Un grand bâtiment avec des marchés sur les contours, des colonnes laissaient deviner quelque chose de plus sérieux à l'intérieur, chose confirmée par l'inscription « basilica Aemilia », une basilique étant l'équivalent d'un tribunal au XXI siècle.
    Aux alentours, que de grands bâtiments à colonnades, encore. Quelques rares arbres, et dos au demi-cercle de la scène une route descendait doucement : la « Via Sacra », que Liam savait mener au célèbre Colisée. De l'autre côté on trouvait un court chemin allant jusqu'au Tibre, deux où trois Arcs (comme celui de Paris) et une place ronde.
   Liam se concentra à nouveau sur les évènements devant lui, l'homme sur scène ayant terminé son discours. Les politiciens du public cessèrent de regarder la scène comme s'ils étaient hypnotisés, et l'un d'eux remarqua l'intrus. Au lieu de le rejeter, le vieux bonhomme l'interpella :
- Je ne me souviens pas t'avoir déjà vu parmi les sénateurs, et pourtant tu portes une toge. Tu es un des nouvellement élus des Comices ?
     Les «Comices », c'était quoi déjà ? Euh, « Sénateur », « élu », ça laissait à penser que c'était le nom des élections ... Et non pas celui de ces fêtes où l'on juge des vache du XXI siècle !
    Ne sachant que répondre, Liam aquiesça.
- Étrange, releva un autre, je ne t'y ais pas vu ...
- Ma situation à été un peu particulière.
- Dans ce cas suis moi, nous allions justement à la Curie, sourit le vieil homme. Après, on ira voir les jeux !
- Les jeux ?
- Bien sûr ! Dans le Colosseo, Panem et Circenses  !
    Le «Colosseo » c'était quoi encore ? Ça ressemblait beaucoup à Colosse ...
Colosseo, Colosse, Colisée ! C'était donc son nom latin ! Une découverte de plus. « Panem et Circenses », c'était la devise, « du pain et des jeux » : la manière des dirigeants romains de tenir le peuple en laisse (merci Léo).
   Les patriciens ne s'embrassèrent pas de plus de formalités, le vieux bonhomme le prit avec lui, et l'emmena vers un haut bâtiment cubique : l'inscription indiquait « CVRIA JVLIA ».
- Mais, ce n'était pas la Curia Hostilia ?
- Elle a brûlée voyons ! s'exclama l'autre.
- Jules-César avait fait reconstruire la curie après qu'elle ait brûlée, et à nommé la nouvelle « Julia » mais il n'a pas eu le temps de la finir, il s'est fait assassiner avant, c'est l'auguste qui a fini.
    Ah ben tiens ! Au moins, Liam savait maintenant qu'on se trouvait en après - ou peut-être même pendant - le règne d'Octave.
    Ils s'étaient mis à l'écart du groupe de politiciens, l'autre homme s'était éloigné. Le vieil homme regardait Liam étrangement, comme s'il comprenait bien que l'intrus en était un. Cependant, il arborait un air calme, ne semblait pas redouter le jeune homme mais plutôt s'inquiéter pour lui. Cela surprenait un peu Liam, qui le suivit tout de même jusqu'à la Curie, comme les autres.
   Ils entrèrent, et sans vraiment savoir comment l'ados se retrouva dans une grande salle où le vieil homme le fit s'asseoir avant de partir un peu plus loin.
     S'ensuivit des cérémonies d'usage, et on demanda à Liam de se présenter, ce qu'il fit en utilisant le cognomen que lui avait donné le préfet Plinius : « Liamus Andersonus Aurelius », Liam Anderson le doré. Autant ne pas se faire remarquer avec un nom étranger.
     La place à côté de lui restait vide, mais Liam ne s'en soucia pas vraiment. La "réunion" débuta, tout comme un incroyable ennui qui lui donna le temps suffisant pour réfléchir : les sénateurs parlaient de sujets tous plus ennuyeux les uns que les autres.
    Bon, déjà donc, il était à présent sénateur ? Eh bien, il en fallait peu pour être haut placé ! 
   D'ailleurs il était bien gentil le vieil homme avec lui. Peut-être sa désinvolture pouvait mener a se méfier, mais étrangement Liam ne le craignait pas.
    Et quelle était cette poudre qu'Octave lui avait jeté ? Avait-il atterri à une époque au hasard, à un endroit au hasard ? Pffff.
     Il il tendit l'oreille, un détail dans le discours de l'un des sénateurs l'ayant interpellé : il parlait du règne d'Octave ! Preuve qu'on était bien en période d'Empire. Après Jules-César  et le Second Triumvirat, il devait se situer en environ 30 avant Jésus Christ. 
    Les sénateurs parlaient de certains d'entre eux qui avaient été exécutés, leurs biens confisqués par les trois consuls de la trium car militants de la République, sans jugement comme les lettres de cachet de la Révolution française. Ça, ça pouvait bien qu'on venait à peine d'entrer sous le règne d'Octave Auguste.
    Bien intéressant tout ça, mais Liam préférait trouver un moyen de se sortir de cette panade. Charon, le nocher des enfers pourrait le ramener peut-être ? Ce serait sa seule issue, et encore, ce dernier allait encore ronchonner. La Carte, ça ne marcherait sûrement pas. Et le Moissonneur ne remontait pas dans le temps ultérieur à sa mort, et il était bien avant 1794.
   Comment faire ? Liam ne pouvait pour le moment rien tenter, si ça ne marchait pas ils serait dans de beaux draps : mieux valait attendre patiemment la fin de la réunion.
     Pourrait-il seulement rentrer ? C'était son angoisse à chaque voyage dans le temps.
     D'autant que le Manoir était encore en danger ...
      CLAC.
      Liam se redressa d'un coup et se tourna vers la porte, comme tout les autres politiciens. Le bruit venait du couloir, des voix se firent entendre. Oubliant ses pensées maussade, Liam tendit l'oreille pour mieux entendre les vociférations :
- Sortez ! Vous n'avez rien à faire ici !
- J'ai tout les droits, écartez vous de mon chemin, répliqua une voix ferme et autoritaire que Liam reconnut.
    Oui, il connaissait la personne qui venait de parler. Oh oui, maintenant restait à savoir si c'était heureux pour Liam ou pour l'arrivant.
- Ôtez-vous de mon chemin ! Reprit cette même voix.
    L'homme qui venait juste de parler mit quelques secondes avant d'apparaître enfin devant les spectateurs de cette étrange scène. Il salua les sénateurs de la main et annonça en latin d'un ton presque théâtral :
- Sénateurs, veuillez excuser mon retard !
   Et Percy sourit, apparemment fier de sa connerie.

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Bonjour et joyeux Noël pour ceux qui le fêtent !!!

Alors. D'abord, je précise ici que c'est pour l'instant le meilleur Chapitre de ce livre, alors  cadeau de Noël !
Ensuite, il se peut que wikipédia et d'autres sites internet ( oui oui, une conspiration pour me faire raconter des bêtises ) m'ait donné des informations erronées, où que j'ai dit des choses fausses. Dans ce cas, prévenez moi absolument !!

Et encore, j'espère vraiment que ça vous à plu ( ça fait TROIS FOIS que je le réécris )
Et, comme c'est Noël, j'annonce que je publie une nouvelle, ( c'est la deuxième si voir la première vous intéresse )

Et comme je vous adore, câlin collectif !

( Messages à une personne parmi mes lecteurs en particulier :
PAPA ARRÊTE DE LIRE MES NDA JUSTE POUR TE MOQUER DE MOI, merci.
Sinon je te donne un rôle horrible dans mon prochain roman. Si si.)

Merry Christmas everybody, enjoy !!!
Et bonne année aussi !!
Bises ^.^

( Note à moi même : ce chapitre compte 1914-18 mots )

Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant