Percy et Liam marchaient en silence, collés au mur pour éviter de faire grincer les vieilles planches.
Ils descendirent au rez-de-chaussée et traversèrent le grand hall en évitant soigneusement de s'approcher de la porte menant à la cave, située entre les deux volées d'escalier.
Liam s'apprêtait à pousser celle du bureau quand Percy l'arrêta d'un geste. Il désigna le faible rai de la lumière vacillante d'une bougie qui filtrait par-dessous la porte, si ténue qu'il ne l'avait pas vue en manquant de faire une belle bêtise.
Ils écoutèrent les voix étouffées de Raoul et du Docteur Roy, qui tenaient dans le bureau un conciliabule à voix basse :
« – ... Suis pas certain qu'il ait perdu son âme... » , disait le Docteur.
« – Il n'avait plus guère de consistance Monsieur. » , le rassura alors Raoul.
« – Il n'avait pourtant pas perdu sa couleur. » Souffla le psychiatre en réponse.
Liam fronça les sourcils : le nouveau venu était évidemment un gris, mais il y avait quelque chose d'anormal : un gris ne pouvait pas être sans consistance et pourtant avoir des couleurs.
Les gris arrivant directement après leur mort pouvaient garder leur consistance et leur couleur et passer pour un blanc à cause de la colère, mais pas l'un ou l'autre, et leur couleur et leur matérialité disparaissait peu à peu, les faisant redevenir des créatures semblables à celles des films d'épouvante, des fantômes immatériels et grisâtres – qu'ils étaient.
« – Tout cela est troublant Monsieur. Se pourrait-il que nous ayons fait une erreur ? Qu'il soit tout simplement à l'inverse de Monsieur Liam ?
– Je préfère encore croire que non. Nonobstant, c'est le Moissonneur qui nous l'a amené... Enfin, ce n'est pas l'heure de parler de cela. Allons nous coucher, nous verrons cela demain.
– Si tant est qu'il y ait encore quelque chose à voir demain. Bonne nuit Monsieur. » , salua Raoul.
Liam entraîna vite Percy dans une pièce adjacente au bureau, une sorte de cagibi rempli d'étagères croulant sous la paperasse alors que la porte du bureau s'ouvrait.
Ils entendirent des bruits de pas, la faible lumière se refléta quelques secondes sur le parquet ciré ; Raoul se dirigeait vers sa chambre.
Trente secondes plus tard, ils entendirent d'autres bruits de pas et celui d'une porte qui se ferme : le docteur allait dans l'autre direction, se coucher à son tour en cette heure tardive.
Ils attendirent une minute, deux.
Au bout de dix minutes, Liam sortit de la petite pièce et se dirigea vers le bureau suivi de Percy : ils ouvrirent la porte avec circonspection, entrèrent vite après avoir constaté qu'il n'y avait personne, et allèrent directement dans la salle de la carte, qui brillait comme toujours de son éclat bleuté.
Comme à chaque fois Liam était émerveillé, mais rien comparé à Percy qui lui la voyait pour la deuxième fois seulement, la première fois étant la nuit précédente – détail que Liam ignorait.
Depuis le pas de la porte, Percy la regardait encore, se délectant de la vue qu'offrait la carte : elle recouvrait l'intégralité de la pièce ronde, offrait une vue sur le monde entier en temps réel, avec un coté dans l'ombre et un dans la lumière selon l'inclinaison de la terre, plongeant l'Europe dans l'ombre, l'Afrique et une partie de l'Asie, illuminant l'Amérique et l'Océanie - chose qui pouvait vouloir dire que le Manoir se trouvait peut-être en Europe ou en Asie, et si on réfléchissait au fait que beaucoup des autres pensionnaires du Manoir étaient originaires d'Europe de l'Ouest, il y avait des chances pour que ce soit là.
Les nuages se déplaçaient à un rythme lent, dansant une valse tourbillonnante, on pouvait apercevoir un typhon au-dessus de l'Atlantique, et une tempête de sable au Sahara.
Sortant à peine de sa contemplation, Percy s'approcha de la carte en fixant un point, quelque part en Amérique : la carte zooma, ce qui n'étonna pas Percy, mais Liam en revanche, accusa le coup ; lui seul pouvait interagir avec la carte, enfin jusqu'à présent, parce que personne d'autre à part lui et maintenant Percy ne pouvait la toucher ou la voir quand elle montrait le passé.
La Carte fit un zoom sur la ville de New-York, dévoilant les gratte-ciels, les rues qui bouchonnaient, entre lesquels la foule grouillait, pressée, perdue dans ce dédale de hauts pylônes d'acier.
– Donc si on y réfléchit, dit Percy en se tournant vers Liam, on se trouve soit en Europe, soit en Asie, parce que le paysage extérieur ne fait pas très Africain, et si j'ai bien compris, vous êtes presque tous Européens...
Liam le considéra un instant avant de répondre :
– Tu es plus intelligent que tu en as l'air, on te l'a déjà dit ? Fit Liam sur le ton de la plaisanterie.
– Ah non, pas souvent !, s'esclaffa Percy. Ça veut dire que j'ai visé juste ?
– On est en France, dit Liam qui était hypnotisé par les fourmillements incessants de la foule.
Liam prit le contrôle de la carte et la centra sur la cinquième avenue, au hasard, on l'on pouvait voir l'Empire State Building briller dans la lumière de l'après- midi.
– C'est là que tu habitais, à New-York ?
– Mais pourquoi diable parlez-vous tous au passé ici ? marmonna Percy. Ouais, dans l'Upper East Side.
La carte réagit à la voix de Percy et remonta un peu vers le nord pour se positionner sur le quartier :
– Et toi tu habites où ?
Liam déplaça la carte vers Tours, en France, lui désignant une maison dans une rue perdue entre tant d'autres :
– Oh ! s'exclama-t-il, mes parents ont déménagé !
Il fixa le panneau « VENDU », étonné : il avait accepté sa mort, mais il ne s'était jamais attardé sur le fait que, comme lui ses parents avaient continués de vivre de leur côté après la mort de leur fils adoptif. Il le savait, bien sûr, il en avait conscience, mais là, il l'avait sous les yeux, c'était différent.
– Attends, tu ne sais même pas ce que font tes parents ? Ils ne t'ont pas envoyé de lettres ni appelé ? Comment...
– Les lettres ont dû se perdre en route, le coupa Liam.
Percy dévisagea Liam avec un air désolé :
– Pardon mec. Je ne voulais pas être indiscret.
– Non, il y a pas de problème.
– Tes parents ne savent pas où tu es, c'est ça ?
– Je leur ai dit la dernière fois que je les ai vus, à mon arrivée ici, mais sinon, non.
– Les miens non plus, ein ?
Liam le regarda d'un air attristé : il n'avait pas super envie de faire de la peine à Percy, mais il lui devait bien la vérité.
– En fait... Non. Pas du tout, dit Liam.
Cette fois, c'est lui qui prit un air désolé, il y était allé un peu brutalement.
– Tu les as revus depuis ?, demanda Percy.
– Non, pas une fois.
– Et tu penses que je reverrai les miens ? Et ma famille, mes amis ?
– Normalement non, dit Liam en s'asseyant par terre.
– Je vois, dit-il d'un ton incroyablement calme en s'asseyant par terre à son tour. C'est bête, continua-t-il, j'aurais voulu être là pour le premier jour d'école de ma petite sœur. Et aussi pour la sortie du deuxième roman de ma mère.
Alors qu'il disait sa phrase, une larme coula sur sa joue, une seule.
– C'est comme ça pour tout le monde ici ? Demanda-t-il.
– Oui. C'est triste, mais oui, dit Liam.
– Je voulais comprendre pourquoi vous parliez tous au passé, maintenant c'est clair..., souffla Percy.
– Tu as une petite sœur ?, demanda Liam dans l'espoir de lui redonner le sourire.
– Une mère, une fiancée, des meilleurs amis, un beau-père, un père, un demi-frère, un professeur..., dit Percy dans un sourire à peine esquissé. j'ai beau avoir une vie et un entourage farfelu, indéfiniment compliqué et dangereux...
Sa lèvre inférieure trembla, mais il se reprit rapidement.
– Et toi ?, ajouta-t-il. Un frère, une sœur ?
– Un petit frère, mais maintenant tu sais ma famille, ce sont les gens du Manoir.
– Mouais...
– Bon, regarde, ajouta Liam en se relevant, je vais te montrer quelque chose.
Liam posa le doigt sur la bande-temps, et le fit glisser vers la gauche : la ville de Tours se mit à rétrécir, des maisons disparurent tandis que d'autres apparaissaient, le style immobilier changea, les voitures disparurent, laissant place aux calèches et diligences, on vit les murs des maisons et des monuments blanchir pour devenir presque neufs.
Percy ouvrit de grands yeux interloqués :
– Ouah, c'est une carte temporelle !
Liam sourit :
– Moi je l'appelle plutôt la « Carte d'Éternité », rit Liam. Je te présente Tours, en l'an de grâce 1855 !
– Incroyable !
Tout deux s'amusèrent à regarder le monde à toutes les époques. C'était la première fois que Liam pouvait partager cela avec quelqu'un : les autres ne voyaient plus que de la brume dès que l'on reculait dans le passé, même très récent.
– Percy ?
– Mmh ?
– Je ne cherche pas à être indiscret, mais pourquoi sur ta fiche il n'y a pas écrit « Percy » mais « Persée » ?
– Décidément tu es un fouineur toi ! Persée est mon véritable nom, mais on m'appelle Percy. Ce n'est pas un surnom, c'est comme ça pour moi, pour mes amis, pour l'état. Généralement, lorsqu'on m'appelle comme ça, c'est que je vais passer un sale quart d'heure, rit Percy.
Lui et Liam restèrent encore un moment, jusqu'à ce que l'ombre commence à gagner l'Asie centrale sur la carte et que l'Europe et l'Afrique commencent à prendre les douces couleurs du lever de soleil.
– Je crois qu'on devrait aller se coucher, dit Liam.
– À cette heure, je dirais plutôt se lever, plaisanta Percy. On n'a pas le droit d'être ici ?
– À cette heure, pas trop.
– Allons nous coucher alors... Mais on remettra ça, j'ai encore une bonne demie tonne de questions !
– Ça marche !
Dans le noir, Liam et Percy retournèrent à tâtons dans leur chambre.
En arrivant dans la sienne, Liam avait comme l'impression qu'il n'allait pas être réveillé pour le déjeuner, aussi, il ferma les rideaux en songeant que le soleil ne le laisserait pas ronfler.
En regardant par la fenêtre donnant sur la cour, Liam se dit qu'il n'avait pas vu le décor qu'avait créé Percy dans le parc...
Sa tête grouillait d'autant de questions que de passants dans les rues de New-York. Il pensait ne jamais pouvoir s'endormir et pourtant, une fois dans son lit, il n'eut pas le temps de voir que le soleil perçait déjà les rideaux qu'il sombra dans un profond sommeil sans rêve.@@@@@@@@@@@@@
Hey les gens !!!!!
Primo : merci pour ceux qui m'ont dit où étaient les fautes, mais vous allez à nouveau avoir du boulot avec ce nouveau chapitre -_-'
Deuxièmement : ce chapitre là, je l'avoue, il est pas super mais je trouve les suivants un peu mieux !
Bref !
Voilà voilà j'espère que vous aurez fait une bonne lecture et à dimanche prochain !
Bye les gens !!!!!( Note à moi même : ce chapitre compte 1919 mots )
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Liam et le fils de l'océan
Fanfiction"En des temps calmes au Manoir, l'alarme retentit, et annonce l'arrivée d'un nouveau pensionnaire. Il dit s'appeler Percy Jackson, et ce jeune homme ne semble pas croire à sa mort. Il reste bien mystérieux pour les enquêteurs que sont Liam et Cléa...