- Quand tu as dis " Papa ", demanda ironiquement Liam lorsque le sol cessa de tourner et qu'il eut fini de vomir, tu parlais à la mouette ?
- Le compliment me va droit au cœur, fit Percy. Je m'en souviendrai ! Où sommes-nous ?
Liam regarda en direction de son ami. Il n'avait pas bougé, et gardait les yeux fermés. Dans la nuit de toute façon, il ne risquait pas de voir grand chose.
Si il avait déjà entendu parler de sa mère quelques fois, l'image de son père était toujours restée discrète chez lui. Liam n'avait jamais su bien des choses sur cet homme, et là il l'avait eu sous les yeux l'espace d'un instant. Confirmant son doute naissant : il n'avait pas rêvé, il était bien apparu sur la terrasse en surgissant du vide ! Normal de pouvoir se téléporter pour un fantôme, mais pour un vivant... À moins que l'air vivant qu'avait Percy lui venait de son père ? Serait-il mort comme son fils ?
Bonne question.
- Bah, regarde par toi-même !
Percy ouvrit les yeux, sans regarder autre chose que ce que lui permettait de voir sa position allongée, soit les étoiles scintillantes du ciel.
- Je ne le sent pas.
- Calme toi ! On est presque au même endroit que tout à l'heure, sauf qu'on est au milieu de la pelouse entre les bungalows cette fois. Et on a sûrement avancé dans le temps parce que les quelques bungalows brûlés et noircis par là-bas ont étés reconstruits.
- Oh merde.
Percy se redressa et jeta un regard alentour, se confirmant pour lui même les paroles de Liam.
- Oh nan. On est dans le présent Liam ! Si on me voit... On se barre. Tout de suite. Pas un bruit !
Liam comprit immédiatement. Si on le voyait... On le reconnaîtrait et ne tarderait pas à se poser des questions.
Mauvaise idée donc.
- On va où alors ?
Percy se leva et montra une basse maison bleue au bout de l'allée, à côté des deux bungalows les plus imposants (à hautes colonnes avec des fleurs sur le moins gros des deux, et des éclairs sur le plus important). La bâtisse était basse et dans le béton était incrustés de petits morceaux de corail et coquillages, comme si la maison avait été faite avec le fond de l'océan.
Liam comprit tout de suite que c'était la maison de Percy. Ce dernier était tant rattaché à la mer que cela se devinait.
Le blond hocha la tête, et Percy et lui se dirigèrent vers cet abri.
Ils n'eurent pas le temps de faire trois pas :
- PERSÉE JACKSON, fit une voix tonitruante derrière eux.
L'intéressé se retourna brusquement, paniqué : si là, tout les pensionnaires de la colonie n'étaient pas réveillés...
- Mais vous êtes f... commença Percy avant de se reconnaître son interlocuteur. Hum je voulais dire, heureux que vous ayez enfin retenu mon nom seigneur.
- Ton nom ? Je ne vois pas de quoi tu parle, je sais très bien qui tu es, Peter Johnson. Maintenant file avant que les autres ne se réveillent et te voient !
- Vous vous fichez de moi ! Vous venez de me faire repérer et vous me dites... Oh et puis zut.
Une à une, les lumières dans le bungalow s'allumaient. L'homme petit et rougeaud souriait gaiement comme un enfant fier de sa farce tandis que Percy se retournait dans tous les sens à la recherche de moyens de se tirer d'affaire. Même dans le noir de la nuit, on distinguait les couleurs écoeurantes de sa chemise hawaïenne et les motifs léopards du short du petit homme, et son ventre de buveur de bière n'arrangait rien à l'allure générale.
- Bien sûr que oui, sourit le dieu du Théâtre. Je m'ennuyais un peu sans toi, maintenant je vais enfin pouvoir m'amuser (il remonta son short qui glissait et sourit malicieusement) Bien, maintenant que j'ai mis le feu aux poudres, je te souhaite bien du plaisir avec tes chers amis !
- Seigneur Dionysos...
Le bonhomme au nez rouge disparut. Percy n'eut pas a attendre longtemps avant de voir une lame se glisser vers sa poitrine : trop tard, grillé.
- Percy Jackson ! ricana Clarisse. Tu ne peux pas rester mort deux minutes pas vrai ?
Derrière la fille du dieu de la guerre, une cinquantaine de demi-dieux encore tout ensommeillés tendaient le cou pour voir ce qui les avaient réveillés. Ils se massaient aux portes des bungalows dont les lumières brillaient toutes à présent - toutes sauf celui de Percy.
- Clarisse ! Quel bonheur de te revoir ! Ne t'énerve pas, je vais tout exp...
- Ferme-là. Je vais t'embrocher vivant, ça t'apprendra à ne pas mourir ! Je te promet que je remuerai ciel et terre pour te trouver des requins qui veulent bien te bouffer !
- Clarisse... De toute façon tu trouveras pas, tenta de plaisanter Percy.
- Ouais t'as raison, fit Clarisse avec son habituel rictus. Enfoiré ! Tu sais quoi ? J'oublie les requins. Je vais plutôt te donner à Annabeth...
- Tu vois Liam ? LÀ, je suis mal.
Liam eut un demi-sourire un peu forcé. La scène était étrange : la fille que Percy appelait Clarisse (et qui dormait apparement en treillis militaires) lui pointait une lourde épée devant le torse.
À part elle personne n'avait franchi l'espace de leurs portes à pelouse centrale. Ils restaient là et regardaient, certains ne connaissant même pas le brun aux yeux verts parce qu'ils étaient arrivés après sa mort.
Certains ne le connaissaient pas parce que la vie avait continué.
Sauf que le passé n'était pas si loin ! Il suffisait pour le voir d'observer les yeux baignés de larmes ou de colère, et ceux qui affichaient juste de l'incompréhension. Ceux-là connaissaient tous Percy. Ils avaient tous su à l'avance qu'il mourrait. Ils l'avaient même vu rire avec eux une dernière fois autour du feu de camp, rire comme si Hadès et ses acolytes ne le guettaient pas. Comme si ce n'était qu'une soirée heureuse parmi tant d'autres.
Ils avaient vu Annabeth pleurer puis se montrer digne de regarder Aphrodite, la déesse de l'amour, droit dans les yeux. Ils avaient vu la jeune blonde défier la reine des cieux avec son enfant en endurant une horreur face à sa vengeance - se détestant purement et simplement, Héra ne l'avait pas laissée s'en tirer avec une grossesse facile.
Et ils avaient vu le corps de Percy brûler lors de la cérémonie funéraire.
Alors pour tous ceux qui avaient les larmes aux yeux, parmi le milier de questions qui tournait en eux, une seule dominait : qu'est-ce que l'idiot de Jackson foutait là, en chair et en connerie ? D'apparence, seulement, mais cela ils l'ignoraient.
Les quelques personnes qui osèrent s'approcher étaient ses meilleurs amis. Il manquait Annabeth, mais les autres étaient là. Ceux qui ne savaient pas trop où qui ne connaissaient Percy que de loin se retirèrent dans les bungalows mais écoutaient tout de même discrètement.
Clarisse recula et baissa son arme, ce qui ne permit pas à Percy de faire un geste pour autant.
- Alors Percy, hésita Léo avec son air annonciateur de blague nulle, tu comptes rejoindre mon club de ressucités ?
- Léo Valdez, c'est pas le moment, le réprimanda Hazel.
Léo ronchonna à peine, il pouvait comprendre. Percy avait vu la mort bien différemment par rapport à lui.
- Tout le monde est là, souffla Percy. J'ai vraiment du bol moi...
- Ouaip. On pourrait avoir des explications maintenant ?
C'était Will qui venait de parler. Le blond au sourire étincelant avait encore grandi, et la mèche noire dans ses cheveux prouvaient qu'il avait plus d'une simple attache avec Nico... Will semblait loin de plaisanter, un comble pour le fait que son petit ami si souvent sombre souriait pour sa part.
Percy ne sut quoi répondre. Il les regarda un à un dans les yeux : Piper, avec ses cheveux sombres en bataille et son pyjama orné des aigles de la tribu Cherokee, regardait Hazel dans les yeux. Celle-ci avait le même regard triste qu'à l'hôpital, et scrutait tour à tour l'apparence des deux fantômes. Jason, le grand blond aux yeux bleus électrique, avait bien changé : il avait bronzé, ses cheveux avaient un peu poussé en désaccord avec sa coupe militaire des romains, et il avait des perles autour du cou comme celles de Percy. Il croisait les bras sur la poitrine, les sourcils froncés d'inquiétude.
Même ses amis Romains étaient là, car Frank, toujours aussi grand et robuste, l'observait avec la même stature que celle de Jason. Léo souriait un peu, mais n'osait pas aller plus loin. Sa main inactive trahissait son malaise, tant son hyperactivité le boostait d'habitude.
Rachel, l'oracle, n'était pas là et Thalia la chasseresse non plus.
Percy tremblait légèrement de la main gauche. Il etait nerveux et pour une fois, la parole lui faisait défaut.
- Je...
Sa gorge se serra, il ne put aller plus loin. Au même moment, un cri retentit dans le noir :
- Percy !
Le satyre mi-homme mi-bouc se mit à courir, et quand il arriva au niveau de Percy, celui-ci recula.
- Grover ! Tu m'as tellement manqué ! Mais s'il te plaît, ne me touche pas. Ce n'est pas contre toi mais...
Le satyre eut un mouvement de recul. Il ne s'attendait pas à cette réaction. L'incompréhension que trahissait sa bouche pincée et son regard trouble fit de la peine à son ami.
- Percy ? Pourquoi tu... Pourquoi je n'arrives pas à lire dans tes émotions ?
Percy soupira. Le satyre ressentait la peur ou la colère, comme tous sentiments violents, qui émanaient des autres. Sauf que ça ne marchait pas sur un mort. Comment le lui dire ?
Il le regarda dans les yeux. Le satyre sembla deviner et pâlit aussitôt.
- Je sais que tu sais Grover. Dis-leur. Je n'en ai pas la force.
Grover ne pleura même pas. Il ne cria pas qu'il haïssait les dieux comme lui et Percy l'avaient si souvent fait. Il se tourna simplement vers les autres dans son dos, et ne se mit pas à manger le mobilier comme à chaque coup de stress.
- Oubliez. Seul Nico à droit à un câlin de sa part maintenant. Seul les enfants du dieu de la mort peuvent toucher des fantômes.
Percy baissa les yeux. Il ne voulait pas voir leurs réactions. Seules Piper et Hazel ne réagirent que peu, elles avaient fini par s'y faire.
- Excusez mon retard à votre petite réunion, fit une voix froide derrière eux. Fallait bien rendormir le bébé, vu que par la faute d'une certaine personne il s'est réveillé...
Annabeth arrivait derrière le cercle qui s'était formé. Elle avait surgi du bungalow numéro six, celui des enfants d'Athéna.
Manifestement, elle n'avait pas entendu Grover. Son regard fit fondre Percy sur place tant il était empli de colère. Comment pouvait-il revenir maintenant ? Après avoir disparu ainsi et laissée seule ? À moins d'avoir une bonne excuse... Enfin maintenant il allait surtout avoir besoin d'une bonne assurance santé, bien que, dans la mort, on pouvait être entièrement remboursé (quel humour).
Liam comprit bien tout ça. Percy allait devoir s'expliquer ! Il vit également avant tout le monde ce fameux centaure arriver - décidément avec un satyre et des dieux en prime c'était sa journée.
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Liam et le fils de l'océan
Fanfiction"En des temps calmes au Manoir, l'alarme retentit, et annonce l'arrivée d'un nouveau pensionnaire. Il dit s'appeler Percy Jackson, et ce jeune homme ne semble pas croire à sa mort. Il reste bien mystérieux pour les enquêteurs que sont Liam et Cléa...