Liam et le fils de l'océan

Chapitre 10

Une fois de plus, je n'en avais pas perdu une miette.

Si ces deux fouineurs qu'étaient Liam et Cléa avaient jeté un œil à l'extérieur, ils auraient bien vu que je n'avais pas rejoint Léonidas sur la plage.

D'ailleurs, les deux poignards que je tenais en main n'étaient qu'une excuse pour les prendre sur le fait.
J'avais entrepris de les coincer.

J'avais bien calculé mon coup : mon plan était si bien rôdé que j'étais arrivé pile au bon moment, juste le temps de voir Liam et Cléa qui sortaient de ma chambre.

Les prendre la main dans le sac, pourquoi pas. Le problème à ce moment-là, c'étaient les effets secondaires : si j'arrivais et les surprenais dans ma chambre, ils m'éviteraient à partir de là, plus dur encore pour s'en faire des amis...

Après réflexion, je m'étais dit qu'il y aurait peut-être une autre alternative, bien plus drôle, aussi avais-je changé de plan. Après avoir attendu qu'ils soient au bout du couloir, dissimulé dans le renfoncement d'une porte, j'étais arrivé en courant.

Cléa, en me voyant, avait fait vite demi-tour, voulant sans doute me faire croire qu'elle venait de l'autre direction ; malheureusement pour elle, je n'avais, contrairement à ce que j'avais laissé paraître, pas été dupe.

Elle m'avait suivi alors que je me dirigeais vers ma chambre, et s'était arrêtée sur le seuil, imitée par Liam.

J'esquissais un sourire malicieux en aparté : mon plan n'était-il pas, à la base, d'embrouiller Liam et Cléa avec ces histoires de passé/présent ?

À la bonne vôtre ! Il allait bien les perdre dans leurs suspicions...
À ces fins, j'avais sorti du tiroir de ma table de nuit le poignard et la montre ; le poignard était celui d'Annabeth, disparu quand nous étions tous les deux tombés dans le Tartare (la section la plus basse et la plus horrible des enfers). Il lui avait été offert par Luke, et avait d'ailleurs été l'arme avec laquelle ce dernier était mort.

La montre elle, était un bouclier rétractable mécanique que m'avait offert mon demi-frère, mais c'était un détail sans importance. Le deuxième poignard que j'avais sorti de sous le lit n'avait lui rien a voir avec mon passé, juste un leurre.

Une montre moderne, un poignard grec et une arme romaine, ça avait dû compliquer les choses pour nos deux acolytes.

En tout cas, j'espérais que leur état d'esprit à ce moment-là reflétait leurs expressions ! Magnifiques têtes, tellement drôles ! Même si je préférais me retenir de m'esclaffer trop fort...

Il ne m'était pas difficile de voir que les fouineurs avaient fouillé dans ma table de nuit, je n'avais en effet pas disposé mes affaires au hasard, j'avais bien vu qu'elles avaient bougées.

Je les voyais commencer à m'interroger, aussi suis-je vite parti en les laissant s'emmêler tous seuls.
Bien sûr, je n'étais pas allé bien loin, le bout du couloir m'avait suffi !

J'écoutais ce que disaient nos enquêteurs, décidément, c'était toujours intéressant.

Cléa voulait obstinément et pour je ne sais quelle raison croire que j'étais une source potentielle de danger. On ne pouvait affirmer qu'elle se trompait, même si elle n'avait pas totalement juste sur la façon dont j'attirais les ennuis.

Liam pensait que je n'étais pas dangereux, mais qu'ils se trompaient tout de même sur mon compte et que je les dupais. Il avait vu juste : je tenais à ce qu'on ne sache rien de ma vie trop étrange, et préférais détourner son nez aventureux.

Décidément, ils étaient intelligents ces deux-là. Trop, je devais faire gaffe si je voulais brouiller les pistes.

Ma mère avait toujours dit que j'étais doué pour emmêler les choses, et je crois bien qu'elle avait raison : j'avais dû faire un beau nœud dans l'esprit de Liam et Cléa...