Chapitre 22

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         Percy arborait un sourire qui dépassait la qualification d' "espiègle". 
    Il avança jusqu'à la place vide à côté de Liam et s'y assit. Les autres sénateurs ne semblaient pas le connaître et lui demandèrent de se présenter, ce qu'il fit sous le prénom de " Perseus Jacksonus Graecus " d'un latin parfait.
Se présenter comme " Percy Jackson le grec " devant une foule romaine, logique ça.
    En toge, sandales et tunique, il avait un air relax. Il n'avait pas adressé un seul regard en direction de Liam et affichait une indifférence totale, ce qui le porta à confusion : se connaissaient-t-ils déjà ? Et si Percy était vivant au moment où Liam l'observait du coin de l'oeil ? Cet air naturel le troublait.
Heureusement, son doute prit fin quand Percy lui souffla d'un ton qui se faisait le plus discret possible :
- Joli rideau Liam !
   Ouf ! C'était bien le Percy du Manoir.
- La ferme, j'avais pas le choix. Ça se voit tant que ça que ce n'est pas une toge ?
   Percy eut un semblant de sourire, qui disparut presque aussitôt.
- Ça va encore.
- Comment tu m'a retrouvé au juste ?
- La Carte était positionnée sur toi, je sais pas trop pourquoi, comme si elle voulait que je te retrouve. J'ai pas réfléchi, j'y suis entré directement.
- Vraiment ?
   Liam avait parlé à peine plus fort, étonné. Comment était-ce possible ?
- J'ai commencé par dénicher de quoi  me fondre dans la masse, expliqua Percy. J'ai mis un sacré moment à te trouver, comment tu t'es débrouillé pour être sénateur ?
- Aucune idée. Comment on sort d'ici ?
- On essayera la Carte une fois sortis de cette réunion, souffla Percy. Mais elle a du se refermer, si j'ai bien compris comment elle marchait.
- Ça dépend, ça fait combien de temps que tu es là ?
- Au moins vingt bonnes minutes que je te cherche.
- Ouais, aquiesca Liam, c'est mort. On doit trouver un autre moyen de se casser d'ici. Une idée ?
     Silence du côté de Percy. Liam lui jeta un regard furtif et le vit, les yeux dans le vide, passer le pouce sur son tatouage qu'il avait sur l'avant-bras.
     Liam s'y intéressa de plus près, et remarqua que ce tatouage ressemblait davantage a une marque au fer rouge. Sous le trident représenté, il y avait quatre traits et l'inscription "S.P.Q.R", la devise de Rome : "Senatus Populusque Romanus", en Français "Le Sénat et le peuple Romain".
     Ça se compliquait : Octave qui était évidemment Romain qualifiait Percy de traître, et celui-ci n'avait jamais montré une quelconque appartenance au monde romain. A présent il se comportait comme s'il l'avait toujours été. Octave avait-il raison ? Raison ou pas, ce regard presque nostalgique déroutait Liam, qui différait de plus en plus de l'avis de Cléa : qui qu'il puisse être, il savait à présent qu'il n'était pas un gris.
   Sans événement majeurs, la réunion défila. Dans la grande salle, on eut droit à bon nombre de discours, comme à la vieille école : le patricien se levait de sa place, parlait puis se rasseyait. Les votes, eux, était effectués par déplacement de groupes : chacun allait du côté de ceux qui adhéraient à son opinion.
    Bientôt cela se termina, au grand soulagement des deux intrus. Une fois sortis, il se cachèrent derrière un coin du bâtiment, invisibles aux yeux des sénateurs.
- Ouf, soupira Percy, on s'en est sortis. Tu sais où ils vont ?
- J'ai cru comprendre qu'ils se rendaient au Colosseo pour les jeux, l'informa Liam en regardant les patriciens descendre la Via Sacra.
- M'étonne pas, marmonna Percy. On y va pas, c'est tous des psychopathes là-dedans.
- Tu n'aime pas les jeux on dirait, le taquina Liam.
- Je rigole pas, marmonna Percy d'un air sombre. Ils s'amusent à regarder des gens se faire égorger et encouragent des bêtes à s'entretuer !
J'ai détesté combattre là-bas, encore plus pour y amuser les gens. D'autant que les dirigeants font tout cela juste dans le but de mieux manipuler le peuple : "Panem et Circenses", c'est leur devise.
- "Du pain et des jeux" ?
- Exactement. Autrement dit, "à manger et de quoi vous occuper", la meilleure manière de tenir le peuple tranquille et d'empêcher les révoltes.
- Je vois. Comment tu sais tout ça au juste ? dit Liam avec un sourire taquin.
- Ma fiancée est une encyclopédie sur pattes, rit Percy. Elle ne s'est pas privée de me l'expliquer quand on est allés à Rome. Enfin...
  Sans prévenir, Percy partit de leur coin de bâtiment, coupant court à la discussion.
   Liam le suivit, sans faire attention à ce qu'il avait autour de lui : il était resté bloqué sur le "J'ai détesté combattre là-bas" qu'il avait laissé échapper. Sérieusement ? Il ne pouvait pas y avoir combattu, encore moins au XXI siècle ; il n'y a plus de plancher !
    Percy s'avanca jusqu'au milieu de la place et regarda les passants la déserter et les marchands fermer leurs échoppes pour aller assister aux jeux à leur tour. Patriciens et Plébéiens partaient, survoltés, se joindre à la fête. Bientôt dehors ne restèrent plus que les vestales dans leur temple et quelques passants de-ci de-là.
   Liam rejoignit Percy qui s'était assit sur une marche de la tribune des Rostres devant laquelle Liam se tenait une heure plus tôt. Percy se prit la tête entre les mains en soupirant :
- Tu fais quoi quand tu es bloqué dans le passé ?
- D'habitude, réfléchit Liam, j'en profite pour résoudre le problème d'un pensionnaire. Mais là...
  Il leva les bras au ciel, mais la Carte fit la sourde oreille. Sous le regard étonné de Percy, il déchira un petit pan de sa toge-rideau et se retourna comme s'il cherchait quelque chose, sans résultats.
- Tu fais quoi ? s'étonna Percy.
- J'ai un ami qui voyage dans le temps, et il vient quand il entend du tissu qui se déchire. Il semble être occupé, ou bien ça ne marche pas. Je ne peux pas appeler le Moissonneur, il ne peut pas remonter le temps avant la Révolution Française. Parfois en écrivant une date où en tournant les aiguilles d'une horloge ça marche aussi mais là j'ai rien sous la main.
- Je sais pas quand c'est la Révolution Française mais je suppose que ca ne nous aide pas. Ben, trouvons-nous un endroit tranquille, proposa Percy, le temps de trouver une solution ! Si je ne me trompe, le Carcer pourrait faire office de planque.
- Le Carcer ? s'étonna Liam.
- La prison de Rome. Ce serait un endroit assez tranquille non ?
- Mieux vaut ne pas s'approcher des prisons, on ne sait jamais sur qui tomber.
- Je vois. On fait comment du coup ?
- Je sais pas mais...
    Liam s'interrompit, obéissant au geste brusque que venait de faire Percy lui intimant de se taire. Il le regarda, surpris : le brun lui fit signe d'écouter, le doigt sur les lèvres.
Se levant sans un bruit, Percy marcha jusqu'à une colonne de la Basilica Guilia en face de la Curie, à pas de loups. Il s'en approcha doucement, et Liam comprit ce qu'il faisait : avec le soleil, on voyait se dessiner une ombre derrière une des colonnes. Liam regarda cette ombre bouger, sortir d'un pan de vêtements un long objet éffilé comme un poignard.
- Attention ! voulut avertir Liam.
    C'était sans compter sur Percy : avec rapidité, l'homme sortit de derrière la colonne et abattit son poignard, que Percy contra tout aussi rapidement avec son épée - qui encore une fois sortait de nul part.
   Percy bloquait le poignard, aucun des deux ne faisait de geste, et leurs nez se touchaient presque.
    Et la scène était presque comique.
   Pourquoi ? Parce que c'était presque drôle de voir deux personnes qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau nez à nez, un peu comme quand on regarde un miroir en deux faces.
    L'autre portait une tunique grecque dissimulée sous une grande cape, c'était évidemment un fantôme, et il ressemblait beaucoup trop à Percy, si ce n'est qu'il avait les cheveux noirs et pas bruns foncés.
- Lâche-le, où tu tâteras de mon glaive ! cria une voix derrière Liam qui sursauta violemment.
   Au grand étonnement de ce dernier, Percy écarquilla les yeux et obéit, reculant doucement. L'autre adolescent ne bougea pas, observant son sosie avec un intérêt soudain.
   Liam se retourna, et vit le nouveau protagoniste : un fantôme à l'aura rougeâtre, moulé dans une toge qui lui glissait sans cesse en bas de son ventre bedonnant.  
    Percy le regarda lui aussi, une drôle d'expression sur le visage :
- Reticulus ? dit-il comme s'il attendait une réponse.
- Percy, releva Liam, je rêve où tu viens de dire le mot "sous-vêtement" ?
    L'homme bedonnant lui, affichait une toute autre expression :
- Mais comment connaissez-vous mon cognomen ?
- D'accord, dit Percy, je crois qu'il va falloir que je vous explique...

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Heyy ! D'abord, petites explications :
Plébéiens : gens du peuple à Rome.
Patricien : un peu comme la noblesse de Rome.
Vestales : Prêtresse de Vesta, chargée d'entretenir la flamme sacrée du foyer pour que jamais elle ne s'éteigne.
(Expliquations tirées de mes connaissances personnelles ;) )
Ensuite, j'en suis à l'écrit au chapitre 26 !
Donc voilà, je n'ai rien à dire de plus, si ce n'est que je vous souhaite de bien profiter de vos galettes!
Bon appétit et à la semaine prochaine!

Liam et le fils de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant