ORCAM - Tome 1 : Automne (1ère partie)*

Le Couronnement (Partie 3)

— Aurais-tu peur de moi, MacCormac ?

Liam avait décidé de s'approcher d'elle le plus possible – en évitant soigneusement de la toucher – pour la mettre mal à l'aise.

C'était peut-être puéril, mais il s'était fait une promesse : quoi qu'il lui en coûte, Lihanna passerait la soirée la plus pourrie de sa vie. Et – ô joie – son plan prenait une tournure plutôt positive.

En effet, Lihanna semblait gênée par la proximité de leurs deux corps. Il sentait qu'elle appréhendait elle aussi le moment où il allait être obligé de la toucher. De plus – et à sa grande satisfaction – même perchée sur ses talons, elle devait lever la tête pour le regarder en face et elle avait horreur de ça.

— Pourquoi donc aurais-je peur de toi, Ruadhan ?

Le ton était sec et cassant. Mais la lueur d'appréhension qu'il vit briller au fond de ses grands yeux gris aux reflets mauves démentait l'assurance de ses propos.

— Peut-être parce que tu sais à quel point cela peut être dangereux pour toi de me provoquer ? répliqua-t-il d'un ton mielleux.

Elle cilla légèrement sous la menace, mais ne se démonta pas.

— Il fallait que je te parle. C'est important.

Hein ?

Quelque peu surpris par cette réponse, Liam fronça les sourcils.

— Je ne cherchais pas à te provoquer, Ruadhan, reprit-elle avec humeur. Pas cette fois, en tout cas. Je voulais juste... te parler.

Non mais attendez... quoi ?

— Alors, tu m'as invité au bal ? demanda-t-il en oscillant entre la perplexité et l'énervement. En sachant que cela allait me mettre dans une colère noire et me donner envie de te tuer, juste pour me parler ? C'est bien ce que je pensais, tu es complètement cinglée.

Elle se crispa sous l'insulte.

— Et qu'est-ce que j'aurais dû faire, d'après toi ? Tu n'aurais jamais accepté de m'écouter à moins d'y être obligé ! Te faire enrager, ça... Eh bien, oui. C'était la cerise sur le gâteau, j'avoue.

Liam serra les mâchoires. Mais... Elle n'avait pas tout à fait tort. Il ne l'aurait pas écoutée si elle était venue lui parler. Il l'aurait sans doute menacée, humiliée, insultée... Ça oui. Mais non, il ne l'aurait effectivement pas écoutée. Néanmoins, il était hors de question qu'il lui avoue que – pour une fois – elle était dans le vrai.

— Tu sais, reprit-il soudain en la détaillant de la tête aux pieds avec un petit sourire appréciateur, j'ai bien failli ne pas te reconnaître avec cette robe. De loin, je me suis presque dit « pas mal, cette fille »...

Sa remarque sur son physique était vraiment petite. Mais changer de sujet était la seule chose qu'il ait trouvée pour éviter de lui donner raison. Le fait que cela la désarçonne complètement et la fasse rougir, eh bien... Il ne s'y attendait pas. Et ça, c'était sacerise sur le gâteau.

— Note que j'ai bien insisté sur le « presque », ajouta-t-il tout de même en grimaçant. Ne va pas t'imaginer des choses.

Ouais, bon... La grimace n'était peut-être pas nécessaire. Surtout qu'en vérité – et cela lui faisait un mal de chien de devoir l'admettre – il la trouvait magnifique dans sa foutue robe blanche. Elle ressemblait à un ange. Exactement comme la première fois où il l'avait vue.