Les retrouvailles (Partie 5)

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Lihanna remercia sa bonne étoile quand Liam pénétra dans sa chambre. Elle savait que la présence d'Erin avait sans doute quelque peu calmé ses instincts meurtriers.

Mouais... Là ma grande, tu peux toujours rêver.

Néanmoins, lorsqu'il posa ses yeux sur elle, elle vit nettement tous les traits de son visage se durcir. Ses yeux gris devinrent aussi froids que la glace et ses poings se contractèrent nerveusement à mesure qu'il s'approchait d'elle. Un moment, elle crut même qu'il n'arriverait pas à se contenir. Mais lorsqu'il s'arrêta à quelques pas, elle fut rassurée. Liam ne lui ferait pas de mal ce soir. Du moins... pas physiquement. Et, franchement, on pouvait déjà considérer cela comme un net progrès dans leur relation !

Il resta planté là, face à elle, en la toisant. Elle fut frappée par la différence entre le visage avenant et charmeur qu'il avait présenté à sa sœur et l'expression froide et méprisante qu'il lui réservait à chaque fois. Néanmoins – et ça la rendait dingue de devoir l'admettre – elle ne put s'empêcher de remarquer à quel point il était encore plus beau que dans son souvenir.

Oh bordel ! Elle se serait giflée tellement elle s'en voulait d'être en admiration devant un abruti pareil ! Mais c'était un fait, Liam était un fantasme sur pattes. Grand, mince, musclé juste ce qu'il fallait, des cheveux noirs comme la nuit, la peau hâlée et des yeux – légèrement en amande – gris comme l'acier. Son fantasme, son point faible. À elle... et à une multitude d'autres filles.

Sûr de lui et doté d'un charisme à faire pâlir... ben... n'importe qui, le jeune homme avait en effet beaucoup de succès. Pourtant, on pouvait également dire qu'il possédait un caractère, disons – pour le moins – merdique. Mais toutes les filles qui tombaient à ses pieds comme des mouches – ce qui n'était, bien sûr, évidemment pas son cas – préféraient y voir un pseudo-air torturé, romantique ou mystérieux plutôt que d'admettre cette triste réalité : Liam était surtout un sacré connard.

Et puis, mystérieux, tu parles ! Méprisant, hargneux et blessant, voilà quel homme il était vraiment. Du moins, surtout avec elle.

Comme s'il lisait dans ses pensées, elle vit le petit sourire narquois qu'elle détestait tant étirer soudain le coin de ses lèvres.

— Ça fait deux fois aujourd'hui que j'ai l'impression d'être à ton goût, MacCormac... dit-il en s'approchant légèrement et en fixant sur elle son regard mauvais. Que se passe-t-il, princesse ? Tu penses m'amadouer en me proposant d'ouvrir les cuisses ?

Que... quoi ? Non mais qu'est-ce que ce sale type venait de dire ?!

En fait non, pas besoin de répéter, elle avait très bien compris. Elle ne chercha pas plus longtemps à tergiverser. Elle le gifla.

Malheureusement, dès que ses doigts entrèrent en contact avec sa joue, la vision les submergea. Toujours la même hein, parce que – bien sûr – c'était trop demander de varier un peu les images stupides que ce foutu lien magique leur imposait à chaque fois qu'ils se touchaient !

Enfin bref, passons.

Quand elle revint à la réalité, elle constata, horrifiée, que le jeune homme lui avait saisi la main. Paniquée, Erin s'était rapprochée, mais Liam lui avait fait signe de ne pas intervenir.

— Simple précaution, lui dit-il sans quitter Lihanna des yeux. Je n'ai pas envie d'être interrompu par une autre de ces visions.

Puis, s'adressant à nouveau à elle, il ajouta avec son sempiternel petit sourire narquois qui lui donna immédiatement envie de le gifler une seconde fois :

— Ne va surtout pas t'imaginer quoi que ce soit...

De plus en plus agacée par le ton méprisant qu'il employait pour lui parler, elle eut soudain la furieuse envie de lui rendre la monnaie de sa pièce et de lui montrer à quel point cela pouvait être énervant d'avoir en face de soi quelqu'un d'aussi insupportablement arrogant.

— Si tu le dis, répliqua-t-elle en accentuant considérablement le ton railleur qu'elle avait décidé d'employer.

Étant donné qu'il s'attendait sûrement à la voir se transformer en folle furieuse hystérique – oui, oui... c'était généralement de cette manière pathétique qu'elle réagissait quand il se moquait d'elle – Liam la fixa quelques instants les yeux écarquillés. Malheureusement, il se reprit bien vite. Il lui serra la main à lui faire mal et l'attira à lui de manière à pouvoir lui chuchoter à l'oreille tous les mots doux qu'il voulait. Et sans qu'Erin n'entende quoi que ce soit.

— Ne joue pas à ce jeu-là avec moi, Mac, répliqua-t-il sur un ton encore plus méprisant. Tu n'es pas de taille. Et surtout, ça ne m'intéresse pas.

Mac... Ce diminutif faisait référence à son nom de famille terrestre, MacCormac. Liam devait penser que l'appeler ainsi était une autre façon de lui montrer à quel point elle était insignifiante pour lui, mais malheureusement pour le jeune homme, elle adorait ce petit surnom. Mais – soyons clairs – pas parce qu'il était le seul à l'appeler ainsi. Non. Elle aimait bien ce surnom, c'est tout.

Quoi qu'il en soit, elle ne se laissa pas démonter et à son tour, se pencha un peu plus contre lui pour murmurer à son oreille :

— Encore une fois, Ruadhan, susurra-t-elle d'une voix grave et moqueuse, si tu le dis...

Fière d'elle, elle sentit le jeune homme tressaillir. Il se recula légèrement et la regarda d'une façon qui l'aurait presque fait rire si elle ne s'était pas sentie aussi nerveuse.

— À quoi tu joues, Mac ? souffla-t-il en fronçant les sourcils.

— Mais à rien, Ruadhan... rétorqua-t-elle en haussant les siens. Je veux juste que tu n'oublies pas une chose. Ou plutôt deux, en fait. Je ne suis pas une de tes groupies que tu peux traiter comme une moins que rien. Et, surtout, tu ne m'impressionnes pas.

Brièvement, elle vit une lueur amusée passer dans ses yeux gris et une ébauche de sourire étirer ses lèvres.

— Ça, princesse, je le savais déjà... murmura-t-il comme pour lui-même au moment où le cœur de la jeune fille manquait un battement – de façon complètement incompréhensible – devant ce sourire.

Mais presque aussitôt, son visage se ferma et il lui décocha ce regard chargé de mépris qu'il ne réservait qu'à elle.

— Par respect pour ta sœur, lui dit-il tout bas, on va en rester là pour cette fois. Mais quoi qu'il en soit MacCormac, ne t'approche plus de moi. Ne me touche plus. Et surtout, ajouta-il en plissant les yeux d'une voix vibrante de colère, ne t'avise plus jamais d'utiliser ta magie contre moi !

Sur ce, il la lâcha brusquement et tourna les talons. Il s'arrêta à la hauteur d'Erin et l'embrassa sur le front.

Puis, sans un regard en arrière, il sortit en claquant la porte.

Bon ben, finalement...Leurs retrouvailles ne s'étaient pas passées si mal que ça... 

ORCAM - Tome 1 : Automne (1ère partie)*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant