Chapitre 6 : Les présentations

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Le lendemain matin, Lihanna se réveilla avec un mal de crâne qui lui donna la nausée. En se redressant sur son lit, elle eut l'impression que toute la pièce était en train de tanguer et elle se précipita dans les toilettes pour vomir un flot de bile qui lui brûla la gorge. Au prix d'un gros effort, elle parvint à se lever, se dirigea vers le lavabo et s'aspergea le visage avec de l'eau glacée. Cela lui remit un peu les idées en place et elle remarqua avec émerveillement que grâce à la magie, un monde comme celui d'Orcam – qui pouvait sembler de prime abord moyenâgeux – bénéficiait parfois du même confort que sur Terre.

Bon, à quelques détails près... Ici, ils n'avaient quand même pas la télévision ou Internet, mais il y avait l'eau courante, le chauffage et la lumière.

En parlant de lumière, elle trouvait que celle de cette salle de bain était légèrement trop agressive pour son pauvre petit crâne meurtri. Elle se dépêcha de refaire son pansement et s'habilla en quatrième vitesse. Elle allait sortir pour laisser sa place aux filles quand elle remarqua que quelqu'un l'observait depuis le pas de la porte.

— Euh... salut, lança-t-elle en agitant timidement la main.

Il s'agissait de Dilys, sa camarade de chambre et coéquipière. Elle tenait dans la main une tasse de thé qui semblait contenir un liquide fumant dont l'aspect et l'odeur lui soulevèrent le cœur. Elle lui adressa un sourire contrit, mais s'approcha néanmoins avec son horrible mélange, son répugnant fumet emplissant toute la pièce.

— Dilys... Tu voudrais bien éloigner cette mixture de moi, s'il te plaît...

Elle mit sa main devant son nez et sa bouche, tentant de se protéger le plus possible de l'odeur et éviter de vomir tripes et boyaux sur les chaussures de sa nouvelle camarade.

Loin d'obéir à sa demande, la jeune fille se rapprocha.

— Je suis désolée, Lihanna, dit-elle un peu gênée. Mais, en réalité... cette préparation est pour toi.

Surprise – et horrifiée – Lihanna écarquilla les yeux.

— Tu... Tu as décidé de m'empoisonner dès le premier jour ? paniqua-t-elle. Mais je ne t'ai encore rien fait... ajouta-t-elle plaintive.

Pour toute réponse, Dilys éclata de rire tout en continuant de lui tendre cette horrible chose à l'odeur nauséabonde.

— Si tu veux, on te la tient !

Que... Quoi ?! Oh la traîtresse !

Parce que la voix de la personne qui venait d'intervenir – et qui était d'accord pour la livrer à la torture – était celle de sa propre sœur !

Qu'avait-elle bien pu leur faire ? Elle ne se souvenait de rien. C'était peut-être un effet secondaire du coup qu'elle avait reçu à la tête ? Une sorte de traumatisme qui causait une dissociation de la personnalité ?

Mouais... Elle n'y croyait pas. Le problème, c'est que Dilys se trouvait toujours devant elle avec un sourire éclatant – et un peu flippant. Lihanna chercha une issue. Il n'y en avait évidemment pas.

— Du calme, coéquipière, s'amusa sa nouvelle tortionnaire. Je ne vais pas t'empoisonner ! Il s'agit d'un remède que j'ai préparé pour toi hier soir quand tu es partie te coucher.

Devant le regard soupçonneux que lui lança Lihanna, elle éclata à nouveau de rire.

— Bon, je te l'accorde, il n'est pas très ragoûtant...

— C'est le moins que l'on puisse dire...

— ... mais c'est très efficace contre les maux de tête, je t'assure. C'est un remède à base de camomille, romarin et saule blanc. Plus deux ou trois autres ingrédients...

— Ça pue drôlement ton truc pour un remède à base de camomille et de romarin, si tu veux mon avis... marmonna-t-elle toujours pas convaincue.

— Je sais, répondit Dilys en riant, mais c'est un remède qui a fait ses preuves, crois-moi. Je tiens la recette de ma mère, qui est une Fille de la Terre et donc qui s'y connaît en plantes, qui elle-même la tenait de sa mère et ainsi de suite jusqu'à je ne sais quelle génération.

Mouais...

Lihanna hésitait encore. Elle ne savait même pas si son estomac était capable de supporter un truc qui ressemblait autant à de l'eau stagnante venant des égouts.

— Bon, Liha, on va pas y passer la journée, intervint soudain Eiline depuis la chambre. Tu bois ce truc pour qu'on puisse y aller !

Agacée, Lihanna finit par saisir la tasse que lui tendait sa camarade et inspecta son contenu avec un regard soupçonneux.

— Fais-moi confiance, lui murmura Dilys d'une voix rassurante. Tu vas vite te sentir mieux.

Prenant son courage à deux mains, elle porta la tasse à ses lèvres et but d'un trait l'horrible mixture...

... qu'elle faillit recracher sur-le-champ. La décoction avait un goût encore plus infect que l'odeur qu'elle dégageait. Mais elle se fit violence et parvint à ne pas vomir.

— Eh ben, voilà ! s'exclama sa sœur. Tu vois que tu es une grande fille quand tu veux !

Lihanna la foudroya du regard, mais ne répondit rien.

— Merci, dit-elle à Dilys en grimaçant. Mais j'espère que c'était la première et la dernière fois de ma vie que je goûtais à l'une de tes recettes de famille. Sans vouloir te vexer, vous n'êtes pas franchement doués en matière de mélange des saveurs et j'ai un palais très délicat.

Face à elle, Dilys haussa les épaules, faussement contrite.

— Malheureusement, j'ai bien peur que tu doives en boire au moins trois fois par jour, pendant une semaine environ.

Que... quoi ?! C'était une blague, non ? Parce que rien que d'y penser...

Devant sa mine dépitée, sa coéquipière ajouta précipitamment :

— Mais crois-moi, je te promets que dans une semaine, tes céphalées seront de l'histoire ancienne ! Tu seras complètement rétablie !

Euh... Ses céphalées, peut-être ! Mais qu'en était-il de son estomac ? Si elle devait boire ça plusieurs fois par jour, elle était persuadée que ce dernier n'y résisterait pas.

— En attendant, conclut Dilys en posant sur elle un regard bienveillant, cette décoction va au moins calmer la douleur et te donner un peu d'énergie. Et vu la journée qui nous attend, tu vas en avoir besoin !

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ORCAM - Tome 1 : Automne (1ère partie)*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant