ORCAM - Tome 1 : Automne (1ère partie)*

Le Couronnement (Partie 4)

Oh non, oh non, oh non !!!

Ne panique pas ! Ne panique pas ! Ne panique pas !

Il n'a peut-être pas compris ce que tu voulais dire par là ? Il...

Lihanna ferma les yeux très fort et secoua la tête pour essayer de faire taire sa conscience qui était à deux doigts de sombrer dans l'hystérie. L'alcool qu'elle avait ingurgité avait dû amplifier son côté angoissé.

Il n'empêche... Qu'est-ce qui lui avait pris de dire ça à Liam, bon sang ?!?! Comme si cet abruti n'avait pas déjà un ego surdimensionné ! Pourquoi avait-il fallu qu'elle le conforte dans son complexe – narcissique, en plus – de supériorité ?!

Maintenant, il savait qu'elle était comme toutes ces autres filles. Comme celles qui bavaient sur lui et...

Oh mais quelle gourde, quelle gourde, quelle gourde !

Non mais franchement... Pourquoi était-elle autant attirée par l'homme qu'elle haïssait plus que tout au monde ? Pourquoi était-elle si nerveuse quand il se trouvait à proximité, au point de commettre ce genre de conneries ? Pourquoi n'avait-elle pas simplement envie de le frapper et de lui faire ravaler son satané sourire ?

Bien sûr, la réponse à ces questions était très simple. Douloureuse comme de s'arracher une dent, mais simple : Liam la troublait.

Voilà pourquoi elle avait autant bu ce soir. Pour se donner le courage illusoire que procurait l'alcool. Manque de bol, son stratagème a fonctionné bien au-delà de ses espérances.

Oh bon sang... Liam savait très bien tirer parti de ses faiblesses et elle venait de lui avouer que – contrairement à toutes les fois où elle le lui avait hurlé dessus – elle ne le trouvait pas du tout aussi laid que les zombies qui la faisaient tant flipper. Et même s'il ne savait pas ce qu'était un zombie – la télé et internet n'existant pas dans le monde d'Orcam – il avait toujours très bien compris que cela voulait dire qu'elle le trouvait répugnant. Après tout, elle avait toujours pris bien soin de représenter en même temps le dégoût qu'il lui inspirait, en mimant un vomissement de toute beauté.

Enfin bref. Tout ça pour dire que les publicités terriennes avaient raison. L'alcool était dangereux pour la santé. La preuve ?Sous l'emprise de cette substance, elle venait de donner à Liam une nouvelle arme dans cette guerre puérile qu'ils se livraient depuis des années. Et il n'allait sans doute pas tarder à l'utiliser pour la pulvériser et...

Pourquoi n'était-il pas déjà en train de l'atomiser, d'ailleurs ? Était-il réellement possible qu'il n'ait pas compris ce qu'elle voulait dire par là ?

Ni tenant plus, elle lui jeta un regard à la dérobée et se prépara mentalement à affronter son rictus moqueur. Mais à la place, son cœur manqua un battement.

Oh. Par. Les. Quatre !

Liam souriait. Mais pas avec son sempiternel sourire narquois qu'il lui destinait chaque fois. Non... Là, il arborait un petit sourire en coin qui illuminait ses traits virils et le rendait terriblement sexy. Elle eut vraiment beaucoup de mal à retenir un soupir d'envie qui aurait aggravé son cas.

Mais – la vache ! – ce qu'il était beau. Il semblait perdu dans ses pensées et n'avait pas remarqué qu'elle le regardait. Le voir ainsi... Cela la troubla bien plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer et elle comprit pourquoi sa famille et ses amis trouvaient que Liam était un jeune homme charmant.

Elle en était là de ses réflexions quand elle le vit froncer les sourcils. Puis il releva vivement la tête et braqua ses beaux yeux gris sur elle. Surprise, elle réussit pourtant à ne pas détourner le regard et elle s'efforça de ne pas trop rougir. Mais c'était vraiment difficile de ne pas faiblir devant ces yeux perçants qui la fixaient avec intensité et – sans doute pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient – sans aucune animosité.

Elle fut soudain tirée de cet étrange intermède par le bruit d'une clochette qui résonna d'une façon aussi agaçante que la sonnerie d'un réveil qui vient vous tirer des bras de Morphée alors que vous faisiez un beau rêve. Ce tintement irritant qui signifiait que le bal allait commencer et que les convives étaient attendus pour la première danse.

— Je crois qu'il va falloir y aller, murmura Liam.

Il ne l'avait toujours pas quittée des yeux. Sa voix était étrangement douce et Lihanna sentit ses joues s'empourprer.

— Je... oui. Une minute...

Oh bon sang ! Elle avait besoin d'un autre verre, là, maintenant, tout de suite ! Elle s'apprêtait d'ailleurs à en saisir un en vitesse, mais Liam l'en empêcha.

— Je crois... soupira-t-il alors qu'elle le regardait sans comprendre. Je crois que dans notre intérêt à tous les deux, il vaut mieux qu'on ralentisse.

Il la fixa encore quelques instants sans rien dire, puis il ajouta :

— Pour ma part, je n'ai pas envie de dire ou de faire quelque chose que je regretterai amèrement demain.

Et paf... se dit-elle alors qu'elle ressentait déjà la nostalgie de cette conversation qui s'était déroulée de façon cordiale pour une fois.

Bon retour dans la réalité, ma pauvre fille...

Finalement, cela n'avait pas tardé. Liam était fin prêt à lancer les hostilités et à lui faire regretter son petit aveu quant au fait qu'elle avait remarqué qu'il était – plutôt – sacrément bien roulé.