Chapitre 6 - Défense et Maltraitance

30 1 0
                                    

Vendredi 29 septembre 2017
à 9h05

     Je suis seule dans la salle avec Benoît et Alice. Je viens de finir de boire et on sort tranquillement. Christian donne son cours de deux heures. Il est sorti à 8h30 de la salle.

     On avance sur la galerie jusqu'à l'escalier permettant de monter au deuxième étage qui nous emmène au grenier. On monte l'escalier, j'ouvre la porte et on entre dans le couloir. Il est toujours aussi sombre et poussiéreux.

     J'allume ma lampe et je demande à mes deux acolytes d'une voix calme:

_ Pourquoi voulez-vous que l'on fasse ça maintenant?

_ C'est le seul moment de la journée où on peut être ici sans qu'un concierge ou une femme de ménage nous voit. Répond Alice.

_ Je comprends mieux.

     Je lâche un frisson en voyant le carton qui recense tous les L1 depuis 1899. On le prend et on sort du grenier après avoir vérifier que c'est bien ce que l'on est venu chercher. On redescend quand j'ai fermer la porte et on retourne dans notre salle. Mission accomplie et ça fait plaisir. On peut se détendre légèrement.

     Quelqu'un toque à la porte, entre après avoir eu l'autorisation et c'est un surveillant qui est plus que surpris de me voir. C'est sans retenue qu'il s'avance, m'empoigne le bras avec force et qu'il me dit sur un mauvais ton:

_ Tu n'as pas le droit d'être ici. Descend immédiatement.

     Quelqu'un le retient avant que je me fasse jeter dehors de force sans raison valable. C'est une surprise pour moi de voir Jean prendre ma défense contre un surveillant. Mais ça explique pourquoi Alice et Benoît n'ont pas bouger. Ils savaient que Jean allait venir à ce moment précis.

     Je sens le surveillant desserrer son emprise au fur et à mesure que l'assistant lui parle:

_ Lâche-la. Elle n'a rien fait de mal. On l'aide à comprendre certaines choses alors c'est à toi de descendre et pas à Hana. C'est clair?

     Le surveillant acquiesce et me lâche. Il remet une convocation à Alice pour l'une de ses élèves et sort en me lançant un regard haineux.

     Je lâche un soupir de soulagement, remercie Jean et je m'installe sur le canapé pour voir avec eux ce qui se trouve dans le carton avec plus de précision.

     Listes et photos de classes avec les dossiers de chaque élèves. Le nom est écrit en rouge si il est décédé et en bleu si c'était le survivant de l'année.

     Dire que certaines classes ne se doutent pas de ce que nous vivons chaque semaines quand nous perdons un camarade.

     Les dossiers étalés sur la table basse et le parquet, je reçois un message de Corentin me signalant que l'on est en 222 pour le français, cet après midi.

     Je le remercie de m'avoir prévenu, l'interclasse sonne et je me lève en faisant attention à ne pas salir les documents qui risquent de nous être très précieux.

     Je signale à Alice, Jean et Benoît que je vais en cours et la porte s'ouvre sur Christian. J'allais tomber à la renverse et il me rattrape avant que je ne touche le sol. Il me tire vers lui et me dit d'une voix qui me rassure légèrement:

_ Reste pour nous aider à ranger. Jean te ramènera en cours.

_ Tu es sûr que c'est prudent? Demande le concerné.

_ Si je le fais moi-même, on va avoir de sérieux soucis et je refuse que ça lui arrive. Alors oui, j'en suis sûr.

     On range tous les dossiers en vitesse, je mets mon manteau et je prends mon sac. Je suis dans les temps alors c'est parfait.

     Je sors de la salle en attendant Jean et on monte en 214. Je ne suis pas retourner dans cette salle depuis le voyage dans le temps. Je sens que je suis au bord de la panique mais je cherche à éviter de flancher.

     J'ouvre la porte et je sens un courant d'air glacé. Je ne sens plus mes membres, je m'effondre et je sombre dans un profond sommeil, bercé par le souvenir du voyage temporel.

     Je me réveille à 17h40 dans un lit d'hôpital. Je ne cherche pas à me redresser en sentant ma tête me tourner de façon assez violente et je sors juste mon portable. Message de Corentin pour me dire que l'on a perdu Julien. Il est tomber dans les escaliers. Et il veut que je lui envoie un message pour qu'il sache quand je suis réveiller.

     Ce que j'allais faire avant qu'on me prenne mon appareil. Je sais qu'il ne s'agit pas d'une infirmière. Tout comme je sens la présence de deux personnes de l'autre côté du lit où je suis.

     Je détourne le regard et je vois effectivement Benoît et Alice à ma gauche. Ce qui veut dire que seul Christian peut être à ma droite pour avoir prit mon portable. Je le regarde et il me sourit. Je lui demande ce qu'il se passe et il me répond:

_ Tu ne peux plus aller dans la salle 214. Tu as fait un malaise en y entrant. Ou alors, c'est parce que tu manges à peine.

     Il passe sa main sur mon ventre et il est bien plus que surpris en sentant poindre mes côtes. Il n'ose plus bouger et je lui dis en ayant les larmes aux yeux:

_ Je ne mange plus du tout. Mon frère me harcèle en me disant que je ne suis qu'une erreur de la famille. Une erreur génétique. Il me déteste. Ma mère ne fait rien parce qu'elle ne veut pas le contrarier et mon père... Sans nouvelles...

_ Ton frère est plus vieux que toi? Me demande Alice.

_ De deux ans mon aîné...

_ Il ne devrait pas faire ça. Regarde-moi, Hana.

     Je ne proteste pas et me tourne vers Christian. Je ne lui oppose aucune résistance quand il me caresse la joue et il me dit en retirant la mèche qui couvre mon oeil droit:

_ Si il te dit ça pour ton hétérochromie, je ne le comprends pas. Surtout qu'elle est sublime.

_ Il n'y a pas que ça...

_ Quoi d'autre?

_ D'une part mon hétérochromie et d'une autre, mes notes. Je suis bien plus cultivée que le reste de la famille, j'ai de meilleurs résultats et surtout, je lis beaucoup. Il me déteste pour ça et il me souhaite de succomber à la malédiction ou de rater mes études si je m'en sors...

     Je me mets à pleurer en me souvenant des atrocités de mon frère et je ne peux pas m'arrêter.

     Je finis par dire après un moment passé à verser mes larmes que j'ai tellement refoulées:

_ Je ne descends même plus manger. Je ne ressens même plus l'état de faim, pour ainsi dire. Et ma famille est entièrement responsable de ce calvaire...

================================================================================

Et chapitre 6 clôturer. Je vous le dis (à tous ceux qui veulent des couples) non, il n'y en a pas. Tout comme il n'y a pas de romance ;)

The Last (Ou "La Survivante")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant