Chapitre 9 - Vérité

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Vendredi 13 octobre 2017
A 15h20

     Je suis en salle 122 pour les dix minutes de récréation. J'ai droit à une part de gâteau avec une tasse de thé. Ça fait du bien mais Jean remarque bien vite que quelque chose me tracasse. Il me demande alors dans le calme:

_ Qu'est-ce qui te rend si morose? Tu es comme ça depuis ce matin à ce que j'entends en salle des profs, en bas.

_ J'ai peur de savoir qui va nous quitter aujourd'hui. Et je refuse que se soit lui.

     La porte s'ouvre quand je me lève et c'est un surveillant. Celui que je déteste. C'est en voyant sa surprise que je lui demande d'un air mauvais et cinglant:

_ Tu comptes me faire sortir de force? J'aimerais bien voir ça.

     Il ne réplique pas et je lâche un sourire qui le met mal à l'aise. Il reprend vite ses esprits et tente de me saisir le poignet. Mais bien malheureusement pour lui, je bouge et lui assène un coup de genoux dans l'estomac. Il recule, ayant le souffle coupé, et je lui dis d'un air mauvais, le regard sombre:

_ J'espère pour toi que tu as compris la leçon. Alors maintenant, tu vas remettre tes convocations et tu me laisses tranquille.

     Il se redresse, se tient au mur et me réplique d'un air que je n'apprécie pas:

_ Tu paieras un jour. Tu peux en être certaine.

     Et il s'en va sans plus d'explications. Il me laisse avec mes questionnements et je retourne à ma place. Je bois ma tasse d'un trait et mon ami assistant me demande d'un air calme:

_ Tu comptes te plaindre pour les menaces?

_ Non. Ce type n'est qu'un imbécile.

     Je sens mon portable vibrer dans ma poche droite. Je le sors et je vois un numéro inconnu. Je décroche et une voix me demande de façon paniquée:

_ T'es où? C'est plus qu'important.

_ J'ai pas le droit de dire où je me trouve, Manon. En revanche, je peux descendre. Où es-tu?

_ Devant la salle 16. Fait vite.

     Je raccroche, la mâchoire crispée et je descends en disant à mon ami que j'ai quelque chose d'assez important à faire. Il ne me retient pas et je descends le plus rapidement possible. C'est une fois la dernière marche franchie que je me mets à courir jusqu'à la salle où l'on est.

     Manon me voit et me fait de grands signes. Je m'arrête à sa droite et lui demande en restant calme:

_ Qu'est-ce qu'il s'est passer?

_ C'est Laurine...

     Je vois qu'elle se retient de pleurer alors je l'étreints en lui disant que tout va bien se passer. 

     Je ne me retourne pas en sentant trois présences familières derrière moi et je sens une main se poser sur mon épaule. Je me sens rassurée et je souris en comprenant que je me suis trompé sur les trois personnes que je sentais quelques secondes plus tôt. Se sont Élise, Léa et Louisa.

     Manon me remercie quand elle se décale et je lui précise d'une voix extrêmement calme:

_ Tu peux me joindre quand tu veux. Je suis prête à t'écouter et je suis là pour t'aider.

_ Merci infiniment.

     Je lui adresse un sourire réconfortant et me tourne vers mes trois amies de longue date qui se posent des questions. J'étais prête à leur dire ce qu'il s'est passer mais visiblement, Louisa préfère me couper en me disant:

_ On aimerait savoir une grande partie des choses que tu fais quand on est pas avec toi.

_ Je n'ai pas le droit d'en parler sans autorisation. Si je pouvais vous le dire, il y a longtemps que je l'aurais fait. Répondis-je d'une voix tremblante.

_ Dire que je pensais que tu allais braver cette interdiction... Soupire Léa en reprenant ses fiches.

     Je lâche un soupir, la sonnerie nous annonce la fin de la récréation et mes trois amies s'en vont, Élise me souhaitant bon courage en souriant.

     J'appelle une ambulance qui arrive peu de temps après et emporte Laurine sous les yeux larmoyants de Manon. La prof arrive en compagnie de Christian qui me demande:

_ Tout va bien?

     Je ne réponds pas, cherche à réconforter ma camarade et je récite le paragraphe que j'ai lu dans les dossiers des L1:

_ Il n'y a aucun moyen connu pouvant arrêter la malédiction. Or, après plusieurs possibilités, j'en suis venu à comprendre que c'est une seule et unique personne qui peut y mettre un terme. La personne maudite elle-même doit se faire tuer ou se suicider afin de sauver toute sa classe. Cependant, il n'existe aucun moyen de savoir qui est cette personne.

     Mes camarades et les deux profs sont sans voix. Plus personne n'ose parler tant ça leur semble irréel.

     On entre en salle, on retourne à notre place, je note le nom de Laurine et la cause inconnue sur la liste. J'en viens à me demander si ma théorie est exacte mais j'ai d'autres questions en tête pour le moment.

     La prof déplace Manon à côté de moi et me demande d'une voix qui ne laisse pas place au doute:

_ Tu comptes me dévoiler ce qu'il se passe pour que les élèves de cette classe meurent un par un? Et ce que tu as dit avant d'entré?

     Je demande l'autorisation de tout dire à mon acolyte, il me l'accorde. Je me lève et leur dis dans un calme impassible:

_ Comme certains d'entre nous le savent, notre classe est maudite. La PL1 a un nombre fixe de 31 élèves chaque année depuis 1899. Une seule année a enfreint cette règle, l'année 1996. Il y a toujours eu un seul survivant sauf cette année particulière. Ils étaient 34 en classe. Quatre élèves ont survécus et sont dans l'établissement, à l'heure actuelle alors que 30 de leurs camarades les ont quitter tout au long de "L'Année du Miracle".

     J'ai droit à des murmures de surprise dans toute la salle, une expression de terreur dans le regard de la prof et un sourire de reconnaissance de la part de mon collègue.

     Tu parles d'un vendredi 13...

The Last (Ou "La Survivante")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant