Chapitre 7 - Larmes Brisées

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Vendredi 6 octobre 2017
A 13h15

     On a exceptionnellement quitter plus tôt aujourd'hui. Je suis sortie de l'hôpital il y a trois jours quand j'ai été déclarée hors de danger. Mon frère a été surpris que je rentre aussi tôt et il n'a pas cesser de me faire des reproches.

     A l'heure actuelle, j'ai le nez dans les dossiers qu'on a descendu en salle 122. Ça fait une semaine que je cherche à me vider la tête autrement qu'en pensant à me tailler les veines. J'ai seulement deux lignes horizontales sur les poignets. Alice m'a appeler au bon moment pour savoir si j'étais bien rentrée et je la remercie.

     Je suis allongée sur le canapé, sur le dos, le dossier datant de 1903 en bout de bras et je lis les causes de décès. Maladies graves, accidents de la route, du travail, crises cardiaques et il y a même trois cas de noyade.

     Je pousse un profond soupir, me redresse en jetant le dossier sur la table et je lève les yeux. C'est avec étonnement que je découvre Christian me proposer une tasse de café. Je la prends en le remerciant et il s'installe à ma droite.

     Mon regard se perd dans le liquide et il le remarque. C'est en me voyant pensive qu'il me demande avec inquiétude:

_ Qu'est-ce qu'il t'arrive? T'as pas l'air bien depuis que tu es revenue au lycée.

_ Mon frère qui continue ses remontrances et je deviens dépressive. Quand je suis revenue, il m'a dit en me voyant "T'aurais pas pus y rester?!" donc je suis aller dans ma chambre et...

     Je baisse les yeux, laissant trois larmes tomber dans mon café et, comme par instinct, il découvre mon bras droit. Il est surpris et au lieu de me faire une leçon de morale comme je l'aurais penser, il me donne droit à une étreinte. Je réponds de la même façon, en nichant mon visage dans le creux de son cou, pleurant à n'en plus finir en me tenant à lui comme si ma vie en dépendait. Il me caresse le dos en me disant gentiment de me calmer. Je suis surprise quand il me dit d'un ton qui ne laisse pas place à la discussion:

_ Je termine ma journée, je te raccompagne chez toi et tu vas faire tes affaires en emportant le strict nécessaire. Tu redescendras quand tu auras finis. On t'offre une nouvelle vie et c'est maintenant qu'elle commence.

_ Je...

     J'allais dire quelque chose mais il m'en empêche en me disant d'attendre pour le remercier. Et je ne pense pas vraiment avoir d'autres options. Je vais donc l'attendre tranquillement dans cette salle.

     C'est après quelques minutes de tranquillité à pleurer dans ses bras que je me calme. Il me dit que je peux descendre voir des amis si ça me chante. Du moment que je le préviens si je suis en retard, ça ne lui pose aucun problème.

     Je le remercie et descends en laissant mes affaires en salle 122 et en prenant mon badge pour remonter un peu plus tard dans l'après-midi sans que les surveillants m'embêtent.

     J'atterris devant le foyer et j'évite d'y entrer en entendant quelqu'un jouer du piano. Je ferme les yeux en m'adossant au mur et je respire un grand coup pour me calmer.

     Je rouvre les yeux en entendant des applaudissements et c'est Louisa qui se trouve face à moi avec Georges et Gwendal. Les deux garçons sont surpris de me voir dans cet état et c'est Georges qui me demande d'un air inquiet:

_ Quelque chose ne va pas? Tu peux nous en parler, tu sais? On est là.

_ On est tes amis, on ne te rejettera pas. Complète Gwendal.

_ Bien au contraire, on te soutiendra autant qu'on le pourra. Comme tous tes amis. Continue Louisa.

_ C'est pour votre sécurité que je ne dis rien de ce que je fais. Répondis-je dans un souffle.

     Je lève les yeux en sentant le regard dur de Christian sur moi. J'ai une promesse à tenir et je la tiendrais. Mais je refuse de perdre des amis pour ça.

     La sonnerie de 13h25 me coupe dans mes réflexions et mes trois amis s'en vont en me disant qu'ils seront patients. Mais je ne peux pas leur avouer sans autorisation au risque de me faire renvoyer de la salle...

     J'ignore ce regard perçant et me dirige au centre de documentation pour rejoindre Léa et Élise. Je vois Benoît sortir de la cage d'escaliers et il vient me voir en me disant avant que j'appuie sur la poignée:

_ Ta misophonie ne fait pas effet?

_ J'y vais seulement pour parler à deux amies. Je sors directement après.

     Il passe son chemin et j'entre dans la grande salle qui sert de centre de documentation, me dirigeant jusqu'à la table occupée par les deux personnes que je cherche.

     Mes talons claquent sur le parquet de la salle et tout le monde lève le regard dans un silence incroyablement pesant. Les yeux de Léa et Élise marquent un temps d'arrêt avant de retourner sur les fiches de révisions.

     Je me dirige donc vers elles en souriant et prend place à leur table. Je leur dis sans attendre plus de temps en vérifiant qu'aucun de mes acolytes soient là:

_ Ma situation est grave. Après les injures incessantes de mon frère, je plonge en déprime. J'ai passer trois jours à l'hosto après plusieurs malaises.

      Elles sont sous le choc et je continue malgré les mauvais souvenirs qui me hantent quand j'en parle:

_ Donc, Christian m'a dit d'attendre qu'il finisse sa journée et il me raccompagne chez moi pour que je fasse ma valise et que je parte définitivement de cet endroit atroce...

     Elles restent sans voix à cette déclaration et je sors. Si c'est pas l'hyperacousie qui me dérange dans ce silence pesant, c'est la misophonie suite aux bruits des pages tournées et les touches d'un ordinateur.

     Je passe le seuil de la porte en soupirant et je passe devant le bureau des surveillants en constatant avec joie que celui qui allait me faire descendre de force n'est pas là.

     Je monte les escaliers et j'entends quelqu'un les descendre. J'espère que c'est l'un des assistants et je presse le pas. C'est en arrivant au premier étage que je croise celui que je ne voulais pas voir.

     Il m'appelle en me voyant partir, me rattrape et me maintient au sol avec une force brute (le beau pléonasme). Il a trouver une incroyable stabilité pour me retenir sans trop d'efforts.

     Je ferme les yeux en sentant mon heure arrivée et en sentant également une troisième présence. Je ne sens plus mes bras à cause de la pression exercée sur mes épaules.

     C'est une surprise quand j'entends la voix d'Alice retentir derrière lui:

_ Redresse toi si tu ne veux pas mourir. Infâme surveillant...

     Il lui obéit, Alice m'aide à me redresser et me demande si je vais bien. J'approuve et elle demande au surveillant d'un air mauvais:

_ Pourquoi une telle haine envers elle?

_ Vous comprendrez. Elle-même ne sait pas ce qui l'attend.

     Il descend en riant et je retourne en salle 122 avec ma collègue. Je me pose pas mal de questions mais seul le temps pourra y répondre...

The Last (Ou "La Survivante")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant