Chapitre 17 - Ça ne sert à rien de lutter

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Vendredi 1 Décembre 2017
A 18h30

     Je suis en plein état de stress depuis tout à l'heure et je ne me sens pas particulièrement bien.

     On passe le portail noir charbon signant la limite entre les morts et les vivants. Alice se retient de hurler en reconnaissant une silhouette au loin. C'est donc d'un pas réticent que l'on avance vers l'endroit donner, entre les pierres tombales. C'est sous le chêne que l'on est attendu.

     Mon estomac se noue, Jean et Benoît me tiennent pour m'éviter de tomber, Alice fait son possible pour nous escorter par le chemin le plus rapide et Christian se tient prêt à nous défendre en cas de besoin. 

     On est enfin à la vue de l'inconnu et il vient nous voir. Je retiens un mouvement de recul et il me dit d'un air mauvais:

_ Le vent t'a conseiller de venir. Tu es stupide.

_ Qui es-tu pour me dire ça?

_ Ton père.

     Je me fige d'effroi, les muscles tendus, n'osant plus bouger. Je devrais être heureuse de le voir mais je suis très loin de l'être parce que je sais qu'il n'est pas là pour discuter.

     Alice s'avance vers lui et j'ai l'impression que son instinct maternel a prit le dessus. Elle l'empoigne au col et lui demande d'un air mauvais:

_ Pourquoi nous as-tu demander de venir?

_ Vous êtes les survivants de l'année du miracle, après tout. Et Hana est dans la classe maudite. Alors voyez ça comme la seule aide que vous aurez de ma part, c'est compris?

_ Une seconde. Toi aussi tu étais dans la classe maudite? Demandais-je dans un souffle.

_ Bien vu. Je suis le survivant de 1985. Je suis plus vieux que tes quatre, amis ici présent, de 11 ans.

_ Et ton conseil avisé de survivant?

_ Ne cherche pas à fuir, écoute les bavardages incessants de chacun et décèle le doute de la survie et la peur de la mort dans leur voix. Ce que tu n'entends pas, ton coeur le comprend. Le dernier jour, n'oublie pas qu'il n'en restera qu'un.

_ Moi qui pensais que tu allais nous dire comment l'éradiquer... Je me suis bien tromper, on dirait. Lui dis-je en levant les yeux au ciel.

     Mes quatre amis ne disent rien, sans doutes par peur de troubler notre conversation, mais j'en doute énormément. Alice l'a lâcher et Jean est le seul à me tenir avant que je ne tombe au sol. Ma chute serait amortie par l'herbe mais tout de même.

_ Si tu m'as dit ça, c'est parce que des signes dans la voix indiquent qui est le prochain? Demandais-je en souriant.

     D'un ensemble, Alice, Jean, Benoît et Christian se tournent vers moi, surpris par ce que je viens de dire à l'instant. C'est légèrement logique, après tout. Il sourit et me dit d'un air calme:

_ C'est exactement pour ça, oui. Je vous souhaite une bonne soirée et sois prête à ce que je te rappelle, Hana.

     Il traverse les allées de pierres tombales en lisant attentivement les noms et Christian l'arrête en lui demandant de là où il est, me portant à lui seul:

_ Savez-vous pourquoi il n'y a qu'un survivant chaque année?

_ Car le survivant est maudit... Commence-t-il.

_ Et que quelqu'un étant déjà maudit ne peut pas l'être deux fois. Terminais-je en comprenant.

_ Alors ça veux dire que... C'est toi? Me demande Jean d'un air assez surpris.

_ J'en ai bien peur. Lui répond Alice en posant sa main sur mon front.

     Elle regarde si je suis toujours fiévreuse et elle a bien raison, d'un côté. Sauf qu'elle constate que je me sens mieux. Et c'est le principal, pour elle.

     Mon père me souhaite bonne chance et s'en va en passant par le portail noir charbon. Le vent souffle visiblement fort et Benoît prend la décision que l'on doit partir et donc, retourner chez nous.

     Je me laisse porter tout le long du trajet et pour une fois, je ne m'endors pas. C'est Jean qui me retient dans la réalité en parlant de ce qu'il s'est passé.

     Je les écoute d'une oreille distraite et remarque à peine que l'on est arriver et que je suis déposer dans un lit. Une minute, un lit? Il n'y a que trois chambres et non quatre. Qu'est-ce qu'ils me cachent?

     Je reprends pieds dans la réalité et je constate que cette chambre est celle d'Alice. Je m'autorise à lâcher un soupir de soulagement et c'est Benoît qui m'apporte un plateau avec le repas de ce soir. Je le décale gentiment en lui disant que je vais me lever et aller manger dans la salle prévue pour ça.

     Ce que je fais aussitôt et je remarque que l'on m'attendait. Je retire tout du plateau, le dépose sur la table et je me sers un verre d'eau. C'est une question de Jean qui me fait avaler de travers et tousser assez fortement:

_ Pourquoi est-ce que vous ne l'avez pas laisser à son père?

_ Je serais morte depuis longtemps. J'ai tenu plus longtemps chez ma mère mais pour être franche avec vous, j'aurais préféré vivre dans l'ignorance totale de mes parents. C'est de ma faute si ils se sont séparer.

     C'est une surprise sans nom qui me fait face mais je leur donne droit à un sourire rassurant, montrant que ça fait définitivement parti du passé pour moi et que j'irais de l'avant, maintenant. Et ce, quoi qu'il puisse advenir de la situation. Néanmoins, je suis redevable à Alice pour ce qu'elle a fait.

     Elle me fait comprendre que je ne lui dois rien mais la remercie tout de même d'un regard qu'elle est la seule à pouvoir déchiffrer.

     La soirée se passe dans la bonne humeur et je finis par m'endormir sur mon classeur de révisions.

The Last (Ou "La Survivante")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant