Chapitre 33 - Bon anniversaire

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Vendredi 18 mai 2018
A 15h10

     Nous sommes en cours de français comme tous les vendredis à cette heure-ci et c'est Marjorie qui me demande l'heure. Je lui réponds que ça sonne dans dix minutes et elle devient pâle comme la mort. Je suis surprise mais je préfère vérifier par moi-même. Je lui demande de toucher la sphère blanche que je matérialise et elle le fait avec hésitation. C'est quand j'ai ma réponse que je la fais disparaître. 

     J'ai droit à un soupir de la part de ma camarade et elle me remercie de l'avoir laisser se libérer de tous ses regrets. Je lui souris et elle laisse ses larmes couler. Je passe ma main dans son dos et la prof lui demande si elle veut sortir se calmer un peu mais je refuse catégoriquement. C'est en entendant Marjorie me demander de la tuer que je me fige. Et elle insiste en me disant:

_ Fais-le, je t'en supplie.

_ Je ne peux pas tuer quelqu'un. J'en suis incapable... Répondis-je en me levant.

_ C'est pourtant ce que tu fais chaque semaine. Marmonne une camarade à côté de Ryad. 

     Je me tourne vers elle, la fusillant du regard, et m'avance d'un air menaçant. C'est quand j'arrive à sa hauteur que je l'empoigne au col et la plaque contre le mur de la salle où elle est adossée en lui disant:

_ Je ne suis pas une meurtrière! C'est la malédiction que je porte qui vous tue! Je n'y suis pour rien! C'est compris, Gwenaëlle?!

_ Oui...

     Elle m'a répondu d'un air effrayé et c'est l'entente d'une quinte de toux qui me fait tourner le regard. Marjorie est en train de s'étouffer. J'accours dans sa direction en lui tapant entre les omoplates pour la faire respirer mais c'est d'aucune utilité, à ce que je constate.

     Sa vie la quitte peu à peu dans une atroce douleur et j'ai droit à une grande surprise quand elle prononce ses derniers mots à mon oreille:

_ Tu n'as pas à t'en vouloir, tu as fait ce que tu pouvais. Continue à vivre sans regrets quand tout sera finit. C'est ma dernière volonté.

     Je pose la main sur son coeur et remarque qu'elle vient de nous quitter. C'est avec un soupir de déception que je me place entre le tableau et le bureau en disant à mes deux camarades restant:

_ J'apprécierais que l'on se quitte en bons termes quand votre tour viendra. Je trouverais ça dommage que vous partiez sans m'avoir pardonner.

_ Et si on refuse? Me demande Gwenaëlle.

_ Tu vas... Commençais-je.

_ Non seulement tu vas t'excuser pour tout à l'heure mais en plus de ça, tu vas te forcer à la pardonner. Me coupe Christian en venant à côté de moi.

     J'ai du mal à croire qu'il soit là mais je ne lui pose pas la question. Je sors dans la cour à sa demande et il me rejoint sous les questionnements de mes deux camarades restants. Aucun de nous ne parle sur le trajet menant à la salle. 

     J'entre à sa demande et c'est Jean qui vient me voir aussitôt, un paquet à la main. Il me le donne, je l'ouvre et remarque avec joie que j'ai trois livres à lire. Je le remercie et me tourne vers eux en leur adressant un sourire radieux malgré la perte d'une camarade. C'est à ma grande surprise que j'entends mes amis me dire depuis les trois portes d'entrer de ma salle:

_ Joyeux anniversaire!

     Je souris de bonheur et les remercie infiniment de me transmettre leur bonne humeur.

The Last (Ou "La Survivante")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant