Chapitre 29 - Échec et Douleur

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Vendredi 6 avril 2018
A 15h20

     Sonnerie de récréation. Enfin on est libre. Pour dix minutes mais tout de même. J'en profite pour monter à ma salle et je rassemble mes quatre amis. Ils n'attendent pas pour me rejoindre et entrent dans l'immédiat pour éviter de me faire patienter.

     Je ferme à clé de l'intérieur et me contente de faire pareil pour les portes qui passent entre les salles. Je lâche un sourire qui se veut réconfortant pour eux mais ça ne marche pas complètement. Je le sens.

     Je retire le tapis et ils sont surpris de voir que les tracés sont respectés. Benoît s'abaisse en cherchant à lire pour en comprendre la signification et je lui dis en ouvrant le tiroir de mon bureau:

_ Tu n'en comprendras pas le sens, c'est trop ancien.

_ J'espère que tu vas réussir.

     Il se relève et s'écarte du cercle. Je prends mon poignard, place la lame sur la paume de ma main gauche et tire un coup sec en ignorant la douleur. Je me place au milieu du pentacle, récitant la formule que j'ai apprise par coeur et laisse mon sang se déverser aux endroits voulus.

     Je lève les yeux en leur disant d'une voix calme sous leurs yeux émerveillés à la vue des lettres anciennes tournoyant autour de moi dans un éclat violet:

_ Je suis au point de non retour. En espérant que ça fonctionne comme prévu. Je vous remercie infiniment pour tout ce que vous avez fait.

     La lumière violette m'entoure et forme un cocon autour de moi par je ne sais quel miracle. De n'importe quelle façon que se soit, je me réveille dans la même pièce quelques minutes plus tard, à ma plus grande surprise.

     Mais ce n'est pas le plus étrange, au contraire. J'ai survécu par je ne sais quel miracle et je remarque que mon bras gauche est recouvert d'écailles.

     Alice est la première à venir vers moi et à me prendre dans ses bras de soulagement. Je demande à Benoît si il peut trouver un moyen pour cacher mon bras reptilien et il me dit qu'il n'y a aucune solution, bien malheureusement. Jean est le seul à douter pour les écailles alors il les touche d'une caresse mais se recule rapidement en sentant qu'elles sont statiques pour sa plus grande surprise. Christian, quant à lui, reste bien plus que choquer. Je me décale donc d'Alice et me tourne vers mon ami en lui disant d'un voix calme:

_ Je suis prête à être vue comme un monstre si c'est le prix qu'il me faut payer.

_ Tu n'as pas à être vue comme un monstre, tu sais? Je ne te vois pas différemment. Me répond-il sur le même ton.

     Je reçois un appel et je décroche par instinct en voyant qu'il est 15h40. C'est Yanis qui m'annonce la perte d'Amélia. J'étouffe un juron et il coupe la communication en me demandant de vite revenir en cours.

     Je range mon appareil et mes quatre amis me demandent ce qu'il s'est passer. Je leur réponds donc d'une voix brisée par le chagrin:

_ Ça n'a pas fonctionner. On a encore perdu une camarade, malheureusement.

     Les larmes ruissellent sur mes joues et s'écrasent au sol. Je m'effondre sur le parquet, en larmes, et c'est Christian qui s'abaisse à ma taille. Il me dit d'un air calme dans l'oreille droite en me caressant le dos de manière affectueuse:

_ Ne t'inquiète pas, on est là. Tout va bien se passer.

_ Alors que mon bras gauche n'a plus rien d'humain? Je ne pense pas vraiment.

     Je sèche mes sanglots et descends en les remerciant. J'ouvre la porte de la salle où je suis en cours, m'excuse pour le retard, et je remarque le corps de ma défunte camarade allongé au sol. Je soupire de soulagement en comprenant que je peux faire mes adieux et je passe ma main au dessus de son corps pour finalement la poser sur son coeur. La lumière qui s'échappe d'entre mes doigts surprends tous le monde mais je ne m'y attarde pas. C'est en regardant mon bras de reptile que je la laisse partir.

The Last (Ou "La Survivante")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant