Chapitre 27 - Esprit de 1996

15 1 0
                                    

Vendredi 23 mars 2018
A 15h30

     Notre pause est arrivée en retard car on corrigeait le bac blanc de français. J'ai eu un 14/20, ce qui n'est pas si mal en soit. Je la range bien précieusement et je sors en récréation. Enfin, en pause de dix minutes.

      Je choisis donc de monter au premier, sur la galerie, et je me place dos à la cour, complètement adosser au muret, face à la salle 123. Je reste surprise de voir Christian ouvrir la porte de la salle et me proposer d'entrer. Je lâche un sourire en entendant les murmures courant dans la pièce entre les élèves et je passe le seuil. Je ris de plaisir et de bonheur quand j'entends quelqu'un dire d'une voix forte:

_ C'est la fille de la galerie.

     Et il n'y a plus aucun bruit dans la salle. Je garde un oeil sur l'heure et je remarque que se sont des secondes quand je regarde l'emploi du temps qui est sur le bureau. Ça fait bizarre de constater qu'il n'y a pas que des premières qui m'ont donner ce surnom.

     Néanmoins, je monte les escaliers, circule entre les rangs et regarde leur cours. Je me rengorge en reconnaissant les lois de Snell-Descartes pour la réfraction et je manque de lâcher un juron. Les secondes en rient et ça me fait sourire. Je finis par leur dire d'un air radieux:

_ Je m'appelle Hana Haru. Je suis ravie de vous rencontrer, les secondes.

     J'ai droit à des sourires et je regarde Christian qui est en bas, à son bureau. Il incline légèrement la tête, signalant que je peux poursuivre mon intervention. Je continue donc en leur demandant:

_ Pourquoi m'appelez-vous comme vous l'avez fait?

_ On avait l'air de savoir ton nom avant que tu nous le dises? Me répond un élève du troisième rang sur un mauvais ton.

     Je descends les grandes marches en vitesse, attrapant son carnet au passage, et le pose sur le bureau en lui disant de façon à ce que tous entendent:

_ Le prochain qui manque de respect à un autre aura un rapport et une heure de retenue. Croyez-moi, ça fait tâche sur vos dossiers scolaires.

     J'ai droit à des approbations effrayées de la part de ses camarades et je remonte les marches de l'amphi jusqu'en haut en leur signalant que j'attends ma réponse. Une fille se lève devant moi et me répond gentiment:

_ Parce que vous lisez toujours sur la galerie au même endroit.

     Je lui souris et elle se réinstalle sans bruit. Je sens une présence supplémentaire dans la salle et je cherche d'où elle provient. Je cache mon inquiétude du mieux possible et comprends que c'est l'un des morts de 1996.

     Christian a remarquer que je cache quelque chose alors il donne des exercices à faire à la classe et me demande de le suivre en 122. J'obéis sans discuter et m'installe à une place libre. Je pose mes mains sur mes tempes et mon ami me demande d'un air inquiet:

_ Tout va bien? 

_ Oui mais une âme de 1996 est dans ta salle...

_ Sais-tu de qui il s'agit? Me demande-t-il. 

_ Non... Attends une minute. Est-ce que tu as souvenir qu'une fille dans ta classe ressentait quelque chose pour toi?

_ Une certaine Marina, oui. Pourquoi? Tu penses que c'est elle?

_ Il n'y a aucun doute. J'en suis sûre à cent pour cent.

     Il est surpris, n'ose pas répondre, et je retourne à ma salle de cours de français, les dix minutes de pauses étant passées. J'entre dans la salle, tous les regards se tournent vers moi et je remarque qu'il nous manque Roxane. Je tape du poing sur la table d'Amélia, les dents serrées, et j'ignore la douleur qui remonte dans mon bras.

     Nombreux sont ceux à être scandalisés de mon comportement mais je retourne à ma place dans le silence. C'est Geoffrey qui brise le calme pesant en me demandant sans que personne ne s'y attende:

_ Qui sera le prochain?

_ Fort probablement toi. Lui répondis-je en grinçant des dents.

The Last (Ou "La Survivante")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant