The Last (Ou "La Survivante")

Chapitre 32 - Mystère éternel

Vendredi 11 mai 2018
A 15h20

     Aujourd'hui est une journée où je n'ai pas cours alors j'en ai profité pour passer le temps dans ma salle. Surtout en sachant qu'il y a certains profs traînant dans le bahut, je suis loin d'être seule.

     A l'heure actuelle, Jean est avec moi. Soit il me surveille discrètement en même temps qu'il lit, soit il fait attention à ce que je ne fasse pas une folie.

     Quand vient ma pause, qui m'est annoncée par Benoît depuis la salle de droite, je prends mes fléchettes et les envoie sur la cible en essayant de toucher le centre. J'envoie toujours à côté du point rouge et je serre les dents sur la dernière fléchette que j'ai en main. Je lâche un léger cri de joie en la voyant se planter dans le petit cercle rouge au centre de la cible. C'est donc en souriant que je dis à mes quatre amis:

_ Fin de la pause pour moi, prévenez-moi quand on part.

     J'entends des rires venant des deux salles qui m'entourent et on est interrompus dans ce moment de joie par le proviseur qui toque à ma porte. Je lui dis alors gentiment en me calmant:

_ Hana Haru, que puis-je pour vous?

     Il me tend son portable et je le prends avec appréhension en le portant à mon oreille. J'entends des pleurs et une voix de femme de l'autre côté. C'est quand je signale que je l'écoute que l'on m'annonce le décès de Laurie. Je serre les dents, lui donne droit à mes condoléances et rends l'appareil à son propriétaire.

     Je note le détail supplémentaire et barre le nom sur la liste de la classe. Donc, à compter de lundi, nous ne serons plus que quatre en cours. C'est si peu, je trouve.

     Néanmoins, je me ressaisis et finit par dire au proviseur d'une voix calme en évitant de laisser paraître ma tristesse, ce qui me ferais bien plus de mal:

_ Malgré toutes mes tentatives pour arrêter la malédiction, je n'y suis pas parvenue. Je suis au regret de vous annoncer que l'on ne peux plus rien faire et que j'ai échouer. Pardonnez-moi.

_ C'est pas de ta faute si tu ne l'as pas anéantie. Peut-être que quelqu'un y parviendra dans les années à venir... Mais pour le moment, je te conseille de te détendre et de penser à autres choses.

     Je le remercie de sa compréhension et pousse un profond soupir quand il s'en va. Jean relève les yeux mais ne dit rien. C'est bien entendu Christian qui vient me voir et qui me dit d'une voix un peu trop calme à mon sens:

_ Je sais à quel point tu regrettes mais crois-moi, ça ne sert à rien à part oublier de vivre son bonheur.

_ Tu ne comprends pas à quel point Laurie était proche de moi. Je regrette tellement de ne pas avoir été là lors de ses dernières minutes.

     Jean sort de la salle en comprenant qu'il faudrait mieux qu'il me laisse seule avec son vieil ami et je prends une profonde inspiration. C'est quelques secondes plus tard que je lui demande d'une voix tremblante:

_ Pourquoi tiens-tu autant à moi?

_ Pour une raison qu'il m'est préférable d'ignorer. Mais tu le sauras bien assez tôt, saches-le.

     J'ai du mal à comprendre mais je n'insiste pas plus que ça si il refuse de m'en parler aujourd'hui. Sauf que je pense avoir compris son allusion sans en être sûre. Le temps me le diras bien assez tôt car toute patience finit toujours par être récompensée un jour où l'autre.

     C'est avec cette pensée en tête que je me laisse aller aux larmes dans les bras de mon ami.