1 - Epilogue

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Le colonel O'Neill se balançait d'avant en arrière sur sa chaise. Il essayait de retrouver la fin de paragraphe géniale à laquelle il pensait avant d'être dérangé par le rondier de service. Peine perdue.

O'Neill regarda sa montre. Á cette heure-ci, il aurait déjà dû être chez lui, confortablement installé devant la télévision, avec une bière... Il soupira. Le général voulait son rapport de mission pour demain, et il n'en avait même pas rédigé la moitié. Il avait horreur des rapports de mission.

Il se demanda si le capitaine de l'Arcadia faisait face aux mêmes soucis administratifs... O'Neill sourit à part lui. Harlock ne rendait de comptes à personne. Pourquoi irait-il s'embêter à rédiger des rapports ?

Le colonel revint sur sa prose.

Alors voyons... Annexe II : personnel.

Il avait déjà détaillé la chronologie des événements et laissait à Carter le soin de s'occuper de la partie technique. Il ne lui restait que l'évaluation du comportement du personnel en mission.

Il s'étira en baillant, et se balança dangereusement en arrière. Un paragraphe pour SG-1, un autre pour Norton et sa propre équipe... Ce n'était pas là le plus difficile.

Le colonel tenait surtout à souligner l'influence positive de Mel'tek. La rébellion Jaffa était déjà suffisamment fragile et suspicieuse pour qu'en plus, l'ex-primat de Ba'al soit confronté à d'éventuels soupçons émanant du SG-C. Et bien sûr, il devrait consacrer une partie de son rapport à l'équipage de l'Arcadia. Et à Harlock. En toute objectivité, évidemment.

Fichu gamin, il est à des siècles d'ici, et il trouve encore le moyen de bousiller ma soirée...

                                                  —————

Quelque part au milieu de la ceinture de Kuiper...

L'Arcadia slalomait entre les astéroïdes, apparemment sans trajectoire précise.

— Signal validé, annonça Mimee.

Le cratère d'un gros planétoïde dont l'aspect extérieur était identique à n'importe quel autre planétoïde s'ouvrit soudain, et découvrit l'entrée d'un dock spatial.

— Procédure d'accostage automatique enclenchée.

Les astéroïdes creux n'étaient pas rares dans l'espace, et nombre d'entre eux avaient été aménagés par des militaires ou de simples contrebandiers. Leur taille pouvait varier, une simple cache capable d'accueillir une poignée d'hommes et une navette, ou comme dans le cas présent, une station spatiale complexe possédant docks et ateliers de réparations. Tochiro adorait remettre en état ces refuges désaffectés, et en avait lui-même construit plusieurs. L'Arcadia pouvait bénéficier de toute une série de stations camouflées disséminées à travers la galaxie.

— Verrouillage des bras de soutènement. Fermeture du sas... Pressurisation du hangar.

Au fond du fauteuil de commandement, Harlock suivait attentivement la manœuvre tout en essayant de se fondre dans le décor. Le docteur n'était pas en vue et le capitaine ne tenait pas à ce que quelqu'un se rappelle qu'il n'aurait pas dû se trouver là.

— Les deux réacteurs sont stoppés, transmit le chef machine. Refroidissement en cours.

Harlock observa les opérateurs se détendre. Le retour avait été émaillé d'une multitude de petits incidents en machine qui avaient considérablement augmenté le stress de l'équipage. Á en croire les mécaniciens, le réacteur tribord ne tenait plus que grâce à deux ou trois boulons et une plaque de blindage soudée à la va-vite par-dessus les plus grosses fissures, ce qui n'était évidemment pas la configuration optimale pour un saut warp doublé d'un voyage temporel. Ils avaient bien mérité quelques jours de repos.

— Fin de pressurisation. L'atmosphère est respirable dans le hangar.
— Terminé barre et machine, annonça Tochiro. Quartier libre pour tout le monde...

L'ingénieur se retourna vers Harlock.

— Combien de temps est-ce que tu nous donnes ?
— Jusqu'à ce que toutes les réparations soient effectuées, répondit Harlock.

Autour d'eux, les hommes de quart éteignaient leurs consoles et échangeaient quelques plaisanteries avant de quitter la passerelle. Tous jetèrent furtivement un regard au capitaine en partant.

Effectivement, la passerelle n'était pas le meilleur endroit pour se faire oublier. À vrai dire, c'était même le premier endroit que le docteur Zero investiguait lorsqu'il le cherchait.

— Il y en a pour cinq à six jours, fit Tochiro. Les installations d'ici ne sont pas du même niveau que notre station principale, mais elles sont largement suffisantes...

L'ingénieur lui fit un sourire entendu.

— Je pense qu'on attendra le feu vert du doc pour repartir, en fait.

Harlock grogna. Il en avait déjà parlé avec Zero. Il savait que le docteur aurait aimé le garder à l'infirmerie au moins une dizaine de jours. Il savait aussi qu'il ne serait jamais capable de rester inactif aussi longtemps.

— Dès que les réparations seront terminées, répéta-t-il.

Son ami laissa échapper un soupir résigné.

— Toi, tu as comploté avec le doc... sourit Harlock.
— Je ne complote pas ! protesta Tochiro.

Harlock haussa un sourcil ironique.

— Zero m'a demandé deux semaines, avoua Tochiro.
— Il m'a dit dix jours, rétorqua Harlock.
— Dix jours. Si tu veux.
— Le temps des réparations, s'entêta le capitaine.

Il lut dans les yeux de Tochiro qu'il ne renoncerait pas, quitte à faire traîner les travaux... C'était un moindre mal. Et il comptait bien que la passion de la mécanique de son ami et son amour-propre le pousseraient à rendre l'Arcadia comme neuve au plus vite...

                                                  —————

Emeraldas parcourait les interminables coursives vides de son vaisseau, une façon pour elle de reprendre possession des lieux. Il n'y avait pas matière à s'inquiéter. Personne n'avait franchi les défenses, et seul un peu de poussière s'était déposée pendant son absence.

Elle avait quitté l'Arcadia juste avant son accostage dans l'astéroïde creux de Kuiper, bien que Tochiro lui ait proposé de rester quelque temps avec eux. Elle avait gentiment refusé son invitation.

L'équipage de l'Arcadia était réduit, mais c'était encore trop de monde. Elle avait besoin de solitude.

                                                  —————

Ailleurs, dans un ha'tak en cale sèche, des Jaffas hurlaient des ordres aux colonnes d'esclaves qui transportaient outillage et pièces de rechange. Le vaisseau-mère devait être dans un état impeccable au plus tôt, que nul ne s'avance à pointer d'éventuelles faiblesses de leur maître.

Le seigneur des lieux s'était retiré dans ses quartiers, et avait demandé à ne pas être dérangé. Des bruits traversaient parfois les parois, mais cela ne le perturbait guère. Peut-être même que les cris des esclaves fouettés pour les faire accélérer l'aideraient à reprendre ses activités habituelles...

Ba'al tournait et retournait un cube de plexiglas entre ses doigts, un projecteur holographique tridimensionnel qu'il avait dérobé sur l'Arcadia. Lorsqu'il était à bord du vaisseau pirate, il avait surpris une conversation entre le navigateur et le gnome à lunettes : les deux humains commençaient les calculs de leur voyage en sens inverse... Un voyage temporel.

Évidemment, les données qu'il avait volées étaient encore incomplètes. Mais il espérait bien qu'elles lui indiqueraient des pistes pour pouvoir suivre le même chemin...

Il sourit.

Stargate ArcadiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant